Après une première incursion dans l’univers X-Men – par le biais du personnage de Wolverine – en 2013, le réalisateur/scénariste James Mangold remet le couvert cette année avec Logan, un blockbuster intimiste offrant à Hugh Jackman un dernier baroud d’honneur dans la peau du célèbre mutant griffu.
Disons-le tout de suite, Logan est sans conteste le meilleur film consacré à Wolverine. Vu le niveau des autres longs-métrages, c’est évidemment loin d’être un exploit. Mais compte tenu du degré de satisfaction finale, et surtout de l’ambition générale du projet, c’est franchement une belle réussite. Plus sombre et réaliste que les volets précédents, le film séduit de prime abord par son approche visuelle singulière, qui tranche nettement avec le style aseptisé habituel. Non seulement l’environnement poussiéreux et crépusculaire est parfaitement retranscrit à l’écran, mais la photographie offre aussi des plans somptueux, faisant parfois penser à des productions indépendantes. Une singularité qui s’exprime également dans le scénario puisque le film n’hésite pas à développer en profondeur les personnages (en tout cas les principaux protagonistes), se laissant souvent aller à des scènes intimistes riches en émotion. Une combinaison fond/forme attrayante qui confère au long-métrage une vraie personnalité, et qui le distingue nettement dans la masse de productions super-héroïques formatées – type Marvel – auxquelles on a droit depuis plusieurs années.
Pour autant, Logan n’en oublie pas non plus l’action, délivrant quelques séquences originales et superbement maîtrisées. J’en veux pour preuve la première grande baston dans la ferme mexicaine ou l’étonnant affrontement dans l’hôtel américain. Débarrassé de sa classification grand public, qui l’empêchait d’exprimer toute la violence de Wolverine, le film rend enfin hommage au personnage, dans tout ce qu’il a de plus brutal et cynique. Un personnage vieillissant et épuisé dans la peau duquel Hugh Jackman n’a jamais été aussi convaincant, et même touchant par instants. A ses côtés, Patrick Stewart se montre également à son aise dans un registre comico-dramatique qui lui convient à merveille. Malgré tout, c’est surtout ici Dafne Keen qui marque les esprits. Pour son tout premier rôle au cinéma, la jeune actrice crève littéralement l’écran. Aussi bon soit-il, le film n’est toutefois pas sans défaut. On regrettera ainsi les quelques ficelles et incohérences, notamment temporelles, qui jalonnent le récit, le dernier acte convenu, ainsi que l’écriture assez désastreuse du méchant interprété par Boyd Holdbrook. Si l’enchaînement des événements est intéressant dans l’optique de développer le héros, et les enjeux qui l’entourent, on a aussi trop souvent l’impression d’assister à des concours de circonstances factices.En définitive, Logan s’impose donc comme un blockbuster intimiste, une sorte de western crépusculaire violent et divertissant. Pas exempt de défauts, le long-métrage offre néanmoins à Hugh Jackman une conclusion émouvante dans la peau du plus célèbre des mutants. Sans contestation le meilleur film solo de Wolverine, de très loin !