Le Metropolitan ouvre son fonds numérisé au public

Publié le 10 février 2017 par Savatier

Dans le domaine de l’Histoire de l’Art, les excellentes nouvelles sont assez rares pour être soulignées et largement diffusées. Chercheurs et amateurs se réjouiront donc de l’initiative du Metropolitan Museum of Art qui vient de mettre en ligne 375.000 photographies d’œuvres de sa collection, consultables et téléchargeables gratuitement en suivant ce lien. Leur usage, à des fins privées, éducatives ou commerciales, est libre de droits. Un moteur de recherche simple d’utilisation permet de sélectionner un artiste, une période donnée, un type d’objet ou d’autres critères. La base offre une belle diversité, puisqu’on y trouve peintures, sculptures, dessins, gravures, objets d’art, céramiques, livres, instruments de musique, photographies, etc. L’amateur d’art qui ne pourrait se rendre à New York aura ainsi accès, depuis son ordinateur, à un large choix – une belle occasion de se composer un musée imaginaire.

Certes, le Rijksmuseum d’Amsterdam et la National Gallery de Washington avaient déjà pris une mesure similaire, mais pour un nombre d’œuvres beaucoup plus limité. On peut en outre penser que le fonds mis à disposition du public par le Met s’enrichira avec les années. En effet, toute la collection n’a pas encore fait l’objet d’une numérisation ; par ailleurs, ne sont concernées que les œuvres tombées dans le domaine public, en d’autres termes celles dont l’auteur est mort depuis plus de soixante-dix ans.

La qualité des clichés numériques en haute définition ne permettra pas seulement à tout un chacun de faire, par exemple, imprimer un poster de grand format ; elle ouvre aux étudiants et aux chercheurs de nouvelles perspectives dans l’examen des objets proposés. On ne visite généralement pas un musée une loupe à la main, or ces photographies autorisent à zoomer sur des détails riches d’enseignements, tant sur la technique de l’artiste que sur la composition. Ainsi, une observation de la Crucifixion et du Jugement dernier de Jan van Eyck (vers 1440) révèle d’extraordinaires détails qui échappent à l’œil nu – en particulier ceux des damnés tourmentés en enfer. L’une des trois versions de Jo la belle Irlandaise de Courbet (1866) s’offre tout autant au regard curieux du spectateur qui appréciera la finesse de sa carnation, le travail de son fin corsage de dentelle.

L’impact de telles mises à disposition libres des ressources muséales, initiatives publiques et privées confondues, se révèle capital pour l’accessibilité ainsi offerte à un public qui, auparavant, devait se contenter de reproductions médiocres, de moyenne définition, aux couleurs parfois très éloignées des œuvres originales. D’autres musées européens – à commencer par les français – devraient s’inspirer de cette démarche dont ils sont, pour le moment, encore très éloignés.

Illustration : Jan van Eyck, Le Jugement dernier (détail).