2008 sera t-elle l'année du sport russe ? C'est bien parti pour. Les deux sports collectifs rois dans l'ancienne Union
soviétique nous offrent en effet cette saison une inattendue cure de jouvence. Du temps où les maillots rouges des équipes nationales de la "Mère Russie" constituaient l'unique tache de couleur
dans l'univers désespérément gris du défunt bloc de l'Est…
Les hockeyeurs ont ouvert la voie en mai au Québec. Le talent de la jeune garde rouge réussissait à déjouer les pièges d'un
arbitrage à domicile - un euphémisme…- pour battre sur le fil (5-4) les Canadiens en finale des championnats du monde. La glace slave retrouvait ses héros, vingt ans après la K-L-M, ligne
d'attaque légendaire associant Kroutov, Larionov et Makarov, qui étaient dans les années 1980 aux patinoires ce que les SS20 étaient à la géostratégie.
En Autriche, pays aux premières loges lors de la Guerre froide, les footballeurs russes semblent décidés à leur emboîter le pas. Les
coéquipiers d'Archavine jouent peut-être trop bien pour aller au bout de leurs rêves dans ce championnat d'Europe, n'empêche… Ils resteront quoiqu'il arrive la bonne surprise d'une compétition
par ailleurs plutôt terne.
En pratiquant un jeu audacieux, où les talents individuels s'épanouissent au service du collectif, ils redonneraient presque le
sourire aux vieux vendeurs de L'Humanité Dimanche, qui ont remisé leurs espoirs de "lendemains qui chantent" quelque part entre l'intégrale des Chanteurs de l'Armée rouge et leurs 33
tours de Jean Ferrat. Tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents communistes pourrait-on dire en reprenant le titre d'un film célèbre. Ça reste à prouver. Mais on peut
bien s'offrir un coup de nostalgie sportive camarade, ça ne mange pas de pain. D'autant que les Lev Yachine, Rinat Dassaev et consorts restent, avec ses cosmonautes triomphants, l'un des rares
bons souvenirs offerts par l'URSS…