Je ne sais plus si j’ai vu le visage avant les poèmes, le nom avant les textes, la fiche de désastre avant les sommaires mais je sais que la photo, celle aux allures d’archives policières, la nécrologique, elle ne s’y prend pas à deux fois pour rendre le portrait d’un cœur dans son cadavre d’amour. On voit la scène du visage qui reflue, les ferrailles vernissées de pluie et les crevasses d’un ravin, la carrière dynamitée du crâne, et on sait que ça va tomber dru. On se dit qu’on aurait dû y aller comme ça, aussi droitement, en refusant de passer outre la tristesse infinie. Et là, on apprend qu’à la beauté de l’art tournoyant comme une ronde de prisonniers répond la tristesse du Grand Art. Ce visage d’averse enfermée nous dit que jamais l’abîme ne saura s’adresser au voisin ni taper sur l’épaule de personne. La terreur de cette vie ruinée à la base n’est pas d’une cause comme elle serait d’un pays, elle vient de l’infini et de sa monture noire cravachée.