L'ambition de cette solution originale – conçue grâce à une collaboration entre une jeune pousse spécialiste de la réputation sociale, Traity, et un grand groupe d'assurance australien, Suncorp – est d'offrir une couverture sur les transactions commerciales entre particuliers, notamment sur les sites de petites annonces, quels qu'ils soient. Comme il arrive souvent, une mésaventure personnelle d'un des fondateurs de la startup, victime d'une fraude lors de l'achat d'un PC, est à l'origine de l'idée.
En pratique, le parcours de l'utilisateur se déroule en quelques étapes simples. Tout d'abord, l'une des parties de l'échange, préalablement inscrite, interpelle le chatbot Kevin sur Facebook Messenger et décrit, le plus précisément possible, les termes de l'opération à assurer. Le service répond avec une proposition de « contrat », sous la forme d'un lien qui va être utilisé pour identifier la contrepartie : l'accès aux profils sociaux (Facebook, a priori) des deux personnes concernées permet de valider leur « fiabilité ».
Une fois l'accord conclu, Kevin demandera aux parties, au terme de la transaction, si elles sont satisfaites de son déroulement, à travers un système de notation par étoiles (qui permet, incidemment, d'alimenter les algorithmes d'évaluation des risques). Naturellement, en cas de litige – vol, fraude, contrefaçon, fausse représentation…, signifié par une note minimale –, une procédure de dédommagement est initiée. En synthèse, nous nous trouvons ici face à une véritable solution d'assurance par réputation.
Au-delà de son produit, Traity a également imaginé un mécanisme destiné à instaurer auprès des consommateurs la confiance qui fait la force des assureurs traditionnels. Chacun d'entre nous est prêt à payer une prime à une compagnie pour couvrir un risque parce que nous avons la certitude d'être indemnisé lorsque survient un sinistre (et des contrôles réglementaires le vérifient régulièrement). Comment un petite entreprise inconnue, sans références, peut-elle espérer convaincre ses clients de sa solvabilité ?
La méthode employée pour ce faire est finalement très simple, exploitant la capacité de la blockchain (du bitcoin) à jouer un rôle d'intermédiaire de confiance logiciel. Ainsi, outre que les polices d'assurance y sont elles-mêmes enregistrées, à fins d'horodatage, chacune d'elles s'accompagne de l'achat par Kevin de l'équivalent en crypto-devises de 10% du risque couvert (pour un risque réel estimé à 1%). Ce dépôt est revendu à l'échéance mais, entre temps, tout un chacun peut vérifier sur le grand livre du bitcoin la présence des réserves nécessaires au respect des engagements de la société.
Tout cela n'est, pour l'instant, qu'une expérience. L'assurance proposée est entièrement gratuite, pour une protection limitée à 100 dollars, et les déclarations de sinistres sont traitées manuellement (quelle révolution si le processus était automatisable !). Même le recours au chatbot n'est considéré que comme un premier pas. Par ailleurs, ses concepteurs ne font pas mystère de ses limitations actuelles. Mais ils posent les bases d'une réflexion sur ce que peut devenir l'assurance dans le monde de demain.