Une très grande partie de la Droite lui en veut encore d’avoir voté Sarkozy
en 2012 et même si certains rechignent à voter Fillon ils ne se seraient pas
rabattus sur François Bayrou. La partie gauche/centre gauche qui ne veut pas de
Hamon et qui aurait pu être tentée par Bayrou a été préemptée par Macron. S’il
s’était présenté, il aurait pour une grande part ponctionné sur les électeurs
de Macron ce qui aurait contribué à mettre François Fillon au second
tour.
Enfin, François Bayrou est assimilé à cette génération qui est au pouvoir
depuis 30 ans et dont les Français, à tort ou à raison (à tort de mon point de
vue en ce qui concerne François Bayrou), ne veulent plus (le fameux effet
dégagisme).
François Bayrou donc fait le choix de ne pas se présenter mais d’essayer
néanmoins d’influer sur les choix politiques du peut-être prochain président de
la République. C’est un bon choix et un choix qui l’honore d’autant plus que la
décision fut certainement difficile à prendre !
En ce qui concerne Emmanuel Macron, (et comme
l’Hérétique) je suis passablement exaspéré par certaines critiques faites à
son encontre. Lui reprocher d'avoir été banquier est clairement une ânerie très
française, en quoi est-ce moins respectable que d'être plombier ou
fonctionnaire !
Une autre critique m'énerve également c'est celle qui consiste à prétendre
qu'il n'a pas de programme. Depuis le début, il dit qu’il ne veut pas présenter
de programme en 110, 225 ou 3458 propositions précises. On sait ce qu'il en est
advenu des programmes présidentiels trop précis ! … ce sont des
générateurs de déceptions. Quelques mesures sont appliquées en début de mandat
dans l’euphorie de la victoire et le reste est abandonné en rase campagne
devant la dure réalité.
Il préfère donner les grandes lignes de sa future politique ainsi que sa
méthode de gouvernement pour ensuite avoir la liberté d’organiser son
quinquennat comme il le souhaite.
Ces grandes lignes il en a donné déjà beaucoup mais elles ne sont pas
reprises par des médias plus préoccupés de simplisme et de spectaculaire que de
fond. Ca lui serait évidemment beaucoup plus facile s’il balançait quelques
propositions choc de type revenu universel, déremboursement massif ou moins 500
000 fonctionnaires en 5 ans.
Macron est un pragmatique à l’anglo-saxonne. Il a clairement un sous-jacent
idéologique soft plutôt libéral mais pondéré d’humanisme avec un gros souci de
convaincre et d’obtenir un consensus. Il n’est pas enfermé dans une idéologie
du 20ème siècle comme beaucoup de nos politiques de droite comme de gauche.
C’est d’ailleurs parce qu’il n’est pas rangé dans une des boites doctrinales
traditionnelle de la politique française qu’il se présente comme ni de droite
ni de gauche.
De ce point de vue il est tout à fait dans la ligne de François
Bayrou.
Par contre, il faut admettre que tout à son souci d’entretenir son image de
libre penseur qui aime tout le monde, il n’arrive pas à donner une image claire
de ce qu’il est et de ce qu’il pense. Du coup son image est floue et comme
dirait une célèbre philosophe Lilloise, qui dit flou dit loup !
S’il veut convaincre, il va falloir qu’il ne se contente plus de compter sur
son charisme et sa jeunesse mais qu’il donne plus de profondeur à sa
candidature. Il faut qu’il expose en détail certaines de ses idées fortes sans
se disperser sur des sujets qui ne sont pas majeurs. Qu’il parle uniquement de
services publics, dette, Europe, emploi, écologie, Education, fiscalité,
intégration et immigration sans s’embarquer sur des thèmes qui de toutes façon
n’engageront pas le prochain président de la République comme le mariage pour
tous ou la colonisation. Ces sujets cannibalisent tous les autres, une petite
phrase maladroite et on ne parle plus que de ça !
Il faut également qu’il ait le courage d’exprimer des idées qui ne sont pas
nécessairement partagées par tout le monde et qu’il revienne à l’essentiel dans
le cadre de lignes directrices qui doivent être claires sans nécessairement
être trop précises.
2 mois avant le premier tour, il est temps qu’il arrête de traiter sa
candidature comme une campagne de marketing, et qu’il écoute François Bayrou,
il sera certainement de bons conseils.