1374.- Après trois 10 km courus en 2016 et début 2017 depuis mon retour à la compétition, je m'essayais à passer à la distance supérieure sans sauter directement au semi-marathon. Les Foulées Charentonnaises étaient l'occasion rêvée dans le calendrier, dans le début d'année, course familiale et roulante avec tous les copains sur le 5 ou sur le 15 km. Après un 10 km réussi aux Foulées de Vincennes en 4'45" de moyenne, je visais une allure entre le 10 et le semi pour cette distance intermédiaire. Après un appel sur Fessebouc, Joanna Roma que j'avais peu croisée et que je ne connaissais pour ainsi dire que sur les réseaux sociaux s'était gentiment proposée de m'accompagner à une allure de 4'48"-4'50" au km.
Les consignes
La course commençait à 10h30 et je suis arrivé à 9h30 aux consignes en compagnie d'Estelle, ses amis Fred et Grégory et je restais à attendre mon lièvre qui était à 4 stations de métro. Je croisais Pathé Lo, Bernard Bizet, Jean-Pierre Bardera, Joel Ducrot, quel plaisir de remettre un dossard et de goûter à l'exhaltation des quelques minutes avant le départ, on parle objectif ou souhait du jour, allure cible, voire même prochaines courses ou plan d'entrainement, bref on est à fond dedans.
Certains sont enfermés dans leur concentration, d'autres au contraire les extravertis font des selfies à tout va avec tous les amis croisés au dépôt des sacs.
On s'est échauffé avec Joanna pendant 20 bonnes minutes autour du gymnase de Charenton-le-Pont pendant que les coureurs sur 5 km étaient déjà partis à 10h.
Elle est une bonne coureuse puisqu'elle court le 10 km en 42 minutes et elle vise une allure semi à 4'30" au km soit 13,33 km/h.
Cela me faisait bizarre de courir avec elle puisque nous ne nous étions jamais croisés à l'entrainement et quelquefois en course quand je prenais des photos à son passage en quelques secondes.
Alex son mari est un très bon photographe et avant la saison de courses cyclistes de leur fils, il était venu pour prendre des clichés des 15 km.
Le départ - Les 5 premiers kilomètres
4'35 / 4'51 / 4'30 / 4'56 / 4'43 soit 23'35
A deux minutes du départ, je termine mes lignes droites et avec Joanna nous nous sommes placés dans le peloton mais par l'arrière, nous nous sommes trouvés loin derrière la ligne de départ. Le coup de feu retentissa et alors que les premiers partirent à plus de 22 km/h, nous étions encore en train de piétiner pour rejoindre le premier tapis de chronométrage de Top Chrono.
Et c'était parti ! Malheureusement la foule était bien compacte et nous avons dû zigzaguer et dépasser de nombreux coureurs.
Le premier kilomètre a été un peu intense et je sens que nous étions au-dessus de l'allure cible pour toute la course, en effet puisque nous avons passé la première borne en 4'35, un peu trop rapide comme entame de course et je savais que j'allais le payer sur la dernière partie de course.
L'allure a été plus sereine 4'51 ensuite pour reprendre de plus belle et nous passons le 3ème en 4'30, Joanna me disait alors que nous allions rester sur une allure plus supportable et je me sentais bien.
Nous avons terminé les 5 premiers kilomètres en 23'35 avec une moyenne bien inférieure à la cible, on dit souvent que les secondes gagnées sur la première moitié par rapport à l'allure déterminée à l'avance sont des minutes perdues sur la seconde.
Milieu de course
4'53 / 4'47 / 4'54 / 4'50 / 5'02 soit 24'26
Nous terminions la première boucle retour vers Charenton quand Joanna commençait à me parler de plus en plus, elle me disait de faire des mouvements des bras, avoir une foulée légère, bien respirer pour vider mes poumons, une vraie coach !
J'étais déjà dans le dur et au niveau des sensations j'étais plus sur une allure 10 km avec 5 km en plus que sur un semi-marathon où on est censé être plus cool.
C'était intense mais quel plaisir, je retrouvais Vincent Egloff avec qui j'étais parti en vacances et qui avait du mal, il me demandait : "Ah Giao, ça va ?", je répliquais aussitôt : "Non ça va pas, j'ai du mal"
Joanna me disait alors : "Arrête de regarder ta montre, je m'en occupe, ça va aller !"
Heureusement qu'elle était là, j'étais à deux doigts de craquer. Quand on est tranquillement assis derrière son pécé, cela peut prêter à rire mais dans le feu de l'action quand on sent que son coeur est haut et que l'on est bien au-delà du taquet, c'est une autre paire de manches.
Quand nous sommes passés au 10 km, je pensais que nous étions à 12 km, ce fut la tempête dans mon crâne.
Dernier 5000 mètres
5'13 / 5'11 / 5'19 / 5'12 / 4'12 soit 25'07
Joanna me demandait : "tu veux manger quelque chose, tu en as ? alors vas-y alimente-toi !" J'obtempérais avec mon 2ème gel Aptonia, agréable puisque liquide et qui ne collait pas aux doigts. Je rangeais soigneusement l'étui vide dans ma poche à côté du premier que j'avais avalé après les 5 premiers kilos. Il fallait un petit temps d'assimilation avant qu'il prenne effet à moins que c'était plus psychologique qu'autre chose.
Joanna me disait que c'était beaucoup dans la tête et elle avait raison, si elle n'avait pas été présente ce jour-là, j'aurais bien levé le pied et fait quelques centaines de mètres en allure footing avant de repartir un peu plus fort mais quand une personne a la gentillesse de faire lièvre, se lever tôt et courir en deçà de ses capacités réelles, ce n'est pas pour se la couler douce et lâcher l'affaire.
Et puis je repensais à mon amour, Amandine qui attendait un petit bébé, cette pensée joyeuse et heureuse me transporta et j'oubliais instantanément la douleur et le cardio qui s'emballait. Je recollais à Joanna. Elle me disait alors : "C'est bien, tu reviens !"
En fait je ne revenais pas du tout puisque j'étais à 5'01 de moyenne mais après les 10 premier km intenses, même si on a les sensations d'être à bloc on peut être bien en-dessous de l'allure cible.
Mais je ne lâchais rien et c'était mon taquet à moi, ma volonté de ne pas lever le pied et terminer la course sans faillir.
Je croisais Mano et Giao qui nous encourageaient à tout rompre ainsi qu'Alex le mari de Joanna et Cassandre qui nous prenaient en photo à un endroit stratégique bien déterminé.
Au 12 km il ne me restait plus que 3000 mètres et je recollais plutôt bien avec une Joanna qui ne cessait de m'encourager de plus belle.
Joanna ne finissait pas de me pousser et à bouger les bras, me sentir léger et je répondais "Oui Jo j'y vais, je te suis Jo"
Dernier 1000 en vue ce n'était que du bonheur avec un dernier coup de cul sur un faux plat légèrement montant et le dernier virage avant de recroiser les amis.
J'ai savouré le dernier 1000 et je me suis senti transporté et j'étais si reconnaissant envers Joanna que l'on est tombés dans les bras l'un de l'autre et que je lui ai dit comme je le redis maintenant un grand MERCI JO !