Titre : Muraqqa’, T1 : Vêtue par le Ciel
Scénariste : Emilio Ruiz
Dessinateur : Ana Mirallès
Parution : Novembre 2011
« Muraqqa’ » est une série prévue en quatre tomes qui met en scène Priti, une femme peintre qui découvre le harem du roi moghol Jahangir au XVIIème siècle. Son rôle est particulier : elle doit créer un muraqqa sur la vie au harem, sorte de livre d’illustrations diverses que seule une femme peut produire. Le tout est scénarisé par Emilio Ruiz, dont je ne connaissais jusqu’alors pas le travail, et dessiné par Ana Mirallès, qui officie également sur la série à succès « Djinn ».
Un premier tome trop didactique.
Ce premier tome reste avant tout une introduction. On nous présente la vie au harem, les différents personnages (eunuques, empereur, impératrice, prince, etc.) et les tensions entre eux. À la fermeture de l’ouvrage, on comprend bien quels enjeux vont se jouer dans la suite, même si le rôle de Priti est encore bien vague. Il est cependant dommage que l’intrigue n’avance pas plus vite. Beaucoup trop didactique, ce tome donne des informations sur la vie du harem de façon un peu maladroite. Plutôt que d’intégrer les éléments dans une histoire, Emilio Ruiz utilise une vieille femme qui guide Priti en lui expliquant comment tout fonctionne. Par la suite, de nombreuses scènes tombent un peu comme un cheveu sur la soupe, destinée avant tout à nous renseigner sur certains faits. Clairement, la narration est encore bien maladroite.
Ana Mirallès avait démontré sa capacité à dessiner des corps dans « Djinn », la voilà qui récidive dans « Muraqqa’ ». Les femmes sont tantôt dénudées, peu vêtues ou munies de nombreux voilages. Un plaisir pour les yeux ! Cependant, certaines scènes m’ont parue plus pauvres en détails que les autres. Une certaine forme d’inégale qualité dans les décors notamment… De même, beaucoup de personnages sont très graves, ce qui rend le tout austère par moment malgré les belles couleurs de l’ensemble. Certes, cela fait partie de l’histoire, mais tous les visages fermés finissent par gâcher un peu l’expressivité. Cependant, l’intrigue ayant à peine démarré, cela peut encore beaucoup évoluer.
Je ne peux bien sûr m’empêcher de comparer « Muraqqa’ » à « Djinn ». La parenté est tellement évidente qu’elle est un véritable boulet pour cette nouvelle série. Les deux séries sont dessinées par Ana Mirallès et traitent du harem. Le problème est que « Muraqqa’ » arrive en deuxième et n’a clairement pas les qualités narratives de « Djinn ». Là où Jean Dufaux mêlaient deux histoires en parallèle et amenant la vie du harem par petits bouts, « Muraqqa’ » accouche d’un premier tome très didactique.
« Muraqqa’ » ne m’a donc pas séduit plus que ça. C’est une bande-dessinée sympathique mais encore un peu laborieuse. Je l’ai découverte avec plaisir. Cependant, certaines bonnes idées et les premiers jalons d’une intrigue politico-familiale sont en place et pourront accoucher d’une série agréable. Reste à trouver un souffle un peu plus épique. Cependant, le rôle de Priti aura à jouer est encore actuellement très obscur. Qui sait, peut-être que la suite nous réservera des surprises !