On retrouve la notice d’une caméra qui n’est pas encore sortie dans le commerce dans une tombe inviolée depuis deux mille ans, en Palestine. Et qu’est-ce qui se passait il y a deux mille ans, en Palestine ? Bref, on en déduit qu’il y a eu voyage dans le temps, un type qui avait envoie de voir tout ça de plus près. Et on poursuit la déduction : on est en train de lire un livre de science-fiction. Ça se tient. D'ailleurs on l’a bien cherché, puisqu’on ne pouvait faire abstraction du titre racoleur et un peu minable, de la quatrième de couverture ou pire, comme c’est mon cas, parce qu’on avait déjà fouiné dans le territoire de cet auteur de science-fiction allemande (obligé d’admettre que ça existe en réalité). Seulement voilà on fait appel à un auteur de science-fiction pour résoudre l’énigme : comment cette caméra a-t-elle pu arriver là. Comment trouver une explication plausible, réaliste, à cette étrangeté ? C’est bien le boulot d’un auteur de science-fiction, non ? Le problème c’est que l’auteur en question ne croit pas du tout à la possibilité des voyages dans le temps, et que s’il pond effectivement des raisonnements à n’en plus finir, ils ne vont pas forcément dans le bon sens. Alors on m’aurait menti ? Et je me mets, avec le personnage, à chercher où l’auteur (le vrai) peut bien chercher à m’emmener). Bref encore une fois on m’a trompé et on m’oblige à me triturer les trois méninges qui me restent ? C’est cruel. Surtout qu’à part ça le roman pourrait très bien être un best seller : une intrigue religioso-métaphysico-policière, avec un vrai patron américain et imposant dedans. Il y a même une histoire d’amour, entre, comme il ce doit, un jeune homme super brillant et une jeune femme dont la beauté me couperait certainement le souffle (tu vois le genre – comment faire un bon livre avec des machins pareils ?). Bref qu’est-ce que je fais là, et pourquoi je ne peux pas sortir, pourquoi je ne veux pas sortir ? Moi je passais juste par là, me taper un petit bouquin de SF (allemand il est vrai) et me voilà purement et simplement aspirer dans un frileur (c’est ce qu’annonce la quatrième de couverture) dont je ne peux pas me libérer même s’il pèse 600 pages et que mon patron (cette pourriture) m’oblige à me trimbaler chargé pire que la mule que je suis en réalité. En le lisant me reviens à l’esprit ma lecture de Shining, qui m’avait avait pris possession de mon esprit au grand damne de mon patron d’alors, qui m’ordonnais de laisser ça et de tondre la putain de pelouse – désolé pour ce souvenir miteux). Il m’énerve ce suspense (une torture), cette façon de toujours tourner autour du pot d’écrire pour ne rien dire et tout promettre mais putain c’est bon.
En lisant Jesus Video, de Andreas Eschbach.