La filière de la banane antillaise ne fera pas campagne contre le bio

Publié le 02 mars 2017 par Bioaddict @bioaddict
A l'occasion du salon de l'agriculture, la filière de la banane antillaise s'est affichée comme étant "Mieux que Bio" sur le stand de l'Union des Groupements de Producteurs de Bananes de Guadeloupe et Martinique (UGPBAN). Les professionnels de la bio ont immédiatement réagi et obtenu en référé la cessation de cette campagne de communication jugée "illicite". ¤¤ Banane bio : les professionnels de la bio obtiennent en référé la cessation de la communication illicite de l'UGPBAN. Sur le même thème   Coup de coeur pour les soins de beauté bio à la banane Kadalys Pesticides : les populations et les agriculteurs ne seront pas mieux protégés Epandages de pesticides près des habitations : " Il y a souvent une pellicule jaunâtre sur la table " L'agriculture biologique peut nourrir la planète et sans l'abîmer OK
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"On pourrait se féliciter que des professionnels de l'agriculture conventionnelle cherchent à tout prix à se comparer à la filière biologique. Après tout, c'est une forme de reconnaissance pour tous ceux qui ont fait le choix exigeant de la bio dans leurs exploitations et leurs entreprises. Mais se référer à la bio en brouillant les repères comme le fait l'UGPBAN n'est pas acceptable" a déclaré le Synabio, le syndicat national des entreprises bio en France, qui a saisi le Juge des référés du Tribunal de grande instance de Paris qui a condamné le 1er mars l'UGPBAN à cesser immédiatement sa campagne de communication. (la page de la campagne est encore visible malgré la suppression du contenu sur le site www.bananeguadeloupemartinique.com/banablog).

Mais pourquoi une banane non bio ne peut pas prétendre être "mieux que bio" ? Quelles différences existe-t-il entre une banane bio et une banane non bio ? Quelles garanties pour le consommateur offre le label bio ?

1/ Une banane bio est potentiellement moins toxique pour l'environnement et la santé des consommateurs

Produire en bio suppose de respecter un cahier des charges rigoureux qui interdit en particulier les engrais et les pesticides issus de la chimie de synthèse. Seuls les moyens de la lutte biologique sont autorisés, différence fondamentale avec la production conventionnelle, en particulier dans le contexte antillais marqué par des décennies d'utilisation du chlordécone.

"Si des efforts ont été réalisés aux Antilles pour réduire les doses de pesticides, il faut certes les saluer mais ils ne sauraient permettre d'assimiler une production conventionnelle à une production certifiée en bio" souligne le Synabio.

2/ Une banane bio cultivée en dehors de la zone européenne est "vraiment" bio

"Contrairement à ce que laisse entendre l'UGPBAN, les exigences du cahier des charges de l'agriculture biologique concernent les productions européennes bio comme celles importées en provenance des pays tiers" explique le Synabio.

L'Agence bio, l'Agence française pour le développement de l'agriculture biologique, précise également : "Les consommateurs peuvent avoir toute confiance dans tous les produits portant le label Bio, quelle que soit leur provenance. En effet, pour pouvoir être vendues sous label Bio dans l'Union européenne, les bananes, comme tous les autres produits cultivés en bio dans les pays tiers doivent :
1) respecter des règles de production équivalentes à celles prévues par la règlementation européenne sur l'agriculture biologique ;
2) être soumises à des mesures de contrôle d'une efficacité équivalente à celles appliquées dans l'Union Européenne sur les produits bio."

Ainsi, on comprend mieux pourquoi le Synabio a attaqué l'UGPBAN pour cette campagne de communication "opportuniste visant à profiter de l'engouement des consommateurs pour la bio et qui détourne l'usage d'un signe officiel de qualité".

Le référé rendu hier prévoit une astreinte dans le cas où l'UGPBAN ne s'exécuterait pas. Si tel était le cas, le Synabio s'engage à utiliser cette astreinte pour soutenir les producteurs des Antilles françaises qui cherchent contre vents et marées à développer "une vraie banane bio" sur leur territoire.

Stella Giani