Germain WILLIAM rendant hommage à Saint-John PERSE

Publié le 21 février 2017 par Halleyjc

Je me souviens d’un petit moment de plaisir à vrais dire une petite anecdotes survenue avec mon Ami Germain WILLIAM, grand poète des mots et illustre défenseur de la dernière langue latine, je veux parler du Créole.

Or donc Germain avec son sans gène habituel mais toujours amical, me demande de l’accompagner au Musée Saint-John PERSE qui vient d’ouvrir à la Pointe-à-Pitre : il veut à sa manière rendre hommage au grand compatriote prix Nobel de littérature.

Nous sommes accueilli comme il se doit par la Maîtresse des lieux, Madame TERSEN, enceinte jusqu’aux dents, mais tout sourire ! Elle accepte le cadeau de Germain et s’excuse de ne pouvoir rester avec nous car elle participe à un colloque savant, dans le grand salon du rez-de-chaussée…. sur Saint-John Perse bien entendu.

Elle nous invite à nous rendre au Galetas ou un ambrion de bibliothèque est installé.

Et nous voici dans cette auguste demeure à feuilleter quelques ouvrages.

Le cadeau-hommage de Germain était un tableau sous vitrage avec un poème de Saint-John PERSE dans sa version Française et le même traduit en Créole. Ce poème est célèbre et très connu. Si vous le chercher dans l’intégral des Oeuvres de Perse, vous ne le trouverez que difficilement… car il se trouve très curieusement tout au début de l’ouvrage de la Pléiade.

Ce Poème s’appelle « Ecrit sur la porte » ! Alors nous avons cherché ce poème et nous nous sommes mis à le déclamé, en Anglais, en espagnol en allemand, en italien… puis je suis redescendu vers Madame TERSEN pour lui demandé l’autorisation d’emprunté un instant le cadeau tableau hommage de Germain… elle l’avait posé sur un guéridon en attendant de pouvoir le placer comme elle le souhaitait dans l’entrée du musée… Je pense qu’il y est toujours…

Elle me regardait avec surprise, et acceptait de se départir un moment de son cadeau.

A toi mon Ami dis-je à Germain ! Lis moi ton poème ! Quelle misère de n’avoir pas eu un magnétoscope sur le moment. Non ! Je ne vais pas lire, je vais te le déclamer. C’était très beau cette traduction en créole… et pour mieux écouter je reprenais le texte original… et Germain son propre texte.

Nous sommes restés un bon moment à jouer avec ces mots, avec ces phrases, avec ces deux langues… ces deux poètes… et à tenter de deviner laquelle traduisait le mieux ces images de notre monde.

Écrit sur la porte

J’ai une peau couleur de tabac rouge ou de mulet,
j’ai un chapeau en moelle de sureau couvert de toile blanche.
Mon orgueil est que ma fille soit très-belle quand elle commande aux femmes noires,
ma joie, qu’elle découvre un bras très-blanc parmi ses poules noires;
et qu’elle n’ait point honte de ma joue rude sous le poil, quand je rentre boueux.

                      *

Et d’abord je lui donne mon fouet, ma gourde et mon chapeau.
En souriant elle m’acquitte de ma face ruisselante; et porte à son visage mes mains grasses d’avoir
éprouvé l’amande de kako, la graine de café.
Et puis elle m’apporte un mouchoir de tête bruissant; et ma robe de laine; de l’eau pure pour rincer mes dents de silencieux:
et l’eau de ma cuvette est là; et j’entends l’eau du bassin dans la case-à-eau.

                      *

Un homme est dur, sa fille est douce. Qu’elle se tienne toujours
à son retour sur la plus haute marche de la maison blanche,
et faisant grâce à son cheval de l’étreinte des genoux,
il oubliera la fièvre qui tire toute la peau du visage en dedans.

                      *

J’aime encore mes chiens, l’appel de mon plus fin cheval,
et voir au bout de l’allée droite mon chat sortir de la maison en compagnie de la guenon. . .
toutes choses suffisantes pour n’envier pas les voiles des voiliers
que j’aperçois à la hauteur du toit de tôle sur la mer comme un ciel.

Vous vous attendiez à trouver maintenant la traduction de Germain… Pour cela il faut que l’ailleurs à Basse-Terre ou Trois-Rivières consulter les archives de Gérard PENCHARD… Il est le seul à posséder l’intégrale de l’oeuvre littéraire de Germain WILLIAM : Défense et Illustration de la langue Créole, conférences, récits, poèmes épiques, articles de circonstances, romans…