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[Critique] American Honey

Par Wolvy128 @Wolvy128

4-étoiles

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Réalisé par la cinéaste britannique Andrea Arnold, American Honey est un drame suivant les aventures de Star (Sasha Lane), une adolescente qui décide de quitter sa famille dysfonctionnelle et de rejoindre une équipe de vente d’abonnements de magazines, qui parcourt le midwest américain en faisant du porte à porte. Aussitôt à sa place parmi cette bande de jeunes, dont fait partie Jake (Shia LaBeouf), elle adopte rapidement leur style de vie, rythmé par des soirées arrosées, des petits méfaits et des histoires d’amour…

Couronné du Prix du Jury lors du dernier Festival de Cannes, American Honey captive, et séduit, immédiatement par sa forme singulière. En adoptant un format 4/3 qui resserre le cadre au plus près de son héroïne, la réalisatrice nous immerge en effet profondément dans son quotidien. Un quotidien aigre-doux dont la retranscription à l’écran a la bonne idée d’éviter tout misérabilisme de mauvais goût. Sans jamais juger ses personnages, le film s’attache à décrire, le plus naturellement possible, leur quête un peu illusoire de réussite, ou tout simplement de bonheur, dans une Amérique profonde où ils constituent de véritables laissés pour compte. Complètement en marge de la société, cette bande de jeunes trouve dans le groupe une famille de substitution et une promesse trompeuse de liberté. Trompeuse car malgré l’apparente indépendance dont ils bénéficient par rapport à leur vie d’avant, ils évoluent dans un système totalement rigide, soumis à une multitude de règles. Il en ressort du coup un long-métrage extrêmement dense sur le plan émotionnel, s’attachant à transcender la beauté des petites choses de la vie tout en n’occultant jamais la noirceur qui la caractérise aussi.

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Souvent lumineux et solaire dans son propos, American Honey l’est tout autant dans son approche esthétique. Fortes d’une photographie absolument somptueuse de Robbie Ryan, les images transpirent effectivement la sensualité, magnifiant chaque plan de leur beauté poétique. Si le film rappelle un peu Spring Breakers, d’Harmony Korine, dans sa façon de dépeindre une jeunesse américaine complètement abandonnée et déboussolée, il se distingue toutefois par le développement d’une romance atypique entre Star, incarnée par la révélation Sasha Lane, et Jake, impressionnant Shia LaBeouf. Difficile à cerner, cette étonnante romance passionne principalement par son intensité, alternant les moments de joie extrême et de colère brutale. C’est véritablement par le prisme de ce couple que la réalisatrice s’emploie à raconter son histoire. Une histoire pleine de vie et de sincérité, qui évite avec brio de tomber dans une symbolique primaire un peu lourdingue. Cela se ressent d’ailleurs dans la réalisation, d’un naturel désarmant, celle-ci misant davantage sur le ressenti que la démonstration. Enfin, comment terminer cette critique sans évoquer la bande son électrisante, qui rythme superbement ce road trip – un peu long – au cœur de l’Amérique profonde.

Pour toutes ces raisons, American Honey s’avère donc être un drame authentique, à l’élégance palpable et à la sensibilité dévastatrice. Par le prisme d’une romance singulière, portée par les excellents Sasha Lane et Shia LaBeouf, le film décrit avec sincérité le road trip d’une jeunesse américaine livrée à elle-même, en quête d’un bonheur presque illusoire. Une superbe proposition de cinéma !



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