J'ai déjà pas mal écrit sur ce blog ce qui fait que je n'aime pas Macron, mais je vais le redire.
- Ce type est au moins aussi borné et prétentieux que Fillon. L'un et l'autre n'ont pas compris qu'on est à l'heure des rassemblements. Ils voient dans le compromis la compromission et jurent leurs grands dieux qu'ils ne varieront pas d'un iota quand on évoque leurs programmes.
- Macron a pris le melon. Il se prend pour un gourou, exige des engagements discrétionnaires avec la signature qu'il demande aux futurs candidats d'En marche.
- fondamentalement, Macron méprise la France. Il dit explicitement qu'il n'y pas de culture française. Il ne comprend pas que la France a une identité et qu'on ne construira rien de bon sans s'appuyer sur cette identité, chose que Bayrou semble le seul à avoir compris.
- Macron est international, cosmopolite et connecté. Il représente les apatrides à l'aise dans la globalisation, ceux qui voyagent de mégalopoles en mégalopoles, à l'aise à New-York et à Londres comme à Paris. Les territoires oubliés sont au choix ou des faire-valoir pour se donner un coloris social ou le camp retranché du nationalisme dur de Marine Le pen et ses commensaux.
- Macron est le chef de file des startuper, de ceux qui réussissent, prennent des risques, une variation branchée de la jeunesse hyper-connectée et internationale, des chefs d'entreprise jeunes et dynamiques. Le reste n'existe pas. Pas de pitié pour les oubliés, les canards boiteux. Le reste est de la résistance, du conservatisme. Le reste, ce sont les archaïsmes. Macron ne comprend pas ce qu'est une racine. En fait, il n'y voit que le truc qui résiste quand on tire dessus. Vous comprenez, chez Macron, il faut être flexible. Flexibilité, c'est le terme à la mode dans les nouvelles techniques managériales, et ça concerne toujours le travailleur. Quand on n'est pas flexible, on est archaïque, pas employable, unemployable, comme on dit en globish.
- Mais comment voulez-vous que je m'associe à un individu qui représente tout ça ? C'est l'incarnation du mépris, de la réussite insolente, de l'arrogance technocratique qui tente de prendre le visage de la Révolution.
Vraiment, je ne l'aime pas. Pas plus que Fillon.
Mais je crois que ce que j'exècre par dessus-tout, c'est cette espèce de vernis social pour ne pas dire socialiste, sorte d'aumône laïque qui permet de faire luire les mesures les plus régressives, avec, à tous les coups, un discours doucereux. Comme ces jeunes qui peuvent bien travailler plus, ils ont de l'énergie. Le bon modèle, j'imagine, c'est le startuper qui crée sa boîte et travaille 70 heures par semaine. Un bon modèle applicable au salarié jeune, je suis bien certain que c'est la pensée profonde de Macron. On fait passer la pilule avec un pass culture qu'ils n'auront de toutes façons pas le temps d'utiliser, ces jeunes, et qui ne sera utile qu'à ceux qui sont «branchés et connectés». Et il n'y a pas que ça.
Comme les socialistes bien-pensants, chez Macron, on voit des fachos chez tous ceux qui pensent autrement, surtout dans les domaines sociétaux. On est au minimum conservateur quand on ne porte pas ce que Macron et les siens appellent le progrès, la réforme. Ce sont des réformistes. Ils sont impatients de nous réformer. Réformer, reformer, reformater. Chacun sa méthode. Fillon rêve de nous flageller, Macron de nous réformer. Soyez certains qu'on aura mal dans les deux cas. Et si on se plaint, c'est qu'on est attaché à des privilèges exorbitants. Il ne vaudra mieux, évidemment, ne pas parler de l'ISF que Macron s'apprête à annuler exclusivement pour ses potes entrepreneurs. Pour les actifs. Pour les riches branchés et numériques. Le reste, le patrimoine immobilier, fera l'objet d'une taxe spécifique, sans doute plus lourde. Rendez-vous compte : ce n'est pas «productif». Il faut être flexible, autonome et productif dans le 1984 macroniste.
Je ne le supporte pas.
Si on doit se rapprocher de lui, ça va être très dur pour moi.
Ou alors il faut qu'il change, et vite. Qu'il rabatte son caquet exaspérant et qu'il fasse preuve d'humilité et d'ouverture d'esprit, deux qualités qui lui manquent, à l'évidence.