Il est difficile de définir la cervicalgie commune. Ce n’est pas une cervicalgie avec inflammation puisque les anti-inflammatoires, quels qu’ils soient (AINS, corticothérapie, infiltrations), sont inefficaces. Il n’y a pas non plus de traumatisme causal.
En pratique, c’est une cervicalgie d’horaire mécanique (au travail) où la cause de la douleur ne peut être établie simplement. Elle est liée à la souffrance d’un segment mobile cervical en règle latéralisée, attribuable à une fissure discale ou à une dysfonction zygapophysaire (ou aux deux simultanément), ou encore à une tension musculaire douloureuse d’origine posturale (avec au sans atteinte concomitante du segment mobile vertébral), qui est souvent bilatérale.
NB ! On appelle articulations zygapophysaires, ou également articulations interapophysaires postérieures, les articulations qui se trouvent entre les arcs vertébraux. Les articulations zygapophysaires sont constituées de fibres élastiques.
Nombre de ces cervicalgies réagissent bien aux manipulations. On parle alors de dérangement intervertébral mineur (DIM), ce qui sous-entend une lésion réversible soit de blocage intervertébral, soit de contracture musculaire localisée. D’autres sont plus chroniques et le rôle des facteurs posturaux voire psychologiques n’est pas négligeable.
NB ! La manipulation vise à lever le blocage mécanique d’un segment articulaire par un mouvement forcé à la limite de l’amplitude physiologique. Cette manœuvre ne doit cependant être ni brutale ni douloureuse.
Caractéristiques de la douleur
La douleur est cervicale, mais des irradiations sont fréquentes vers la région occipitale (cervicalgies hautes), vers le muscle levator scapulae (cervicalgies moyennes) ou vers la région interscapulaire (cervicalgies basses).
La douleur peut être présente sur toute la hauteur du cou ou plus localisée. Elle est souvent augmentée après maintien prolongé de certaines postures, en particulier la tête penchée en avant, mais en pratique, sa topographie ressemble à celle des cervicalgies inflammatoires. En revanche, il n’y a ici ni douleur nocturne, ni raideur matinale.
Examen chez le médecin
Un point interscapulaire est fréquemment trouvé en cas de cervicalgie basse avec ou sans irradiation interscapulaire. Ce point correspond à l’insertion du muscle splenius du cou sur l’épineuse de T4. Même chose pour un point douloureux à l’insertion du muscle levator scapulae en cas de cervicalgie moyenne.
La palpation du rachis cervical révèle une sensibilité unilatérale, soit focale en C5-C6, soit bifocale (C5-C6 et C1-C2-C3). Chez d’autres patients, il est impossible de déterminer l’étage responsable car le cou est sensible à la palpation d’un côté sur toute sa hauteur (très rarement des deux à la fois), du fait d’une tension douloureuse des muscles paravertébraux ou d’une baisse du seuil de tolérance à la douleur.
Traitement de la cervicalgie commune
Les manipulations vertébrales représentent un bon traitement de ces cervicalgies, lorsqu’elles sont possibles techniquement.
En cas d’échec des manipulations ou lorsque la mobilisation du cou est douloureuse et interdit toute manipulation, il faut se poser la question d’une possible composante inflammatoire associée et proposer un traitement anti-inflammatoire d’épreuve.
Si cette composante est absente, on doit envisager la responsabilité de mauvaises postures répétitives. On recommande de veiller à l’ergonomie du poste de travail, d’éviter si possible les longs trajets en voiture, de ne pas dormir sur le ventre en raison de la rotation imposée au cou par cette position. Les oreillers dits anatomiques peuvent aussi aider. Un niveau élevé de tension nerveuse est souvent trouvé.
Dans les formes prolongées ou récidivantes, la prescription d’une rééducation vise deux objectifs : le développement de la proprioceptivité cervicale et le renforcement de la musculature. Certains mouvements doivent être répétés quotidiennement au domicile afin d’assurer l’efficacité de cette rééducation.
Références : Le mal de dos. Jean-Yves Maigne