10 février 2017 / Baptiste Giraud (Reporterre)
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- La Rochelle (Charente-Maritime), correspondance
Le Terre de liens de l’énergie
Son idée : mutualiser les déchets agricoles des agriculteurs locaux et mettre en place une unité de méthanisation afin de produire de l’électricité et de la chaleur. Pour y parvenir, depuis 2007, Christophe et les autres agriculteurs engagés dans le projet ont dû démarcher des partenaires et mener des études de faisabilité. En parallèle, Christophe a arrêté l’agriculture pour se consacrer à toutes ces démarches. « Je me suis formé tout seul, à force de rencontres et d’échanges avec les bureaux d’études », explique-t-il.Au fil de leur avancée, deux questions principales finissent par se poser : quelle solution technique de méthanisation choisir, et comment la financer ? Pour la première, ils optent finalement pour la production de gaz (plutôt que la cogénération), qui sera directement injectée sur le réseau urbain. « Ce procédé a un rendement de 88 à 90 %, il y a très peu de perte. L’objectif est d’apporter 60 tonnes de matière par jour, pour produire 150 m³ de gaz par heure, soit la consommation de 1.400 foyers sur une année », précise M. Babin.Au centre des débats, la question de la gestion des ressources communes et de l’argent qui en est tiré
Cette formule est née en 2010 de la convergence d’acteurs de la transition énergétique, face aux difficultés rencontrées par les projets pionniers. « Pour pouvoir appeler à l’investissement citoyen, il fallait avoir un visa de l’autorité des marchés financiers (AMF), un visa long et cher à obtenir, raconte Marc Mossalgue, d’Énergie partagée. Notre idée était d’avoir une structure intermédiaire qui demande le visa et qui collecte de l’investissement pour les projets locaux. » Plus de 4.500 personnes sont aujourd’hui actionnaires de cette SCA, pour 12 millions d’euros – la valorisation des actions étant de 4 % par an après les dix premières années. « Les gens qui investissent veulent participer à la transition énergétique. Ils ont de l’argent de côté, ils le placent ici comme sur un livret A, mais en plus utile. » Cela a déjà permis le financement de 31 projets, pour la plupart photovoltaïques, mais aussi éoliens, biomasse et hydraulique.Depuis, la législation s’est quelque peu assouplie : il n’y a plus besoin du visa de l’AMF pour les projets qui demandent moins de 100.000 €, ou bien jusqu’à 5 millions si cela représente moins de la moitié du capital total. Mais Énergie partagée est devenu un acteur central dans le réseau des énergies renouvelables citoyennes. 300 à 400 projets ont été accompagnés, développés, formés par l’association, estime Marc Mossalgue.Une éducation populaire à l’énergie
Moyen d’accélérer la transition, l’énergie citoyenne traduit également une vision politique. « Le modèle français est très centralisé et étatique. Les gens ont perdu toute relation physique à la notion d’énergie : ils appuient sur un bouton, mais on ne veut surtout pas qu’ils se demandent ce qu’il y a derrière », selon Frédéric Mariller. Enercoop, qui a participé à la création d’Énergie partagée, parle aussi d’« énergie militante ». « Aujourd’hui, il n’y a plus de politique énergétique démocratique en France. C’est une politique des grands corps, administrative, où même les élus ont peu de poids », explique-t-il.Question démocratique donc. Et aussi pratique : « Les énergies renouvelables sont très liées aux potentiels des territoires, et on ne peut plus les piloter à distance derrière un bureau, avec une planification à la mode militaire. Il faut aller sur le terrain, analyser les spécificités locales », poursuit Mariller. Pour lui, c’est une des raisons du retard français dans ce domaine. « Ce n’est pas parce qu’ils sont écolos que les Allemands sont en avance, avec 60 à 70 % de projets citoyens, mais parce qu’ils sont organisés en régions, avec une implication locale plus forte, un tissu industriel éclaté. Tandis que le réseau électrique français est descendant : des gros sites de production qui irriguent la consommation locale. Il n’est pas adapté pour accueillir facilement la production locale proche de la consommation », poursuit-il, sans oublier l’importance de l’équilibre global à gérer selon la météo.Vous avez aimé cet article ? Soutenez Reporterre.
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Source : Baptiste Giraud pour ReporterreDessins : Bande dessinée Ma propre énergie (Energie Partagée / Marc Mossalgue – Audrey Collomb/CC-BY-NC-ND)https://reporterre.net/Ils-s-associent-pour-produire-de-l-energie-renouvelable-et-ca-marche