Présentation Super Rugby 2017 – Nouvelle-Zélande

Publié le 09 février 2017 par Sudrugby

Le point sur la conférence

Le changement de format et le passage à 18 équipes n’aura rien fait : la conférence néo-zélandaise reste la meilleure du championnat, sans discussion possible. Une dynamique très claire depuis le titre des Waratahs en 2014 et même globalement depuis les débuts du Super Rugby en 1996. Et le nouveau format favorise indirectement les franchises néo-zélandaises : le 1er de la conférence est qualifié d’office pour les playoffs et le groupe Australasie offre trois wild-cards supplémentaires pour les playoffs. La conférence Australienne étant assez faible, on a donc vu l’an dernier 4 franchises néo-zélandaises (Hurricanes, Highlanders, Chiefs, Crusaders dans l’ordre) sur 8 qualifiées jouer les playoffs, ce qui n’était pas possible dans l’ancien format. Problème : le format veut que les wild-cards jouent à l’extérieur, sur le terrain des premiers de chaque conférence (Hurricanes, Lions, Stormers, Brumbies). Vue la domination de la conférence kiwi, on obtient une situation assez absurde : bien que devant au classement en terme de points et surtout de niveau de jeu, les Highlanders, les Chiefs et les Crusaders ont dû voyager pendant les phases finales. Un format qui avantage les franchises néo-zeds en terme de nombre en playoffs mais qui handicape sérieusement pour aller chercher le titre… Dans les deux sens donc mais pas forcément très logique.

Au niveau du jeu, la conférence néo-zélandaise continue à produire le meilleur rugby du monde et surtout le plus novateur. Le style de jeu, les joueurs alignés, les confrontations entre chaque équipe permettent au Super Rugby d’être pour les All Blacks un laboratoire à ciel ouvert, comme on le dit souvent. 2016 n’a pas échappé à la règle. Les Hurricanes et les Chiefs notamment ont continué à produire un jeu très rythmé, fait d’initiatives et de vitesse, ce qui participe à fabriquer le rugby de demain. A regarder le nombre d’essais marqués (5 par match pour les Chiefs et 4.8 pour les Hurricanes) ou le nombre de passes et de turnovers, on voit très vite que les équipes néo-zeds circulent davantage le ballon et se donnent plus d’occasions de marquer. Les Crusaders, les Highlanders et à moindre mesure les Blues ont aussi clairement produit du jeu ouvert mais ce sont des équipes plus équilibrées, avec des paquets d’avants plus solides, une excellente conquête et des lancements de jeu maîtrisés.

Les franchises dans le détail

Sudrugby vous propose de nouveau ces « guides » pour découvrir les différents squads du Super Rugby et évaluer la qualité des effectifs, les transferts, les nouveaux jeunes et les possibilités tactiques à chaque poste.

Les Hurricanes

Champions 2016, les Hurricanes ont réussi à se renouveler l’an dernier sans perdre en qualité et en profondeur d’effectif. Ce devrait être la même chose cette année. Les Canes ont certes perdu leur leader Victor Vito (La Rochelle) et des joueurs souvent utilisés comme James Marshall (London Irish), Willis Halaholo (Cardiff) ou Jason Woodward (Bristol) mais la profondeur d’effectif et la présence de nombreux jeunes devraient compenser. Surtout qu’on compte deux très bonnes recrues : le prometteur Jordie Barrett qui intègre le Super Rugby et Ben Lam, venant des Blues. Le staff reste le même et le duo Boyd-Plumtree devrait suivre la même logique qui a vu les Hurricanes, autrefois trop porté sur l’attaque, se structurer et s’améliorer en défense.

Dane Coles

En première ligne, on retrouvera le meilleur talonneur du monde, à savoir Dane Coles qui continuera à être un leader exemplaire dans le jeu. Ricky Ricitelli (22 ans) et Leni Apisai (21 ans) seront deux jeunes doublures, qui ont appris à intégrer l’effectif ces deux dernières année. Reg Goodes sera très utile à gauche, dans le jeu de mouvement et dans les rucks et reste sans doute le meilleur pilier gauche de la conférence de ces trois dernières années. Loni Uhila s’est taillé une bonne place d’impact player l’an dernier et apporte de la masse en fin de match. Sa dernière saison avant de rejoindre l’Auvergne. Dans un registre plus perforateur, Jeff Toomaga-Allen reste un bon élément à droite, avec les alternatives plus classiques que sont Chris Eves et Mike Kainga.

Ardie Savea

En deuxième ligne, James Broadhurst continue à être écarté des terrains pour problème de commotion cérébrale, par précaution. Dommageable mais les Canes gardent une deuxième ligne excellente et surtout très mobile avec Blade Thompson et Vaea Fifita, révélation chez les Canes l’an dernier. Michael Fatialofa apporte plus de puissance et Mark Abott est un solide élément en touche. Le jeune Geoffrey Cridge (22 ans) est un bon espoir au poste et devrait gagner du temps de jeu. Dans le back row, le staff pourra toujours compte sur l’impressionnant Ardie Savea qui a encore progressé l’an dernier. Il a pris de la bouteille et semble désormais plus complet qu’avant. On retrouvera sans doute sur le côté fermé Thompson et Fifita, qui vont alterner avec la seconde ligne, même si Callum Gibbins semble être une bonne option en tant flanker spécialiste ainsi que le jeune Reed Prinsep. En n°8 il est possible que ce soit Brad Shields qui remplace Victor Vito. L’espoir Hugh Renton reste une bonne alternative. L’enjeu sera surtout de compenser la force de pénétration et le jeu dans le dos de Vito. Thompson est une option en n°8 également.

Beauden Barrett

A la mêlée, on ne présente plus TJ Perenara, qui a encore passé un cap l’an dernier. Il est de plus en plus utilisé au sein des All Blacks. Te Toiroa Tahuriorangi (22 ans) est une excellente doublure, qu’il nous tarde de voir davantage jouer en Super Rugby, tant il est prometteur. Kylem O’Donnell apporte lui plus d’expérience après plusieurs années de NPC. Beauden Barrett sera évidemment l’option en n°10 et bien plus encore le joueur phare de la franchise, apportant un dynamisme unique et toujours plus de structure et d’organisation. Otere Black est désormais une doublure bien rodée et pourra sans problème faire souffler Barrett (s’il en a vraiment besoin).

Jordie Barrett

Au centre les Canes se sont très bien renouvelés l’an dernier après la perte de la paire historique Nonu-Smith. Il devrait y avoir plusieurs tentatives cette année. Vince Aso et Ngani Laumape sont très solides en premier centre et devraient alterner. Matt Proctor reste l’option préférée en second centre même si Aso peut y être aligné ainsi. Pita Ah Ki apportera de la profondeur de banc. Quant à Jordie Barrett, il peut couvrir les deux postes et formerait une option redoutable en attaque. Mais Boyd a déclaré préférer des joueurs plus massifs au centre et le jeune Barrett devrait plus souvent jouer arrière.

Nehe Milner Skudder

A l’arrière justement, on suivra le retour de Nehe Milner-Skudder après une saison blanche. Il alternera donc au poste avec Barrett bien qu’on envisage mal avoir un des deux sur le banc. Il est donc possible que Milner-Skudder joue sur l’aile. Cory Jane est l’un des plus vieux joueurs du club, présent depuis désormais dix ans. Il reste un patron du vestiaire et apporte sa technique. Julian Savea est bien sûr l’option principale sur l’aile gauche, même si son manque de rythme en cours de saison l’a poussé sur le banc parfois. Ben Lam pourrait donc jouer assez souvent. A 19 ans, Peter Umaga-Jensen est peut-être le plus grand espoir de l’effectif et il cherchera à apprendre et gagner du temps de jeu.

Les Highlanders

Les Highlanders restent l’une des formations les plus régulières de ces trois dernières années et sera encore à suivre cette année. Changement majeur de staff pour autant : Jamie Joseph entraîne désormais le Japon. C’est donc Tony Brown qui est promu headcoach, Mark Hammett prenant le relais en tant qu’adjoint. L’esprit devrait rester le même. L’équipe reste elle-aussi globalement la même, mise à part Hohneck (Gloucester) et Reddish (Harlequins) qui sont partis pour l’Angleterre ainsi que Tanaka chez les Sunwolves. Tokolahi (Chiefs) et Tevita Li (Blues) sont de bonnes recrues, ainsi que le prometteur Josh Dickson (Otago).

Siate Tokolahi

En première ligne, Liam Coltman et Ash Dixon sont deux bons talonneurs et alterneront. Le polyvalent pilier/talonneur Greg Pleasants Tate est là en back up. Le très jeune Flynn Thomas (19 ans) est un grand espoir au poste et on pourra le retrouver assez vite en Super Rugby, avant qu’il entame la Coupe du monde des -20 ans. On retrouvera à gauche le talentueux Dan Lienert-Brown et à droite la bonne recrue Siate Tokolahi. L’international Tongien Siosiua Halanukonuka apporte une vraie profondeur de banc. On suivra aussi le tonique Aki Seiuli qui après de bonnes saisons avec Otago intègre l’effectif des Landers. L’Australien Guy Millar, titulaire avec Southland et la Western Force l’an dernier, apporte une option supplémentaire à droite.

Liam Squire

En deuxième-ligne pas de grand nom mais la franchise de Dunedin nous a habitué à de la réelle qualité, en alternant ces dernières années entre Tom Franklin, Joe Wheeler et Alex Ainley. Le grand espoir d’Otago Josh Dickson (22 ans) devrait obtenir du temps de jeu, dans un registre ultra mobile. Aucun changement d’effectif dans le back row, les Highlanders resteront donc bien armés à un poste où ils sont été très compétitifs ces dernières années. Elliot Dixon et Liam Squire sont devenus All Blacks l’an dernier et compteront parmi les meilleurs joueurs des Landers, encore cette saison. Shane Christie reste un n°7 de métier d’une grande valeur, malgré une tendance à faire beaucoup de fautes au sol. James Lentjes est un bon second couteau dans ce registre et Gareth Evans également, amenant davantage de pénétration et de technique. Dan Pryor s’est avéré un très bon remplaçant l’an dernier, parfois titulaire et il apporte sa mobilité venant du sevens. Quant à Luke Whitelock, c’est une doublure parfaite de Squire en n°8, ou même côté fermé. Des joueurs assez homogènes finalement en troisième-ligne.

Lima Sopoaga

A la mêlée, on retrouvera Aaron Smith, qui voudra faire bonne figure avant la tournée des Lions, après ses frasques que le staff des All Blacks n’a pas apprécié. Le jeune Josh Renton (22 ans) a obtenu du temps de jeu l’an dernier et continuera sa progression. Kane Hammington pourra dépanner. Lima Sopoaga sera à l’ouverture encore une fois cette saison. C’est un joueur cadre et très régulier, son statut acquis de taulier coïncide avec le renouveau de la franchise depuis désormais trois saisons. On a appris qu’Hayden Parker était blessé pour toute la saison, Marty Banks sera donc la doublure en n°10 et devrait être souvent utilisé en fin de match. Le très prometteur Fletcher Smith (Otago, 22 ans) cherchera à avoir du temps de jeu.

Malakai Fekitoa

Au centre, grand retour de Richard Buckman après une saison quasi blanche l’an dernier. Il devrait être aligné avec l’indéboulonnable Malakai Fekitoa, qui lui-aussi aura fort à faire pour obtenir une place de titulaire contre les Lions britanniques en juin. Matt Faddes a été la saison passée une très bonne option pour remplacer Buckman, finissant meilleur marqueur des Landers avec 10 essais. Rob Thompson, Jason Emery et Sio Tomkinson sont aussi des options intéressantes au centre et apportent de la profondeur de banc, dans un registre dynamique et mobile.

Ben Smith

Faddes, Buckman et Emery devraient aussi être utilisés par Tony Brown sur l’aile. Waisake Naholo sera bien sûr à suivre encore cette année, après quelques pépins physiques en 2016. Enfin la bonne recrue Tevita Li cherchera à se relancer après quelques saisons en demi-teinte aux Blues. Il cherche du temps de jeu, mais quand on sait que Naholo et Fekitoa sont arrivés pour se relancer après leur passage délicat aux Blues, on a confiance! Le technicien Pat Osborne est un gage de qualité de plus sur l’aile, finisseur mais aussi créateur. A l’arrière, l’unique Ben Smith sera de nouveau le leader des lignes arrières, qui vient de résigner avec la fédération jusqu’en 2020.

Les Chiefs

Tout observateur du Super Rugby vous le dira : l’effectif des Chiefs depuis leur titre de 2012 a toujours été une vraie mine sans fond, avec des internationaux mais aussi souvent des jeunes prometteurs. Le staff des Chiefs a bien intégré l’idée qu’un Super Rugby se gagnait non pas à 15 mais davantage à 30. Surtout, on a souvent pu apprécié la polyvalence au sein des 3/4, les joueurs alternant souvent entre le centre, l’aile, l’arrière voire l’ouverture. Ce devrait être de nouveau le cas cette année, tant c’est devenu la marque de fabrique de la franchise. Pour autant, l’effectif s’est quand même amoindri, avec les gros départs de Seta Tamanivalu (Crusaders), Augustine Pulu (Blues), Pauliasi Manu (Blues), Siate Tokolahi (Highlanders) et Andrew Horell (Coca Cola Red Sparks, sans double-contrat). On note les retours des joueurs emblématiques Liam Messam, après sa  saison avec la sélection à VII, en partie avortée à cause d’une blessure et de Tim Nanai-Williams, qui revient lui d’une saison au Japon. Johnny Fa’auli (21 ans) est lui un grand espoir, après une solide saison avec Taranaki, Liam Polwart (Bay of Plenty) et Sosefo Kautai (Waikato) également. Dernière saison pour Dave Rennie avant de passer la main à Colin Cooper (Taranaki) et de s’envoler vers l’Ecosse.

Nepo Laulala

En première ligne, Nathan Harris sera à suivre au talon, mobile et technique. Hika Elliot pourra couvrir le poste comme il le fait depuis désormais sept saisons et Liam Polwart (22 ans) sera lui comme on vient de le dire un titulaire en puissance. Nepo Laulala devrait être titulaire à droite. Sa progression s’est arrêtée l’an dernier, la faute à une blessure qui l’a privé des terrains. Le Baby Black Sosefo Kautai (20 ans) tentera d’avoir du temps de jeu et amènera de la concurrence au sein de l’effectif, ce qui est plutôt bénéfique pour le groupe. A gauche, concurrence également entre le performant Kane Hames et l’espoir Atunaisa Moli (21 ans). Ziggy Fishi’hoi et Mitchell Graham amènent eux plus d’expérience et de connaissance du haut niveau.

Brodie Retallick

On retrouvera dans le second row l’indéboulonnable Brodie Retallick qui devrait souvent être associé à Dominic Bird, dans un duo qui promet. Bird a été souvent blessé l’an dernier. Taleni Seu a été l’une des révélations l’an dernier et il apportera en dynamisme et en mobilité. Michael Allardice, Mitchell Brown et James Tucker rentent eux dans des styles plus classiques mais il apporteront de la profondeur de banc. En troisième-ligne, on devrait régulièrement retrouver l’association Liam MessamSam CaneMichael Leitch. Très complémentaire, ce back row sera l’un des tout meilleurs de la conférence. Mitch Karpik fera figure de quatrième homme certainement, tant il promet énormément en flanker. Ultra mobile et terrible gratteur, il sort d’une saison blanche et peut exploser cette année pour sa première réelle saison en Super Rugby. Plus solide, Tom Sanders sera une bonne option en flanker et en n°8 voire en seconde ligne.

Aaron Cruden

A la mêlée concurrence relevée entre Tawera Kerr-Barlow et Brad Weber. Les deux postulent à une place dans le squad face aux Lions avec les All Blacks. Les deux sont excellents, aussi bien dans l’animation que dans le soutien offensif. Au milieu de ça, l’espoir Finlay Christie (22 ans) essaiera de se frayer une place. Aaron Cruden retrouvera son poste de n°10 et de leader de l’attaque des Chiefs. Il a officialisé son départ vers Montpellier l’an prochain. Ainsi, il est possible que Damian McKenzie  permute plus au poste d’ouvreur ou que Rennie laisse sa chance au jeune Chase Tiatia (21 ans), espoir de Bay of Plenty. Stephen Donald a montré l’an dernier qu’il avait encore des jambes et du talent à 33 ans et pourra dépanner ou sortir les Chiefs de matchs compliqués à l’occasion.

Anton Lienert-Brown

Au centre le leader Charlie Ngataï reste écarté des terrains pour l’instant, à cause de commotions cérébrales répétées. Anton Lienert-Brown et Tim Nanai-Williams devraient donc souvent être associés, dans une paire de centre technique qui peut vite devenir la meilleure de la conférence. Stephen Donald reste une option d’appui en premier centre et on devrait certainement voir à l’œuvre l’espoir Johnny Fa’auli, 21 ans. Gros défenseur, il peut apporter plus de puissance au centre. Sam McNicol ou Toni Pulu peuvent être des options en outside centre.

Damian McKenzie

Aux ailes, James Lowe fait désormais figure de joueur cadre, tant il apporte en attaque. Toni Pulu est connu pour être l’un des joueurs les plus rapides du rugby néo-zélandais et s’avère être un redoutable finisseur. En manque de temps de jeu l’an dernier, le treiziste Glenn Fisiiahi cherchera à percer. Il a des qualités certaines mais il est possible que Sam McNicol lui soit préféré. Dans cet ensemble de joueurs assez homogène, on suivra de près le grand espoir Shaun Stevenson (20 ans) qui peut très clairement exploser cette année après une Coupe du monde des -20 ans réussie l’an dernier et une saison de rodage en Super Rugby. A l’arrière, les Chiefs comptent beaucoup sur Damian McKenzie, pour beaucoup le meilleur joueur de l’exercice 2016. Il est passé dans une autre dimension l’an dernier, avec sa vitesse et son sens du jeu hors du commun.

Les Crusaders

Comme chaque année, les Crusaders auront un effectif très solide, même si dans le jeu ils se sont fait progressivement distancés par les Hurricanes, Chiefs et Highlanders. Beaucoup de mouvements à l’intersaison du côté de Christchurch et à commencer au sein du staff. Le duo Blackadder-Matson quitte ses fonctions pour entraîner à Bath. Blackadder était un entraîneur de longue date des Crusaders depuis 2009, emblématique bien qu’ayant gagné aucun titre. Petite révolution donc au sein de la franchise, même si le nouvel entraîneur Scott Robertson, champion à de multiples reprises en NPC avec Canterbury, s’inscrit dans le plus pur esprit des Crusaders. Robertson est l’homme qui monte au sein du rugby néo-zélandais et son arrivée en Super Rugby confirme son ascension, avant éventuellement un poste au sein des All Blacks. Il sera associé à Leon Macdonald, illustre All Black et lui-aussi vainqueur de l’ancienne ITM Cup avec Tasman. L’entraîneur des avants de Canterbury Jason Ryan complète un staff qui bien que nouveau semble aguerri et prêt pour relever le défi. Côté joueurs, beaucoup de mouvements également avec les départs majeurs derrière de Nadolo (Montpellier), Ellis (Steelers), Fonotia (Ospreys), McNicholl (Scarlets) et Fruean (Bath). Mais elles sont compensées par plusieurs recrues intelligentes : Seta Tamanivalu (Chiefs), Byrn Hall (Blues), le revenant Tim Bateman (Coca Cola Red Sparks), George Bridge (Canterbury) et Heiden Bedwell-Curtis (Manawatu). Quant à Digby Ioane, difficile de savoir s’il a encore le niveau pour le Super Rugby mais il devrait apporter du bon dans l’effectif.

Owen Franks

Dans le détail, on retrouve en première ligne les piliers cadres Owen Franks et Joe Moody, également titulaires avec les All Blacks, ainsi que Wyatt Crockett. Codie Taylor au talonnage complète la légion All Black au sein du front row, qui sera une fois de plus très compétitif. Tim Perry à gauche, l’Australo-Samoan Michael Ala’alatoa à droite et Ben Funnell au talon apportent une réelle profondeur de banc. Présence notable d’un Irlandais, Thomas Jager qui a tenté sa chance avec Canterbury en NPC et qui intègre le Super Rugby après une bonne saison, à seulement 22 ans. Il devrait avoir du temps de jeu.

Kieran Read

En seconde-ligne, effectif très solide comme d’habitude. Sam Whitelock et Luke Romano font figure de tauliers et apporteront dans les grands matchs en rythme. Scott Barrett est un troisième homme idéale et continue sa progression. Il est clairement candidat au squad des Blacks en juin. Les espoirs Mitchell Dunshea (21 ans) et Quinten Strange (20 ans) chercheront à gagner du temps de jeu et complètent ce formidable pack. Dans la tradition du Canterbury, les Crusaders auront encore cette année une grande troisième-ligne et l’association Jordan TaufuaMatt ToddKieran Read devrait être reconduite. Très complémentaire, c’est un back row qui chasse, plaque, gratte, passe et perfore dans ce qu’il y a de plus noble. Le n°8 de Tasman Peter Samu amène de la profondeur de banc, également côté fermé. Jed Brown est la doublure officielle de Todd, en tant que spécialiste en openside flanker. Performant avec Manawatu depuis de nombreuses années, Heiden Bedwell-Curtis reste une option assez sûre.

Richie Mo’unga

A la mêlée, grosse concurrence. La recrue Byrn Hall est une belle option, très complet, athlétique et vrai leader du pack des Blues ces dernières saisons. Mitchell Drummond est plus vif, passeur et devrait alterner avec Hall. Leon Fukofuka complète le trio, il a toujours été performant avec Auckland. A l’ouverture Richie Mo’unga s’est imposé comme le vrai patron des lignes arrières l’an dernier, après que Carter, Slade et Taylor soient partis. Vrai révélation l’an dernier à 22 ans, il est très dynamique balle en main et reste un buteur très fiable et bon dans l’organisation. Marty McKenzie est une bonne option en second couteau, ainsi que Mitch Hunt, même s’ils manquent vraiment de temps de jeu en Super Rugby.

Ryan Crotty

Au centre vraie profondeur de banc et multiples possibilités. On retrouvera Ryan Crotty évidemment, aussi bien à l’aise en premier qu’en second centre. On imagine bien la recrue Seta Tamanivalu alignée en outside centre avec lui. Il est percutant, physique et offre des solutions dans le dos des défenseurs. Il aura fort à faire pour conserver sa place au sein des All Blacks pour la tournée des Lions. David Havili et Tim Bateman sont bien plus que des seconds couteaux en Super Rugby. Havili progresse vraiment bien, mais pourrait être préféré à l’aile. Quant à Bateman c’est un fin first five eight, passeur et technique, qui peut éventuellement jouer à l’ouverture. Sean Wainui cherchera à avoir du temps de jeu, il peut aussi être une option sur l’aile. Comme Jack Goodhue (21 ans), c’est un réel espoir, qui chercheront à progresser. Mais il est clairement possible que l’on voit davantage Goodhue, tant il promet et il peut pourquoi pas être une option à l’arrière ou à l’ouverture.

Israel Dagg

Aux ailes, grand vide après le départ de Nadolo. Digby Ioane est censé le remplacer numériquement et on attend beaucoup de lui, dans ses courses. Le Fidjien Jone Macilai, dans le même style, a montré qu’il était un titulaire en puissance. Il est quand même possible que des profils comme Havili, Wainui ou Goodhue leur soient préférés. Derrière, Geoff Bridge (22 ans) est un vrai espoir et peut tout à fait percer s’il convint le staff à l’entraînement et Sione Fifita peut dépanner. A l’arrière le staff attend beaucoup d’Israel Dagg qui est revenu à son meilleur niveau en 2016 et sa forme conditionnera la qualité de l’attaque des Crusaders. Mitch Hunt est sa doublure officielle et cherche toujours un peu de temps de jeu. Il est une autre option à l’ouverture.

Les Blues

Dernier de la conférence kiwie l’an dernier, les Blues possédaient un effectif légèrement en-dessous, notamment derrière. Mais le squad s’est clairement renforcé à l’intersaison, avec beaucoup de bonnes pioches. La franchise s’est clairement renouvelée et cherche désormais un second souffle. L’arrivée de Sony Bill Williams a certes fait du bruit mais on attend des résultats sur le terrain, pour un joueur qui postule toujours pour une place de titulaire contre les Lions. Bonne pioche autrement avec Augustine Pulu (Chiefs), Pauliasi Manu (Chiefs), le joueur de Sevens Declan O’Donnell (Taranaki), Jimmy Tupou (Crusaders) et les grands espoirs Faiva (Waikato), Nansen (North Harbour), Perofeta (Taranaki) et Taramai (North Harbour). Beaucoup de départs à l’inverse mais sans que ces joueurs ne soient mauvais, ils coïncident plus avec la période de berne des Blues en Super Rugby, depuis désormais 4/5 ans.

Ofa Tu’ungafasi

Dans le détail, le prometteur Hame Faiva a une vraie opportunité au talon, pour remplacer dans la durée Keven Mealamu qui depuis sa retraite n’a pas trouvé d’aussi digne successeur. Talonneur moderne, il est à la pointe du combat mais reste très mobile et disponible. James Parsons reste une option plus que sûre, c’est un vrai leader mais des problèmes de commotions cérébrales devraient vont lui faire manquer au moins le début du Super Rugby. Matt Moulds est un bon second couteau. En pilier Ofa Tu’ungafasi à gauche et Charlie Faumuina à droite sont des valeurs sûres du rugby néo-zed. Tu’ungafasi a encore une marge de progression à 25 ans. Pauliasi Manu devrait occuper une place de choix dans les turnovers ainsi que Sam Prattley. Pauliasi Manu était l’ancien meilleur pilier de la conférence néo-zed du temps des titres des Chiefs ; il cherche à se relancer ici. Sione Mafileo et Alex Hodgman (tous les deux 24 ans) sont deux anciens espoirs mais il semble que leur temps est passé pour réellement s’imposer dans le rugby kiwi.

Jimmy Tupou

En deuxième-ligne, stupeur avec le cas Pat Tuipulotu, suspecté de dopage il y a une semaine. Lui-même dément les résultats. Il est suspendu provisoirement par la NZRFU, en attente du jugement des instances de lutte anti-dopage. Imprévu majeur, qui laisse la place à Jimmy Tupou, qui aura bien appris aux Crusaders sous l’aile de Whitelock, Romano et Bird. Pour former le second row avec lui beaucoup d’incertitude. Josh Goodhue (21 ans) est un grand espoir au poste et pourrait finalement s’imposer plus tôt que prévu, il est passé par les Baby Blacks. Idem pour Branden Nansen (23 ans), habitué au rythme du NPC avec North Harbour et Scott Scrafton (24 ans), lui-aussi passé par les Baby Blacks. Gerard Tuioti est une option, il forme l’autre moitié de la seconde-ligne de North Harbour. Donc au final, Umaga aura le choix avec tous ces espoirs, tout dépendra du mix et de la forme du moment de chacun. Sans oublier que Ioane et Luatua voire Kaino peuvent être des solutions momentanées pour le staff, offrant plus de mobilité à l’équipe.

Jerome Kaino

En troisième-ligne, les Blues gardent une vraie densité physique avec le taulier Jerome Kaino et Steven Luatua. Umaga a fait de Luatua son n°8 l’an dernier alors que Kaino jouait davantage à ce poste par le passé. Mais le retour d’Akira Ioane en Super Rugby après son année en rugby à VII complique les choses. Il peut évoluer aux trois postes du back row et Umaga devrait alterner entre ces trois joueurs. D’autant que Blake Gibson est une valeur sûre en n°7, c’est un vrai spécialiste du poste, annoncé comme une sorte de Sam Cane bis. Mais blessé l’an dernier une bonne partie de la saison, il doit reprendre le rythme. Kara Pryor est un formidable remplaçant en flanker et quant à l’espoir Murphy Taramai, il a une réelle carte à jouer avec sa mobilité et sa technique d’ancien joueur de sevens. Effectif très dense à ce poste donc.

Ihaia West

A la mêlée, la bonne recrue Augustine Pulu est une vraie option pour Umaga. Joueur de sevens l’an passé, il apporte densité physique et vision du jeu de très grande qualité. Billy Guyton est aussi une bonne option, remplaçant de qualité et connaisseur du Super Rugby. Troisième demi de mêlée, Sam Nock est un grand espoir (20 ans) qui peut aussi tiré son épingle du jeu et faire de la concurrence à Pulu. En n°10, Ihaia West a vraiment progressé l’an dernier sous l’ère Umaga et aura fort à faire pour orchestrer l’attaque des Blues. Piers Francis est un joueur performant avec Counties Manukau et est une vraie seconde option, également en n°12.

George Moala

Au centre George Moala est la vraie seule certitude dans l’effectif. C’est un leader de jeu et une grande individualité. Il compte parmi les meilleurs joueurs de la franchise ces dernières années et cherche lui-aussi à se tailler une place dans le squad des Blacks cette année. A ses côtés, Sony Bill Williams est une option dans beaucoup des têtes. 2017 est une grande année pour lui après ses retours à XIII et son année assez loupée en rugby à VII, Williams tentera de retrouver le centre de l’attaque des All Blacks pour la tournée des Lions. Actuellement blessé il loupera les cinq premiers matchs et laisse donc une bonne opportunité à Rene Ranger. Ranger a partiellement réussi son retour aux Blues l’an dernier, après avoir joué en Europe. Il semble sur la pente descendante mais un bon encadrement et de l’entraînement peuvent le ramener à un poste de titulaire. Piers Francis est une vraie option en premier centre dans le style du passeur-organisateur. Tout dépend en fait des choix qu’Umaga fait et du style d’attaque que la franchise voudra développer. Dans le style inverse à Francis, en ball carrier, TJ Faiane est un grand espoir et à 21 ans il pourrait profiter de la blessure de Williams pour gagner du temps de jeu. Idem, à moindre mesure, pour Matt Vaega. Michael Collins peut éventuellement être une option selon les blessures, c’est un bon défenseur.

Rieko Ioane

Devant cette concurrence au centre, Rieko Ioane devrait être davantage utilisé à l’aile. Après être devenu une vedette des All Blacks Sevens, il est désormais courtisé par la sélection à XV après ses débuts en 2016. C’est une vraie pépite à seulement 20 ans, qui doit confirmer sur une saison entière. Melani Nanai est une valeur sûre des Blues, qui devrait alterner entre l’arrière et l’aile. En n°15, l’espoir de 19 ans Stephen Perofeta est une autre pépite dans le squad des Blues. Ouvreur de formation, c’est sans doute davantage à l’arrière qu’il a une carte à jouer. Il pourra progresser avec les -20 ans. Jordan Trainor est un autre espoir (21 ans) qui amènera de la concurrence à l’arrière et à l’aile. Le joueur de sevens Declan O’Donnell peut être une bonne surprise à l’aile. Technique et gros finisseur, il n’a jamais percé en Super Rugby alors qu’il enchaîne les franchises depuis 2011. A voir donc. Enfin, pour continuer dans le mélange des rugbys, le treiziste Matt Duffie a une carte à jouer après une saison 2016 assez loupée.

Perspectives & Pronostics

A parcourir les effectifs, on voit vite que le vivier de joueurs du rugby néo-zélandais est sans fond. Au-delà des All Blacks qui sont les leaders de chaque équipe, pléthore de joueurs ont une expérience très solide du Super Rugby, souvent dans la même franchise. C’est aussi ce qui fait la différence par rapport aux autres conférences : le leadership y est moins fort, les points d’appuis changent tous les ans, de nombreux joueurs partent. Dans les franchises en difficulté type Force, Rebels ou Cheetahs, on a l’impression que tout est à recommencer chaque année, après une intersaison chargée et la concurrence n’est pas claire du tout entre les joueurs. En Nouvelle-Zélande, la base du succès de ce système est la hiérarchie entre les différents niveaux de compétition et le Super Rugby se veut être l’étape intermédiaire – cruciale – entre les All Blacks et le niveau semi pro qu’est le NPC. Dans chaque franchise et quasiment à chaque poste, il y a au moins un joueur taulier, un joueur average qui dispose d’une bonne expérience du Super Rugby et un espoir, plus ou moins prometteur. C’est comme ça que la concurrence est bénéfique, tout le monde rentre en compétition avec tout le monde et un All Black de 50 sélections peut tout à fait se faire devancer par un jeune talentueux. Les effectifs et le recrutement sont conçus de telle manière à faire émerger le plus possible et le plus facilement des nouveaux joueurs, qui formeront les All Blacks de demain. C’est comme cela que l’on peut avoir des Tevita Li (21 ans) ou des Ardie Savea (23 ans) qui ont déjà trois et quatre saisons de Super Rugby dans les jambes, ce qui est impensable en France. Et il ne faut pas oublier que les Retallick, Barrett et A.Smith d’aujourd’hui ont tous commencé à 20 ans , mettant de côté d’anciens joueurs cadres du Super Rugby. Pour résumer, un vivier et des talents, ça se travaille. Le respect de la hiérarchie et de la progression, c’est ce qui fait que le système kiwi est le meilleur aujourd’hui. Et ce sera la même chose cette année : des néophytes comme Jordie Barrett (Hurricanes), Hame Faiva (Blues), Mitch Karpik (Chiefs) ou Stephen Perofeta (Blues) sont des All Blacks en puissance.

Les frères Barrett ont pris une autre dimension en 2016

2017 est une année cruciale pour le rugby néo-zélandais avec la tournée des Lions. Une bonne tournée commence par un bon Super Rugby, ce qui vaut pour les joueurs mais aussi pour les staffs et les franchises dans leur ensemble. Même si les entraîneurs n’œuvrent pas directement au service de la sélection nationale, ils ont un poids énorme pour la qualité du rugby des All Blacks. Leurs choix de joueurs, l’ambiance, les décisions de stratégies influencent grandement le futur des Blacks. Niveau jeu, la conférence néo-zed doit donc conserver son standing et pratiquer un rugby qui la caractérise : ouvert, audacieux et ambitieux.

On peut dire que malgré l’exode massif de joueurs kiwis en Europe – un vrai problème pour la NZRFU – les franchises ne sont pas diminuées. Il y a eu pas mal de transferts entre les provinces et de retours d’anciens joueurs cadres ou blessés (Nanai-Williams, Buckman, Gibson, Bateman, SBW, etc.). Mais dans cette intersaison, il semble quand même que les Blues se soient renforcés. Ce sera une équipe plutôt new look, qui sur la base du bon travail fait par Tana Umaga l’an dernier pourra prétendre aux playoffs. Les Blues cherchent à se renouveler depuis maintenant cinq ans mais ils semblent cette année davantage armés. A l’inverse, les Chiefs ont perdu en profondeur de banc et même s’ils étaient en avance sur la majorité du championnat en terme de jeu produit, certains déplacements périlleux devront bien être négociés. Les Crusaders semblent cette année réellement changer de cycle après le départ des entraîneurs Todd Blackadder et de Tabai Matson. L’ancienne franchise phare du Super Rugby cherche un nouveau souffle et peut clairement l’obtenir avec de nouveaux joueurs. Ca reste une équipe très solide mais qui peut très bien se faire dominer au sein de la conférence. Hurricanes et Highlanders – soient les deux derniers champions en titre – devraient rester sur leurs dynamiques et sont de nouveau favoris au titre. Au final, la densité de la poule fait que les cinq franchises sont candidates au titre. Elles formeront l’élite du Super Rugby avec les Brumbies et les Lions et sans doute les Waratahs, les Stormers voire les Sharks et les Jaguares. Certains disent que finalement le format est mauvais pour les équipes kiwis car elles « s’entre-tuent » entre-elles, limitant le nombre de points engrangés par équipe. Mais au final, le meilleur gagne à la fin. Et puis au-delà de ça, dans un Super Rugby sans descente et qui s’ouvre à d’autres Nations du rugby, gagner le championnat est loin d’être le seul objectif. Chaque franchise essaye de le faire, mais au niveau macro, il y a plus important : jouer un bon et un beau rugby. Surtout avec une tournée des Lions en juin.

Le XV type des joueurs à suivre

On vous propose pour finir un XV des joueurs à suivre dans chaque conférence, pas forcément le XV type par définition mais une équipe de joueurs un peu moins connus, prometteurs, audacieux ou qui reviennent cette année après des blessures et des changements de clubs. Un XV de connaisseurs si vous préférez !

 1. Reggie Goodes (Hurricanes) – 2. Hame Faiva (Blues) – 3. Nepo Laulala (Chiefs) – 4. Vaea Fifita (Hurricanes) – 5. Josh Goodhue (Blues) – 6. Akira Ioane (Blues) – 7. Blake Gibson (Blues) – 8. Liam Squire (Highlanders) – 9. Augustine Pulu (Blues) – 10. Richie Mo’Unga (Crusaders) – 11. Shaun Stevenson (Chiefs) – 12. Richard Buckman (Highlanders) – 13. Tim Nanai-Williams (Chiefs) – 14. Nehe Milner-Skudder (Hurricanes) – 15. Jordie Barrett (Hurricanes)