Smartphone. Discussion avec l’invisible
Je l’ai croisée dans l’autobus. Debout près de la porte elle parlait très fort dans une langue que je ne comprenais pas, elle gesticulait, pestait… Sans doute est-elle folle, ai-je pensé, jusqu’à ce que j’aperçoive le micro du smartphone. C’est alors que j’ai compris qu’elle se disputait avec un parent resté au pays… Et si elle criait si fort, c’était pour qu’il l’entendît mieux, lui qui était si loin.Pourquoi l’ai-je d’abord pensée folle ? C’est que, dans ce monde dont on essaie de nous convaincre qu’il est désenchanté, une personne qui parle sans interlocuteur visible est victime d’hallucinations. Dissociée, incapable de prendre conscience que les voix émanent d’elle-même, elle s’acharnerait à leur répondre. Pourtant, ce n’est pas parce qu’on ne voit pas l’interlocuteur qu’il n’existe pas. Nul ne parle seul – pas davantage les fous que n’importe
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