Dans un sens, il s'agit déjà d'une réalité pour les géants du web et Gartner prédit que, d'ici à 5 ans, il en sera de même dans tous les secteurs économiques : à l'aube de l'âge de l'information, les données de l'entreprise seront valorisées au même titre que ses autres actifs. Il devient donc urgent d'apprendre à en maximiser le potentiel.
Le raisonnement apparaît comme une évidence. Tous les indices convergent aujourd'hui pour faire de l'information détenue une source de richesse – directe ou indirecte – des organisations, notamment à l'occasion de leur mutation « digitale », dont elle est une composante essentielle. Il est donc parfaitement logique que les ressources qu'elles possèdent – qui comprennent autant des données que les moyens de les exploiter – soient intégrées dans les valorisations calculées par les analystes financiers.
Les premières manifestations de cette tendance sont visibles depuis quelque temps, bien que de manière informelle. Ainsi, les entreprises ayant, entre autres, nommé un CDO (« Chief Data Officer »), formé des équipes de « data science » ou engagé des initiatives transverses de gouvernance de la donnée, atteignent des ratios de capitalisation supérieurs à la moyenne. Naturellement, avant une généralisation de cette pratique, il faudra parvenir à établir une mesure objective de cette nouvelle forme de capital.
Même en admettant, avec les analystes de Gartner, que les tentatives initiales se contenteront d'évaluer les capacités techniques des entreprises en relation avec les opportunités qu'offre leur modèle d'affaires de capturer de l'information et en tirer parti, la tâche ne sera pas aisée. Pourtant, il faudra rapidement passer à une autre dimension, offrant plus de précision sur les volumes, la diversité, la profondeur, la qualité des actifs considérés. Les futurs rapports annuels promettent d'être instructifs !
À terme, peut-être faudra-t-il encore affiner les analyses, car les données n'ont pas (ou très peu) de valeur intrinsèque. Celle-ci dépend en effet majoritairement des facultés de l'organisation à exploiter la matière première. Or la manière dont elle est conservée et gérée joue un rôle critique dans ce domaine : l'information enfouie dans un système hermétique n'aura clairement pas la même valeur que celle qui est d'emblée mise à disposition de toutes sortes d'applications, à travers une plate-forme ouverte…
Que la prédiction de Gartner se concrétise ou non – après tout, la valorisation financière ne fait (en principe) que refléter la santé réelle d'une entreprise –, ses implications devraient être sérieusement prises en compte. Le cabinet suggère, pour ce faire, de désigner un CDO. Le plus important est cependant de définir une véritable stratégie de valorisation de l'information, à l'échelle de l'entreprise, qui couvre les différents aspects du sujet : collecte, conservation, protection, administration, utilisation, monétisation.