A la fin l’acrobate s’était mis à se balancer
Sur les ailes du papillon des suicidés
II jeta une rose au petit marin
Dont les yeux fidèles et transparents comme un bon vent
Coulaient sur les joues
En regardant l’acrobate qui tombait
Et faisait voir dans sa poitrine ouverte
Son coeur noir comme une chauve-souris
Les agents de police se sont précipités
Pour faire des rapports exacts sur l’identité de cet acrobate fou
Qui en tombant a laissé un aveu si mystérieux
Qu’il faut le dire
Qu’il faut le crier
Qu’il faut le chuchoter
Qu’il faut se taire devant ses paroles si mystérieuses
Si mystérieuses
Qu’il faut les chanter.
***
Vítězslav Nezval (Biskoupky, République tchèque 1900 – Prague 1958) – Extrait du poème « Akrobat » (1927) – Cahier de l’Herne n°10: Le Grand Jeu – Traduit du tchèque par Josef Šíma