Deuxième livre publié par Virginia Woolf, elle a 37 ans. Angleterre début du 20ème.
Cela ressemble à du Jane Austen. Temps suspendu, événements infimes, femmes supérieures, personnages excentriques, familles nombreuses, manoirs de campagne que l'on n'a plus les moyens d'entretenir. Mais, ce qui intéresse Virginia Woolf, me semble-t-il, est de comprendre comment l'ordre sort du chaos. Ici, comment cinq personnages vont finir par former deux couples et un projet de carrière. Et comment, ce faisant, ils vont découvrir qui ils sont et ce qu'ils aiment. Et ce en respectant les conventions sociales. C'est un processus d'essais / erreurs. On engage sa vie sur une impulsion, rarement rationnelle. Puis on découvre que l'on a fait une grosse bêtise. C'est un cherchant la marche arrière qu'une nouvelle idée de combinaison surgit. On ne réussit pas seul à ce jeu. Au contraire. Rien n'est possible sans l'action de la société. Le succès dépend généralement d'une intervention inattendue et spontanée de la personne pour laquelle, parfois, on avait le moins de considérations. Car le changement est une question de cœur. La raison est trompeuse. Et, justement, on sait que l'on a trouvé celui qui vous est destiné, s'il perçoit la signification profonde de vos bizarreries.
Le monde de Virginia Woolf n'est pas celui de bruit et de fureur de Shakespeare ou le chaos "créatif" des théories du management. Ce n'est pas non plus l'unique bonne voie montrée par la raison des Lumières et des théories économiques "modernes". C'est une jungle inconnue que l'homme parviendrait à comprendre et à aimer. Et dont il ferait un Eden.