Au Ghana, comment combler les disparités Nord – Sud ?
Mariama Awumbila au Forum Mondial sur le Développement 2016.Professeur de géographie à l’Université du Ghana, Mariama Awumbila a travaillé sur les migrations et le développement. - Photo: OECD/Andrew Wheeler
Lu sur Idées pour le Developpement, blog anime par l'AFDLe Ghana a connu ces dernières années des performances notables en termes de croissance économique et de réduction de la pauvreté. Mais il y a une ombre au tableau : d’importantes disparités de développement séparent le Sud et le Nord du pays. En effet, les trois régions du nord concentrent près de 60 % des populations les plus pauvres. Les tendances économiques et démographiques indiquent que la pauvreté pourrait être éradiquée d’ici à 2030 dans le sud du pays, tandis qu’elle continuerait à affecter près de 40 % des populations des régions nord. La
Savannah Accelerated Development Authority (Autorité pour le développement accéléré des savanes – SADA) est une agence régionale de développement crée en 2010 pour combler le fossé entre le nord et le sud du Ghana. Entretien avec Mariama Awumbila, professeur de géographie et membre du conseil d’administration de la SADA.Mariama Awumbila au Forum Mondial sur le Développement 2016 - Photo: OECD/Andrew Wheeler
Au Ghana, comme dans tous les pays du Golfe de Guinée, pourquoi les régions nord et sud sont-elles si distinctes ?
C’est un héritage de l’histoire coloniale : les Britanniques étaient intéressés par l’exploitation du cacao et de l’or dans les régions côtières du Sud. Afin de répondre aux besoins de main-d’œuvre dans les plantations et dans les mines, ils ont encouragé les populations du Nord à se déplacer. Dans les années 1950 et 1960, le
Ghana a également attiré dans ses régions méridionales des flux importants de migrants de toute l’
Afrique de l’Ouest.Les gouvernements successifs ont tenté de résoudre les disparités régionales, avec la gratuité de l’éducation par exemple. Mais aucune politique n’a produit les effets escomptés. Les régions nord, aujourd’hui peuplées par 30 % des
26 millions de Ghanéens, sont restées sous-développées. Elles accusent du retard à tous les niveaux : pauvreté, santé, éducation, assainissement, chômage, etc.
Le gouvernement a décidé en 2010 de mettre en place la SADA, dont le nom fait référence à la savane qui domine dans les régions nord. Les autorités veulent s’assurer que personne n’est laissé pour compte dans la dynamique de croissance actuelle (7,3 % en 2013, environ 4 % en 2015).
Le Ghana n’a-t-il pas été le premier pays d’Afrique à atteindre la cible 1 des OMD ?
En effet, le taux de pauvreté a été réduit de moitié, comme le préconisaient les
OMD, passant de 51,7 % en 1991 à 24,2 % en 2012, en raison d’une robuste croissance économique et d’une politique volontariste des autorités.
Mais de fortes disparités régionales persistent. La région de
Savannah concentre en effet le tiers des personnes vivant dans la pauvreté et les trois cinquièmes des personnes vivant dans l’extrême pauvreté au
Ghana.Pourtant, elle dispose de 55 % des terres arables et d’une ressource en eau abondante, grâce au fleuve et au
lac Volta, le plus important lac artificiel du monde. Il est possible de faire de ces étendues le grenier du
Ghana, voire même de l’
Afrique de l’Ouest, à condition d’aménager l’irrigation pour faciliter la culture de ces denrées que notre pays importe encore largement – riz, haricots, céréales et produits de l’élevage…
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