Du mercredi 22 février au samedi 4 mars, les Rendez-vous du cinéma québécois vous proposent la plus grande diversité possible de genres et d’approches cinématographiques.
Les Rendez-vous du cinéma québécois s’avèrent depuis 35 ans une véritable pépinière de talents et un lieu de retrouvailles unique. Pendant 11 jours, quelque 400 artistes, artisans et professionnels de l’industrie se joindront aux cinéphiles et au grand public pour célébrer leur amour pour le cinéma d’ici. Avec une sélection de 340 films, dont 110 premières, et 30 activités gratuites invitant à la réflexion et à la fête, les RVCQ sont un acteur important dans le panorama cinématographique et festivalier québécois.
Voici la liste des 9 films incontournable de cette 35e édition:
Elles sont au nombre de neuf. Neuf situations, neuf tranches de vie où sont illustrés différemment, parfois en se croisant, les grands maux modernes que sont la solitude et l’incommunicabilité. Inspirés par la pièce de Stéphane E. Roy, Neuf variations sur le vide, les cinéastes Claude Brie (Banqueroute), Érik Canuel (Halte routière), Jean-Philippe Duval (Hystérie), Marc Labrèche (Le lecteur), Micheline Lanctôt (Je me souviens), Luc Picard (Subitement), Stéphane E. Roy (Abus), Éric Tessier (Eccéité) et Ricardo Trogi (Fuite) se sont en effet fait aller la satire pour mieux croquer nos travers contemporains. Une comédie à sketches tricotée serrée autour de personnages tous venus assister à la conférence du spécialiste de la «Communic-Action», Marc Gélinas, qui verra ses enseignements remis en cause lorsqu’il rencontrera lui-même le grand amour.
CHASSE-GALERIE : LA LÉGENDE de JEAN-PHILIPPE DUVAL
C’est le 31 décembre 1863 que Théodore succombe. Pour sauver la vie de sa femme en couches, il passe un pacte avec Jack Murphy. Pourtant, incapable de le supporter, il se jette du haut d’un canot volant pour que son âme échappe au diable. Mais vingt-cinq ans plus tard, à Lavaltrie, Jack Murphy refait son apparition dans le village où vit Liza, la fille de Théodore, et son amoureux Jos Lebel. Après qu’un incendie suspect ait détruit les récoltes, Lebel doit aller travailler dans une lointaine concession forestière… Pour son troisième long, Jean-Philippe Duval (Dédé à travers les brumes) plonge Caroline Dhavernas, Francis Ducharme et le maléfique François Papineau dans une légende québécoise du XIXe siècle qui souligne le courage des hommes et notre identité.
DÉSERTS de CHARLES-ANDRÉ CODERRE, YANN-MANUEL HERNANDEZ
Les dunes désertiques de Death Valley… La chaleur, la fièvre… Le mythe. C’est là qu’un homme en quête de vérité a décidé d’aller se perdre. Là aussi qu’une femme qu’il va croiser et qui partage sa passion pour la boxe va lui proposer de l’accompagner. Là encore que ces deux êtres esseulés et étranges vont entreprendre un voyage déstabilisant et extrême à l’intérieur d’eux-mêmes, entre chimères et réalité. Présenté au dernier Festival du nouveau cinéma, Déserts est la première réalisation du duo d’artistes Charles-André Coderre et Yann-Manuel Hernandez (Lucioles). Une magnifique expérimentation formelle en 16?mm où les paysages superbes et inquiétants de la Vallée de la mort font écho aux étendues non moins sauvages des âmes humaines au passé, présent et futur incertains
EMBRASSE-MOI COMME TU M’AIMES de ANDRÉ FORCIER
En 1940, alors que la Seconde Guerre mondiale fait rage en Europe, on croise à Montréal un jeune homme qui désire s’enrôler, sa sœur jumelle infirme et obsédée de lui, une jeune femme soucieuse de trouver sa place, une famille tyrannisée par un père alcoolique, un curé aux relations illicites, un fils de patron prêt à tout pour conquérir sa belle, un ténor et son coach d’italien, etc. Car nous sommes chez André Forcier, dans une de ses galeries de personnages poétiques et singulières où se mêlent dans une danse fascinante l’intime et le collectif, le banal et l’extraordinaire. Primé à Québec et au Festival des films du monde, Embrasse-moi comme tu m’aimes compte sur Émile Schneider, Juliette Gosselin, Mylène Mackay, Céline Bonnier, Antoine Bertrand, Roy Dupuis et tant d’autres
HIBOU de RAMZY BÉDIA
Rocky serait parfaitement heureux si, contrairement à leurs habitudes, les autres remarquaient son existence. Mais la solitude de cet employé modèle et invisible d’un laboratoire pharmaceutique prend un autre tour lorsqu’un soir, en rentrant chez lui, il découvre un grand-duc dans son salon. Un nouveau compagnon au regard fixe qui lui fait alors prendre conscience qu’il doit agir. Déguisement de hibou géant sur le dos, Rocky reprend donc sa vie en main… sans plus d’effets, sauf un soir où, dans la rue, il rencontre une jeune femme déguisée en panda (pétillante Élodie Bouchez). Pour sa première réalisation, l’humoriste Ramzy Bédia s’installe dans les rues de Montréal et, en plus d’interpréter ce Rocky lunaire et dégingandé, signe un conte sentimental et fantaisiste aussi frais que décalé.
L’ORIGINE DES ESPÈCES de DOMINIC GOYER
David (solide Marc Paquet), architecte reconnu, père heureux, mari d’une femme superbe, a tout pour lui. Mais à 37 ans, sa vie et ses repères explosent en morceaux. Car David apprend que son père (Marc Béland) n’est pas son père biologique. Impossible pour lui d’en rester là. Il doit savoir d’où il vient, qui il est. Commence alors une enquête troublante qui le confrontera entre autres aux secrets d’Agathe (Élise Guilbault), sa mère, une artiste renommée. Après les courts Une robe blanche ou Notre nature, Dominic Goyer revisite le thème de la quête d’identité dans un premier long, empli de mystères et de démons, à l’atmosphère inquiétante et soignée, et dynamisé par de magnifiques et troublantes séquences animées signées Éléonore Goldberg.
LA REINE-GARÇON de MIKA KAURISMÄKI
Qui était la reine Kristina de Suède? Élevée comme si elle était un garçon par son père alors que la guerre de Trente Ans entre catholiques et protestants fait rage, elle est couronnée en 1650 et marque le XVIIe siècle en opposant une résistance farouche aux traditions conservatrices luthériennes en vigueur dans son pays. Femme libre et progressiste, elle refuse ainsi de se marier, préférant les femmes, en particulier la comtesse Ebba Sparre, et s’imprègne de la philosophie des Lumières en fréquentant notamment Descartes et Pascal. Construite autour de ce personnage fascinant, la pièce de théâtre signée Michel Marc Bouchard (Tomà la ferme) prend vie à l’écran, sous la houlette de l’inspiré Mika Kaurismäki, qui confie ce rôle complexe et vibrant à la déterminée Malin Buska.
THE SAVER de WIEBKE VON CAROLSFELD
Fern ne veut pas connaître le même destin tragique que sa mère. D’origine amérindienne, l’orpheline de 16 ans fuit les services de protection de la jeunesse et trouve refuge chez l’ancien employeur de sa mère, qui lui propose de la remplacer en tant que concierge d’immeuble. En plein hiver glacial, à Montréal, elle s’inspire aussi d’un livre d’épanouissement personnel trouvé par hasard pour échapper à sa condition et se dégote un second emploi dans un restaurant. Rapidement, l’énergie de tout mener à bien vient pourtant à manquer. Heureusement, son oncle Jack, qu’elle n’a pas vu depuis des années, lui prête main-forte. Pour son troisième long, Wiebke Von Carolsfeld adapte un roman pour jeunes adultes de Edeet Ravel et révèle le talent déterminé et attachant de la nouvelle venue Imajyn Cardinal.
WE’RE STILL TOGETHER de JESSE KLEIN
Chris est obèse. Intimidé par la bande de Jeremy, il vit avec son père célibataire et alcoolique en banlieue de Montréal. Mais une nuit, son triste destin prend une bifurcation inédite après sa rencontre avec Bobby, un trentenaire qui fait germer en lui l’idée de se venger de ses bourreaux. Durant toute la nuit, ces deux êtres perdus écumeront ensemble bars et fêtes, jusqu’à ce que Olivia, la fille de Bobby, les rejoigne aux premières heures du matin. Avec peu de moyens, Jesse Klein (Shadowboxing) signe un drame sensible et émouvant, notamment présenté au dernier festival de Karlovy Vary, où une caméra à l’épaule fébrile et dynamique capte et décortique avec finesse le lien étrange et chaleureux unissant ces deux hommes.