Dans un livre passionnant, la grande actrice, et aussi interprète de la chanson, comme l’on sait, Jeanne Moreau, a donné son analyse et ses choix dans les chansons d’amour. Je vous propose une petit détour dans cette courte et intéressante analyse différente :
L’amour a peur du temps qui fuit.
Il aimerait pouvoir durer, il a besoin des « encore », des « jamais », des « toujours ».
Il chante les « hier », les « demain », il cherche à « se souvenir », à « revenir », à « retenir » :
« Tu vois je n’ai pas oublié la chanson que tu me chantais » (les feuilles mortes)
Quand il doute, il oublie et recommence :
« Balayées les amours, Et tous leurs trémolos, Balayées pour toujours, je repars à zéro » (Non, je ne regrette rien)
La chanson d’amour peut être poème, hymne, rengaine, mélodie ; elle fait jouer tous les instruments : violon, accordéon, piano, guitare ; elle évoque aussi des musiques de danse : valse, rumba, tango, java.
« C’est la java bleue, la java la plus belle, celle qui ensorcelle, et que l’on danse les yeux dans les yeux » (la java bleue)
La gamme des sentiments, des sensations, est infinie : on a envie d’aimer, on a le cœur léger, le cœur lourd, le cœur battant ; on peut trembler de joie, de bonheur ou de peur, être désespéré par l’attente ou l’abandon, ranimé par l’espoir ; l’objet d’amour se révèle comme le plus beau trésor, on lui fait don de soi ;
« Je suis le gardien Du sommeil de ses nuits
Je l’aime à mourir » ( Je l’aime à mourir)
Bien sûr s’ensuivent le désamour, les regrets, l’oubli, l’usure du temps, la mort.
« Avec le temps, va, tout s’en va, même les plus chouettes souvenirs.. » (avec le temps)
Avec le temps, va, tout s’en va
L’autre qu’on adorait, qu’on cherchait sous la pluie
L’autre qu’on devinait au détour d’un regard
Entre les mots, entre les lignes et sous le fard
D’un serment maquillé qui s’en va faire sa nuit
Avec le temps tout s’évanouit