Chez les chimpanzés, on a coutume d’organiser une campagne électorale. Pendant quelques jours, le candidat devra démontrer ses capacités de visionnaire (anticiper les dangers de la troupe), ses capacités à se faire aimer (prêter main forte » à sa tribu, protéger les petits…), mais aussi à imposer son autorité : savoir arbitrer les conflits internes, s’imposer face aux autres candidats en montrant qu’il n’a pas peur…
Depuis que François Mitterrand a disparu, aucun chef n’a réussi réellement à s’imposer au sein du parti socialiste. Le poste est vacant. Pas étonnant que cette tribu, en quête d’identité et aux contours flous n’ait jamais réussi depuis, à ravir la couronne nationale. Et se contente d’occuper les strapontins locaux. Parce que dans les territoires municipaux et régionaux, des chefs, des vrais, il y en a, on peut donc voter pour eux.
Chez les éléphants du parti socialiste, les règles primates ont donc visiblement été bafouées.
D’abord les modes de sélection des candidats n’ont pas permis de faire sortir un candidat cumulant (non pas de multiples fonctions politiques) mais les multiples qualités qui caractérisent un bon chef. Aucun candidat n’a réussi à prouver qu’il était à la fois capable de séduire et en même temps d’imposer le respect. Certains jouent uniquement sur le registre de l’autorité voire de l’intimidation (feu Jospin, Fabius, DSK… ). Quand l’un parvient à faire preuve à la fois d’autorité et de séduction comme Ségolène Royal, il lui manque la vision et surtout un bon réseau d’alliés.
C’est vrai qu’il y a comme un hic à la base : selon les règles des partis politiques, le chef du parti est à priori le mieux placé pour être président. Si François Hollande porte les habits du chef, il flotte dedans. Quand le Premier Secrétaire n’a pas la carrure de chef, cela pose un problème.
Car alors, pour parvenir au pouvoir, il faut que les candidats commencent par se débarrasser du chef « légitime ». Chez les singes, le manque de popularité et d’autorité aurait déjà signé son arrêt de mort social, mais pas chez les éléphants roses. Du coup, la route est loin d’être dégagée pour les postulants à la couronne. Il leur faut encore patienter.
Autre règle du jeu bafouée : chez les chimpanzés, quand un candidat perd « les élections », il se range le plus souvent derrière le chef élu, il peut être nommé numéro 2 ou disparaître carrément (il y en a même qui meurent).
Chez les socialistes, les candidats malheureux, parfois multirécidivistes (Fabius…) ne renoncent jamais et continuent à défier le candidat le mieux placé. Ce qui fait que le parti comptera bientôt plus de chefs potentiels que de militants !
Et surtout, visiblement les éléphants roses, n’ont toujours pas compris les vertus des coalitions de primates.
Chez les chimpanzés, on organise des alliances parfois même avec l’ennemi d’hier, dans le but d’être plus fort et de conquérir le pouvoir. Chez les socialistes, chaque prétendant à la couronne se bat seul contre tous les autres, et quand ils osent nouer une alliance, celle-ci ne résiste guère longtemps…pas même les alliances conjugales ! Si Ségolène Royal avait réussi à nouer une alliance durable avec DSK ou Fabius, peut-être que le parti aurait déjà trouvé son chef. Mais non, les éléphants mâles n’ont pas supporté d’être dirigés par une femelle, il faut dire que contrairement à certaines sociétés de singes, les partis politiques sont des organisations patriarcales !
Nos éléphants roses feraient bien de crapahuter dans les arbres avec les grands singes pour y réviser les règles élémentaires de conquête du pouvoir !