Partager la publication "[Critique] LITTLE SISTER"
Titre original : Little Sister
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Zach Clark
Distribution : Addison Timlin, Ally Sheedy, Keith Poulson, Peter Hedges, Barbara Crampton, Kristin Slaysman…
Genre : Drame
Date de sortie : 16 janvier 2017 (Netflix)
Le Pitch :
Colleen s’apprête à prononcer ses vœux et à devenir une bonne sœur quand elle apprend que son frère est de retour au pays. Sévèrement défiguré sur le champs de bataille, ce dernier a en effet regagné le foyer familial. La jeune femme décide alors de revenir chez elle après 3 ans d’absence pour renouer avec lui. Un retour qui va mettre sa foi à l’épreuve mais qui va aussi lui permettre de faire le point quant à son passé tumultueux et à son engagement…
La Critique de Little Sister :
Little Sister est, en apparence, typiquement le genre de film indépendant qui s’impose comme le candidat parfait pour les festivals type Sundance. Le réalisateur évolue dans un circuit très confidentiel et l’actrice principale, si elle a tout de même joué aux côtés d’Al Pacino, de Christopher Walken ou avec David Duchovny dans Californication, n’est pas non plus, pas encore en tout cas, une star de premier plan. Le sujet, enfin, se prête de plus parfaitement à un format intimiste et à une introspection, qui appelle des gimmicks connus mais aussi casse-gueules. Gimmicks que Little Sister n’évite pas toujours mais sait aussi s’approprier…
Crise de foi
Nous faisons ici connaissance avec une ancienne gothique qui a décidé de vouer son existence à Dieu, en intégrant un couvent. Le film commence quand elle s’apprête à devenir une religieuse pour de bon et que revient dans sa vie un frère soldat avec lequel elle a toujours entretenu une grande complicité. On comprend rapidement que Little Sister va mettre son héroïne face à ses engagements et à ses contradictions. Peut-on par exemple chanter un morceau du groupe Gwar tout en se couvrant de faux sang, les cheveux violet, et nourrir le désir de rentrer dans les ordres ?
Là est le piège dans lequel le film aurait pu tomber : juger une pauvre fille fan de metal et organiser sa rédemption via la religion avec un maximum de prosélytisme. Mais ce n’est pas le cas. Pas du tout. Zach Clark, le réalisateur, ne porte pas de jugement. Il raconte simplement, avec beaucoup de sincérité et de pudeur l’histoire d’un changement de cap.
Le bon sens de sa démarche apparaît à plus forte raison lorsque Colleen revoit ses anciens amis, avec lesquels elle s’entend finalement toujours, la paix de l’esprit en plus. Idem pour la musique, qu’elle écoute toujours avec plaisir. Il n’y a pas vraiment de rejet. Juste une transformation. Un passage à l’âge adulte certes original mais qui semble naturel et plein de conviction.
Une actrice en état de grâce
Little Sister est pétri de qualités mais ce n’est pas un très grand film. Il ne semble pas vouloir l’être d’ailleurs. Celle qui est grande par contre, c’est bien Addison Timlin. Sans elle, sans sa pertinence, sa douceur, sa propension à traduire sans trop en faire, les tourments de son personnage, pris entre les feux du passé et ceux du présent, le long-métrage aurait bien moins de valeur et d’impact. De tous les plans, elle traverse le récit avec une grâce confondante et naturelle et suffit largement à excuser les petites maladresses. Sa performance étant si fascinante que même la rythmique un peu mollassonne s’en ressent. Déjà formidable dans à peu près tous les films et toutes les séries où elle est apparue, au premier ou au second plan, Addison Timlin confirme ici tout le bien qu’il faut en penser. En espérant que le rôle contribuera à l’imposer comme l’une des perles de sa génération et nous offre d’autres occasions de l’admirer.
Quoi qu’il en soit, Little Sister, avec ses intentions nobles, son déroulement classique mais assez efficace et sa belle sincérité, lui doit beaucoup.
En Bref…
Chronique douce amère, plus légère que grave, Little Sister contient suffisamment de belles choses pour se démarquer du tout venant d’un cinéma indépendant parfois empêtré dans ses propres clichés. Porté par la performance habitée et lunaire d’une Addison Timlin excellente, le film est finalement beaucoup moins anecdotique qu’on n’aurait pu le présager de prime abord.
@ Gilles Rolland