Ces neuroscientifiques du Champalimaud Centre for the Unknown (Lisbone, Portugal) montrent chez l'animal, les différentes implications possibles de la sérotonine dans la motivation.
Pics de sérotonine, l'effet démotivation à court terme : il est complexe d'étudier le mécanisme biologique sous-jacent à l'action de la sérotonine, cela nécessite des moyens rapides et spécifiques pour stimuler la libération de ce neurotransmetteur dans le cerveau tout en pouvant observer le comportement. Ici, grâce à l'optogénétique, qui utilise la lumière pour activer ou calmer les neurones les chercheurs ont pu observer l'impact de la sérotonine sur le comportement des animaux : l'équipe a stimulé la libération de sérotonine des neurones dans les noyaux de raphé, induit des " pics " de sérotonine en stimulant ces neurones avec des impulsions de lumière. Les souris, placées dans une boîte, étaient libres d'explorer leur environnement. Dans ces conditions, leur comportement est normalement de se promener, de faire leur toiletter, de creuser des trous ou de rester relativement immobile, mais toujours en alerte. En cas de pic de sérotonine,
-les souris réduisent leur vitesse de déplacement d'environ 50%.
-La stimulation des neurones produisant de la sérotonine n'affecte pas les autres comportements.
-L'effet sur la vitesse motrice est presque instantané (réduction de vitesse constatée 1 seconde après la stimulation) et transitoire avec un comportement moteur revenant à la normale 5 secondes après la stimulation.
-Mais pendant cette courte période de temps, les animaux se comportent comme s'ils n'étaient pas motivés.
Cependant cet effet démotivation intervient uniquement en cas de tâche non impliquante : la vitesse motrice n'est en effet affectée que lorsque les animaux ne sont pas en train d'effectuer une tâche particulièrement engageante au moment de la stimulation. Ainsi, la stimulation n'a aucun effet si l'animal est déjà engagé dans une tâche spécifique telle que courir pour obtenir une récompense.
Niveaux élevés de sérotonine à long terme, l'effet motivation : les chercheurs ont également regardé l'effet d'une stimulation régulière et à long terme, en stimulant les souris tous les jours durant 24 jours. Si chaque stimulation réduit encore de façon transitoire la vitesse motrice (ou la motivation), la vitesse motrice globale augmente progressivement. 3 semaines de stimulation entraînent une hausse de 30% à 40% de la vitesse motrice. Ainsi, la stimulation à long terme déclenche plus d'activité donc plus de motivation.
L'explication des effets et du délai d'action des ISRS sur la dépression : l'excès de sérotonine atténue les symptômes de la dépression : en effet ce second effet associé à l'augmentation à long terme des taux de sérotonine dans le cerveau explique non seulement les effets des ISRS mais aussi pourquoi les ISRS prennent environ 3 semaines pour avoir un effet sur les symptômes dépressifs.
2017;6:e20975 February 14, 2017 DOI: 10.7554/eLife.20975 Transient inhibition and long-term facilitation of locomotion by phasic optogenetic activation of serotonin neurons (Visuel@Gil Costa)