Delphine, Shut up and Listen, 2015, copyright Delphine Boël, photo Patricia Mathieu
Elle est là, entourée de ses œuvres colorées et ironiques, répondant aux questions d’un journaliste qui marmonne dans sa barbe. Si l’interview semble au départ prendre le chemin logique de questions d’ordre artistique, on sent la bourde arriver.
Elle, grande, élégante, répond d’une voix claire, altière, heureuse de parler de sa rétrospective aux travaux très pop où les mots (omniprésents) semblent devenir les messagers d’une âme blessée (Fuck the truth; You can change the truth but the truth can change you; Dear god make it stop; Blablabla; Pray harder, En end to the agonie; Never give up, etc.).
Revenons à notre journaliste-détective qui semble ne plus écouter les réponses. Il élabore un plan dans sa tête. Elle, parle de son parcours à la « Chelsea School of Art » de Londres, de ses débuts dans les années nonante, de son travail « puisant dans l’émotionnel». Mais lui, trépigne, se rapprochant de plus en plus d’elle pour lui poser la question qui lui titille fort le bout des orteils. Elle parle avec aplomb de l’une de ses toiles intitulées « The Most Powerful Force in the Universe is Gossip » . La référence ne peut-être plus explicite. Et pourtant il ne tient plus. Les lèvres tremblotantes, il lance : «: « et comment pensez vous que votre père réagira à la décision du tribunal ? »* Silence de plomb et gêne effroyable dans la salle. Nos oreilles n’y croient pas. Il a osé Gaston Lagaffe ! Elle, est digne dans sa réponse : « je ne discuterai pas de ce sujet ici et aujourd’hui ». Mais notre enquêteur de choc réitère et insiste « mais par rapport à votre père … ?, jusqu’à s’enliser dans les affres de l’humiliation quand un homme vient lui sommer, d’une légère tape sur l’épaule, de changer de sujet.
Oui Delphine, les vautours étaient bien de sortie aujourd’hui. Notre héros du jour pensait interviewer Delphine Boël, la fille cachée du roi Albert. Mais non, elle n’était pas là aujourd’hui. Celle qui était présente au Musée d’Ixelles pour présenter sa rétrospective « Never give up », ce n’était pas la fille par qui le scandale était arrivé, non c’était Delphine. Delphine tout court. Une artiste qui peint, écrit, sculpte, crée des œuvres qui s’inspirent du pop-art des années 60, de l’univers psychédélique, de Niki de Saint Phalles, du mouvement des 70’s « Art and Language »…En somme, une artiste conceptuelle à l’univers inattendu emprunt « de tristesse joyeuse » que l’on découvre avec ravissement.
*Le 21 février se tiendra une audience entre Delphine Boël, Jacques Boël et Albert II (enfin par ses avocats plutôt), dans le but d’affirmer ou non une reconnaissance d’affiliation.
« Delphine. Never give up », Musée d’Ixelles, du 16 février au 15 mai 2017. Rue Jean Van Volsen, 71, 1050, Bruxelles. http://www.museedixelles.irisnet.be
Delphine, Never Give Up Poem Black and White
Delphine, Camouflaged blabla , 2011, copyright Delphine Boël, photo George Coppers
Delphine, Love Goes Around, 2016, copyright Delphine Boël, photo Jim O’Hare
Delphine, The Best Medicine, 2016, copyright Delphine Boël, photo Philippe LeClerck
Delphine, Never Give Up-School Notebook, 2015, Delphine Boël, Photo Jim O’Hare
Delphine, The Most Powerful Force in the Universe is Gossip, 2008, copyright Delphine Boël, photo George Coppers