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" Si des rapports des ministères de la santé et de l'écologie informent sur la présence des pesticides dans l'eau, jamais n'y est évoqué à proprement parlé les propriétés toxicologiques des molécules trouvées, notamment les polluants pouvant être des perturbateurs endocriniens. Générations Futures a donc effectué un travail d'analyse encore jamais réalisé dont l'objectif était de savoir si parmi les résidus de pesticides, ou les produits de dégradation de ces pesticides, trouvés dans les enquêtes citées il y avait des molécules potentiellement perturbatrices du système endocrinien (PE). Les résultats obtenus, et détaillés dans notre rapport, montrent malheureusement que des pesticides perturbateurs endocriniens peuvent se retrouver fréquemment dans les eaux brutes et dans l'eau du robinet ", a expliqué François Veillerette, directeur de l'ONG, le 10 janvier 2017 en présentant le 8ème volet des enquêtes EXPPERT.
Dans les eaux de surface, 73,3% des pesticides trouvés sont suspectés d'être des perturbateurs endocriniens (PE). Dans les eaux souterraines, 53,3% des pesticides (ou leurs produits de dégradation) les plus quantifiés, sont suspectés d'être des PE (8 des 15 molécules classées comme telles). Dans l'eau du robinet, ce pourcentage est de 50%.
En tête des pesticides PE les plus retrouvés : l'atrazine et ses produits de dégradation, pourtant interdit depuis 2003. Il faut savoir que l'atrazine peut être particulièrement dangereux pour la femme enceinte. Il a un impact démontré sur le développement du foetus comme en témoigne l'étude PELAGIE menée par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale.
" L'étude montre une action même avec des quantités faibles car c'est la période d'exposition qui fait le risque. Des doses inférieures à celles trouvées dans l'eau du robinet présentent un risque ", a rappelé François Veillerette. L'atrazine, ses produits de dégradation ainsi que le Métolachore ESA (un autre herbicide) sont même parfois présents dans l'eau de boisson au-dessus des concentrations maximales autorisées et cela pendant des périodes prolongées.
Entre 30 et 35 molécules utilisées devraient être interdites
Ces observations ont de quoi inquiéter. Pourtant, l'étude de Générations Futures est loin d'être exhaustive. Elle se limite aux pesticides et pas à tous, seulement ceux qui sont recherchés dans les eaux de surface et souterraines par le ministère de l'Écologie, et dans l'eau distribuée par le ministère de la Santé. L'ONG n'a fait qu'analyser des données existantes issues de ces ministères. Mais d'autres PE, issus d'autres pesticides ou d'autres produits que les pesticides, peuvent être aussi présents dans l'eau.
" Rapport après rapport, notre association n'a de cesse d'alerter sur l'exposition des populations, tout particulièrement les plus vulnérables, aux perturbateurs endocriniens. Et ce nouveau rapport vient encore démontrer l'urgence à agir et de retirer les pesticides perturbateurs endocriniens du marché !" a déclaré François Veillerette.
Dans cette affaire, la Commission européenne joue un rôle clef. Elle est chargée de soumettre au vote une proposition relative aux critères déterminant les PE qui doivent être interdits, dans le cadre de la directive sur les pesticides et les biocides. Après avoir été condamnée par la Cour de justice européenne fin 2015 pour avoir manqué à ses obligations, elle a soumis aux votes, fin 2016, une proposition jugée très laxiste et qui n'a pas obtenu la majorité. Une nouvelle proposition est attendue qui pourrait n'être pas meilleure. Sous la pression de l'industrie allemande, elle s'apprêterait à autoriser tous produits dont le mode d'action est basé sur la perturbation endocrinienne. Dans ce cas, aucune des molécules PE sur le marché ou presque ne serait concernée par l'interdiction alors qu'entre 30 et 35 devraient l'être selon Génération Futures. Encore une fois, la pression citoyenne est indispensable.
Anne-Françoise Roger