En refusant de saisir la main que lui a tendue cette semaine Marine Le Pen, Henri Guaino a refusé la main du diable. Comment lui, gaulliste canal historique, aurait-il pu accepter de faire un bout de chemin avec celles et ceux qui ont, de tous temps, combattu l’homme de la France Libre dont la tête avait été mise à prix par Pétain, la référence idéalisée de Jean-Marie Le Pe Pour tenter d’accéder au pouvoir, sa fille, la responsable du Front national cherche des alliés dans le camp dit des « patriotes » auquel appartiendrait Henri Guaino. Vous avez bien lu. Le Front national revendique l’appellation de « patriote » comme ci ce parti était le seul dans l’hexagone à aimer sa patrie et à la servir avec dévouement. Comme si les autres partis et mouvements de gauche et de droite n’avaient aucun droit à revendiquer une qualité que seul le Front national posséderait alors que pendant des décennies il a puisé ses modèles chez Maurras, Barrès et la Révolution nationale, l’idéologie officielle de Vichy…
Car toute l’histoire du Front national, ses origines, ses liturgies, ses obsessions, trempe, non pas dans le patriotisme, mais dans un nationalisme dont Martin du Gard disait : « Les nationalistes cherchent tous à masquer sous des sentiments patriotiques leurs velléités belliqueuses ». Tout est là. Dans leur volonté réelle d’exclure, d’enfermer, de rejeter, les animateurs du FN avancent masqués. Pour être présentables, ils doivent piquer, à droite à gauche, des valeurs aux antipodes des fondamentaux de ce parti extrémiste. En réalité, le FN ne veut ni la liberté ni l’égalité et encore moins la fraternité. Dans toutes les mairies qu’ils administrent, les maires FN punissent les syndicats, les associations qui ne leur conviennent pas : expulsion des locaux municipaux, suppression des subventions de fonctionnement. Les bibliothèques sont purgées, les journalistes excommuniés, les républicains bannis. Avec le FN tout est à la tête du client.
L’arrivée du FN au pouvoir national en France générerait, comme aux États-Unis avec Trump (le modèle du FN) un vaste mouvement de résistance. Chaque jour qui passe démontre à la fois l’amateurisme et la duplicité de cette équipe de néo-conservateurs suprémacistes blancs. Avec Marine Le Pen, grande admiratrice de Donald Trump, on irait vers les mêmes aventures et les mêmes accidents de gouvernance. Si par malheur, le FN arrivait au pouvoir, les démocrates, les républicains authentiques et la presse libre uniraient leurs forces pour préserver et protéger nos acquis dont cette union européenne et son principal apport : la paix.