Cet exercice de transparence, dont on aimerait qu’il soit généralisé à tous
les candidats à l’élection présidentielle, a au moins un mérite, celui
d’exposer clairement les fondamentaux idéologiques de Mélenchon et de ses
conseillers.
Son mirobolant programme repose essentiellement sur l'idée qu'il suffit
d'injecter des centaines de milliards (100 milliards d’entrée + 173 milliards
sur 5 ans) dans l'économie et plus précisément dans le pouvoir d'achat des
français, pour que tout s’enchaine dans un magnifique cercle vertueux jusqu’à
que l’économie française atteigne un nouvel et plantureux âge d’or.
Le processus est pourtant si simple que l’on se demande pourquoi on n’y a
pas pensé avant !
On distribue du pouvoir d’achat à travers moult mesures sociales et une
hausse significative des salaires, armé de tous ces sous les français se
précipitent pour acheter des biens et des services aux entreprises qui devant
l’afflux de demandes se précipitent pour embaucher à tout va des employés
d’autant plus grassement payés que le SMIC a été substantiellement augmenté.
Les revenus et les achats augmentent ce qui automatiquement provoque une hausse
des recettes fiscales. Ces recettes fiscales aidées d’une hausse des
prélèvements obligatoires (44 milliards) et d’une lutte extrêmement efficace
contre l’évasion fiscale (33 milliards), permettent de financer ces largesses
et même de réduire les déficits publics et l’endettement. Si en plus on y
ajoute une bonne dose d’inflation (4% « espérés » en fin de mandat)
qui mécaniquement augmente encore un peu plus les recettes, on nage dans un
bonheur quasi extatique !
Avec son projet, Mélenchon nous fait donc la promesse merveilleuse d’un taux
de croissance de 2% par an (vs 1,1%), d’un chômage ramené à 6% (vs 10%), d’un
déficit public réduit à 2,5% (vs 3,5%), d’un taux d’endettement à 87% (vs 96%)
et tout cela dans la joie et la bonne humeur de français qui auront vu leur
salaire augmenter de manière substantielle et l’âge de départ à la retraite
ramené à 60 ans.
Si avec tout ça il ne récolte pas 70% des voix au premier tour, c’est à ne
rien y comprendre !
Sans vouloir faire le rabat-joie, j’aurais quand même quelques légères
objections à formuler.
On est ici, dans une relance de type keynésienne de la plus belle facture
qui ne se distingue de ce qui est fait depuis 40 ans en France que par
l’ampleur des sommes (empruntées) en jeu.
Tordons le cou de cette fable consistant à prétendre qu’il y a eu une
« austérité » en France !
Cela fait très longtemps, qu’en France, on mène des politiques de soutien à
la demande au détriment de l’offre (déficit chronique et croissant, hausse de
l’endettement privé, partage du revenu en faveur des salaires). La France
continue à vivre sur un modèle essentiellement basé sur des dépenses sociales,
(dont les retraites), très élevées, financées par des impôts très élevés sur
les entreprises. Le tout, sans assurer sa solvabilité budgétaire puisqu’elle
est en déficit permanent depuis 40 ans.
Résultat, on a droit depuis des décennies à un chômage de masse, au recul
des gains de productivité, à l’insuffisance de la modernisation du capital
faute d’investissement et à la détérioration de notre balance du commerce
extérieur !!!
Une des principales raisons c’est que toute progression de la demande
conduit surtout à une hausse des importations, tout simplement parce que
l’appareil productif français n’est pas (ou plus) capable d’y
répondre.
Des études sur la période 2014-2016 ont montré que la stimulation de la
demande profite essentiellement au Japon, à la Chine, aux pays d’Europe
centrale et à l’Espagne, pays d’où viennent les importations déclenchées par la
stimulation de la demande en France.
A partir de là, on comprend bien que c’est toute la construction de
Mélenchon qui s’écroule lamentablement.
En commettant de manière amplifiée les erreurs commises depuis 30 ans, les
solutions Mélenchon conduiraient immanquablement, dans une sorte de fuite en
avant suicidaire, à un repli de la France sur elle-même, sur ses frontières et
sur sa monnaie largement défraichie.
La dette explosera, le déficit du commerce extérieur idem, le peu qui nous
reste d’industrie coulera, définitivement plombée par les nouvelles charges et
les contraintes « sociales » en tous genres (autorisation préalable
de licenciement, baisse de la durée du travail, retraite à 60 ans…),
l’inflation galopera et les dévaluations se succéderont.
Le remède de cheval que Mélenchon veut appliquer à la France ne pourra donc qu’achever le malade France au détriment, en premier lieu, de tous les gens modestes dont il s’est auto-proclamé le héraut ! ….Tiens, ça me rappelle étrangement ce qui est arrivé au Venezuela de feu Chavez auquel ce même Mélenchon vouait une admiration sans borne !