(Disparition) Hommage à Tom Raworth, par Jacques Roubaud

Par Florence Trocmé

"J'ai toujours dans l'oreille les extraordinaires lectures de TOM. Il lisait d'une manière extrêmement rapide sans jamais buter sur un seul mot. Le passage d'un vers à un autre, à cause de cette rapidité était tel (et les poèmes étaient bâtis pour produire cet effet) que l'oreille avait à peine le temps de décider si ce qui venait après la tranchante coupure du vers, l'aller-à-la-ligne oral du vers, devait être entendu comme lié à ce qui était venu avant ou annonçait ce qui arrivait maintenant. C'était fascinant, éblouissant, presque hallucinant.
 
Avant chaque lecture, TOM prenait un très long moment pour se concentrer. Il en sortait épuisé. Pour qui savait qu’il souffrait d’une maladie cardiaque grave (elle a fini par l’emporter), à la tension de la lecture s’ajoutait la crainte que sa performance ait une conséquence grave pour sa santé. Mais il ne renonçait pas à lire. La mise en voix de ses poèmes par lui-même était pour lui une composante essentielle de son art."
Jacques Roubaud


NDLR : Le poète anglais Tom Raworth vient de disparaître ce 8 février 2017. Il était éditeur, professeur et écrivain. Il fut le premier à publier des livres de Charles Olson en Angleterre via les presses Goliard  (plus tard Cape Goliard,) qu'il avait fondées avec Barry Hall.
Il a aussi réalisé de nombreux collages et montages. On peut en voir quelques exemples sur son site.
On peut y lire son dernier et très bouleversant texte publié toute fin janvier, alors qu'il se savait perdu.

On peut lire aussi cette note biobibliographique sur le site des Editions isabelle Sauvage qui ont publié un livre avec Tom Raworth.