Je n’ai pas eu le temps de faire mon billet matinal pourtant le sujet m’est tombé du ciel : « Le directeur de l'assurance maladie propose "un effort supplémentaire" ».
Après le « travailler plus », il faut encore qu’on fasse un effort…
« C'est un plan qui comporte à la fois un effort sur les dépenses d'assurance maladie, mais en même temps un certain nombre de mesures de financement, principalement la reprise de dette qui a été annoncée par le ministre des Comptes publics qui allège nos frais financiers et puis une partie de (nouvelles) recettes à 700 millions d'euros ».
Commençons par expliquer à ce gugusse que « la reprise de la recette » n’est pas une mesure de financement mais une diminution des dépenses, puisque les intérêts de la dette ne seront plus à payer par l’Assurance Maladie mais par l’état. Ca me va d’ailleurs très bien, ne voyant pas très bien pourquoi les intérêts des emprunts de l’AM seraient payés par des charges sur le travail. Néanmoins, plutôt que de faire le fier (ben ouais, c’est lui le patron de ce bazar), il ne doit pas oublier que nous autres, braves contribuables, continuons à payer ces charges, mais avec nos impôts.
« Quant aux nouvelles recettes évoquées, "il n'appartient pas à l'assurance maladie de proposer la nature des ressources", a encore affirmé M. van Roekeghem. »
Le Monsieur : nous aurons de nouvelles recettes mais ce n’est pas nous de les trouver. Il avance, en l’air, 700 millions.
« "Les deux tiers environ du plan concernent la maîtrise des dépenses d'assurance maladie. Nous demandons d'abord un effort important (...) sur les tarifs de certains médicaments et certains produits de santé, à hauteur de 500 millions d'euros, ainsi que des mesures de diminution de tarifs dans les domaines de la radiologie et de la biologie médicale", a-t-il encore dit. »
Il ne fait pas bon être patron de laboratoire ou radiologue. Ils vont leur demander de faire des efforts. Toujours des efforts. Le patron du labo à côté de chez moi, qui prend le café avec moi tous les matins, ne va pas être content. Il m’a pourtant expliqué (il n’est pas totalement objectif, forcément, mais ne doit pas avoir entièrement tort) que si le coût total des remboursements d’analyses, ce n’est pas à cause des tarifs des laboratoires, mais d’une part à une hausse des prescriptions et d’autre part à une diminution des examens faits dans les hôpitaux qui envoient leur patients vers les laboratoires privés.
En fait, je ne connais strictement rien à la radiologie (ce qui ne m’empêche pas de diffuser à l’occasion des IRM…), mais je connais un petit peu le monde des labos. Globalement ces gens gagnent bien leur vie mais comme dans tous les domaines ont du mal à trouver du personnel (ce n’est pas un métier qui connaît beaucoup de chômage)… Ils ont donc des charges. Le monsieur veut maintenant diminuer leurs recettes. Qu’ils se débrouillent. De toute manière, ils sont payés par « la solidarité nationale ».
« […] environ 165 millions d'économies sur les "soins ambulatoires", dont les prescriptions de transport ou d'arrêts maladies, ou 250 millions d'économies liées au "développement de la productivité" dans les hôpitaux. » C’est ce que je disais, pas plus tard que samedi… A cause de la désorganisation liée au « développement de la productivité dans les hôpitaux », ma mère enchaîne les « prescriptions de transports »…
Et encore, je ne vous ai pas raconté son opération de la cataracte… Je vous passe les visites préliminaires aux opérations (elle a conduit une fois, la suivante c’était moi). Pour les deux opérations d'une petite heure, il a fallu une nuit d’hôpital et deux allers-retours en « transport prescrit » (alors que mes deux tantes habitent juste à côté et se proposaient de trimballer et d’héberger ma mère).
Continuons…
« Le directeur de l'assurance maladie propose encore une baisse de prix de certains médicaments génériques et une moindre prescription de médicaments plus récents et plus chers n'apportant pas forcément de bénéfice supplémentaire aux patients ».
En clair, rien. A part demander aux producteurs de génériques (soit disant déjà à moindre coût puisqu’en concurrence) de baisser leurs tarifs (vive le libéralisme…) puisque les moindres prescriptions sont surréalistes. Comment demander à un toubib de ne pas prescrire un médicament quand un client en veut ou en a besoin ? Ou alors les toubibs sont notoirement incompétents, le Monsieur devrait aller s’en expliquer avec eux…
Tout le monde connaît maintenant l'autre mesure annoncée. Tous les blogs gauchistes en parlent (heureusement que je n’ai pas fait mon billet ce matin…).
« M. van Roekeghem propose également de limiter la prise en charge des maladies chroniques à 100% aux pathologies "qui sont véritablement longues et coûteuses" et une réduction à 35% du remboursement par l'assurance maladie de certains médicaments ».
Je traduits : on peut toujours crever.
« le reste étant "transféré aux organismes complémentaires" (mutuelles ou assurances privées). ».
On appelle ça une privatisation. Nos cotisations vont augmenter et des sociétés privées vont assurer le boulot.
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