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Fureur de vivre, jusqu’à la mort

Par Balndorn
Fureur de vivre, jusqu’à la mort
« One-last time ». Hugh Jackman avait prévenu avant de signer pour reprendre son rôle de Wolverine : Logan serait le feu d’artifice qui clôturerait le cycle consacré au plus violent des X-Men.
Brutal, corrosif, bourré de vie et de mort, Logansurclasse avec puissance l’ensemble des dernières productions X-Men et Marvel et s’impose comme un nouvel et génial avatar des westerns hollywoodiens.  

« Les gens que j’aime s’en prennent toujours plein la gueule »  
Dans ce dernier volet, Logan peut enfin parler crûment. Débarrassé de tous les discours sur sa prétendue bestialité qui saturaient, malgré leur pertinence, les deux précédents films (X-Men Origins : Wolverine, Gavin Hood, 2009 ; Wolverine : Le Combat de l’immortel, James Mangold, 2013), l’anti-super-héros fait étalage de toute la violence qui l’habite. Et, au cœur du chaos parmi lequel il vit depuis près de deux cents ans, maudit par son immortalité, se découvre une tendresse qui n’arrive pas à se dire, une compassion sincère pour des êtres aimés que la violence qui suit ses pas finit fatalement par frapper.  
Plus que jamais dans les productions super-héroïques, la mise en scène accepte la maturité. James Mangold réussit avec brio à donner à un blockbuster un air indépendant, au défi de la pudibonderie du genre. La caméra ne cherche plus à dissimuler la violence des personnages derrière des costumes ou des coupes dans les combats, mais expose, plein cadre, des corps lacérés, des membres déchirés, des têtes arrachées. Sans pour autant verser dans une vacuité adolescente du gore, comme Deadpool (Tim Miller, 2016) s’y est fourvoyé.  
Dans Logan, les personnages parlant peu, leur manière de combattre, véritable exutoire de leurs passions refoulées, sert d’expression. Dafne Keen, la très jeune actrice qui joue Laura, jeune mutante que le vieux Wolverine est chargé de « protéger » avant de se rendre compte qu’elle se défend très bien toute seule, accomplit une extraordinaire performance : muette pendant presque tout le film, elle canalise la rage qui habite son personnage dans ses regards cinglants, ses cris bestiaux et ses griffes mortelles.   Surhomme nietzschéen, qui ne vit que dans l’excès et le dépassement absolu des normes sociales.
À la vie à l’avenir  
Le personnage de Laura est emblématique du coup de force que représente Logan. Indépendante et farouche, alors qu’elle n’a qu’à peine dix ans, la mutante s’affranchit sans remords du cliché de la jeune fille qu’un homme viril, dont Wolverine est l’archétype, doit protéger. D’un revers de la main elle balaye le discours de bien-pensance dont souffre souvent la saga X-Men, pour n’en conserver que la fière revendication de vivre pleinement, quitte à en mourir.  
Si Logan tourne en roue libre pendant plus de deux heures, format canonique des productions Marvel, c’est aussi parce qu’il se détache de toute référence à l’univers super-héroïque. Ou plutôt, celui-ci est l’objet d’un humour corrosif : la figure bienveillante et paternaliste du professeur Xavier (Patrick Stewart), à présent nonagénaire, s’enfonce dans des crises de sénilité qui déconstruisent son aura prophétique, en même temps qu’elles rendent le personnage plus humain. Il en va de même des comics X-Men que lisent les enfants mutants : jugés fantaisistes et puérils par Wolverine, ils sont relégués dans un passé mythologique duquel Loganse détourne.
Tourné vers l’avenir, aussi incertain soit-il, le film de James Mangold se déleste de toute nostalgie pour s’abandonner avec bonheur au road-movie et au western. Fuite en avant ou quête de soi-même, Logan explore, dans un mélange d’hédonisme et de brutalité, la jouissance excessive du présent. Et, dans ce présent continu, invente une morale du guerrier, tirée d’un vieux western que Laura découvre à la télévision avec Charles Xavier : « Tuer, c’est se mettre hors-la-vie ».  
Alors autant vivre cette non-vie jusqu’à s’y détruire en beauté. 
   Fureur de vivre, jusqu’à la mort  
Logan, de James Mangold, 2017
Maxime

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