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L’approche du Foveon, le capteur qui équipe les Sigma est de transformer les grains d’argent du film argentique en grain numériques, c’est une approche philosophique, douce, qui respecte la lumière car il ne fait que la recueillir. L’autre technique, utilisée majoritairement dans les appareils et les cameras numériques, le capteur avec filtre de Bayer a été crée par un ingénieur (W.Bayer) travaillant chez Kodak en 1970. C’est une approche technologique, mathématique, dure, qui ne respecte pas la lumière, puisque il va reconstituer la totalité de la réalité à partir d’un échantillonnage de 30% via sa mosaïque RVB. Les algorithmes « debayerisant » ont beau être complexes et puissants ils n’en sont pas moins simplistes et faibles par rapport à la réalité, à sa beauté hasardeuse. Ces algorithmes ne connaissent que les pixels adjacents du pixel qu’il sont en train de calculer, il n’y aucune vison d’ensemble d’une zone. Ils voient la réalité par le petit bout de la lorgnette. Les aplats de couleur plus ou moins marqués sont les plus interpolés, car l’échantillonnage de la vraie couleur est plus faible et donc nécessite le plus d’interpolation. Même avec des approches de « gradient bidirectionnels », le « nec plus ultra » actuel des algorithmes de debayerisation, la restitution des subtilités est bien moindre et bien loin de la réalité. La beauté est analogique et complexe et le Foveon captant l’ensemble de la couleur vraie, capte ainsi les subtiles variations d’intensité, de lumière, d’ombre, leur relations spatiales et leurs mille et une imperfections, restituant ainsi la richesse de l’agencement des subtilités de la lumière du sujet. Avec un filtre de Bayer, puisque l’on déduit, interprète les couleurs à partir d’un échantillon de 30% de la réalité, ces subtilités vont être gommées, lissées, réduites. L’image perd donc la richesse de sa subtilité originelle, elle va être remplacé pas une subtilité approximative, car lissée et de ce fait proposera à notre regard un ersatz de réalité, en simplifiant sa complexité et sa beauté. Le filtre de Bayer est insensible au hasard des reflets de lumière, à celui des interactions de la géométrie des lentilles et de celle des formes de l’arrière plan, aux imperfections du rendu des lentilles, à la densité de l’air, à la légèreté de la pénombre, au mouvement indistinct de la brise, à l’irisement mystérieux des flous, à l’insensée fusion de la lumière et du flou, à la transcendance spéculaire des formes et des imperfections de sujet, à l’égarement de la pensée au moment de la prise de vue. Le capteur Foveon, lui capte tout cela, il appréhende la réalité, son hasard, ses imperfections, ses surprises, ses oublis. Ce qui fait la beauté, ce que le regard désire, ce pourquoi je photographie.