Il est impossible d'avoir la moindre sympatrie pour la politique de colonisation menée par l'état hébreu d'Israël sur les territoires palestiniens de Cisjordonnie.
Le seul sentiment légitime que l'on peut éprouver c'est le rejet total et inconditionnel et si on se laisse aller à de l'émotion, la colère s'installe vite et la détestation n'est très loin!
Le livre de Sylvain CYPEL, paru en 2006 chez les éditions LA DECOUVERTE. sous le titre " LES EMMURES - La société israelienne dans l'impasse " peut se targuer de participer, en lesexpliquant sans les justifier pour autant, à ce rejet, cette colère et détestation.
Il convient en premier lieu de savoir qui en est l'auteur.
Sylvain CYPEL est un journaliste, fils du directeur du dernier quotidien yiddich au monde, qui a passé sa jeunesse en Israël où il a étudié à l'Université Hébraïque de Jérusalem. Il a effectué de nombreux reportages en Israël pour le compte du COURRIER INTERNATIONAL puis du quotidien LE MONDE et il a notamment enquêté sur les accords de CAMP DAVID et sur la seconde INDIFADA palestinienne. il s'agit donc d'un homme qui connait bien son sujet et qu'on ne peut taxer d'avoir des préjugés anti-israéliens ni d'a-priori anti-juifs.
Et pourtant, son ouvrage, un pavé de 450 pages, écrites en petits caractères, est un véritable réquisitoire contre la société israélienne, qui à travers toutes ses composantes - armée, système scolaire, institutions politiques, intellectuels, presse - n'a cessé depuis la création de l'état hébreu en 1948 et après l'occupation des territoires palestiniens en 1967, de nier l'existence du peuple palestinien, et de justifier la "supériorité morale" des israliens.
Il est impossible de résumer cet ouvrage qui constitue, comme le signale une critique du COURRIER INTERNATIONAL, "à la fois une histoire d'Israël depuis 1947, une remarquable analyse de l'état d'esprit des israéliens aujourd'hui et une critique lucide de la politique israélienne à l'égard es Palestiniens".
L'auteur n'hésite pas à parler de la " brutalisation" de la société israélienne à l'égard des palestiniens, qu'ils soient restés en Israël ou qu'ils soient installés dans les territoires occupés de la Cisjordanie. Il évoque une sorte de " pied-noirisation" des colons israéliens qui sont convaincus de la "nature animalière les arabes". Cette " algérisation" de la mentalité des israéliens a fini par ancrer dans les esprits une double certitude, celle de " l'annulation de l'autre" qui conduit irrémédiablement à la conviction que " il n'y a pas d'interlocuteur ".
La lecture de cet ouvrage nécessite beaucoup de concentration et d'esprit critique pour ne pas se laisser entraîner dans une haine inutile de tout ce qui est juif : mais il est certain que les éléments présentés par Sylvain CYPEL justifient largement le titre que j'ai donné à ce billet : "ZID KERAHNI FIK!" (fais-toi détester davantage).
Il est bien entendu que ce "FIK" - ce "toi" - se rapporte aux dirigeants israéliens, aux leaders sionistes, aux colons racistes et fanatiques et non pas aux juifs en tant que tels.
P.S. : il faut noter le silence et l'indifférence quasi unanimes de la presse française au sujet de cet ouvrage! Cela démontre bien que Sylvan CYPEL a su appuyer là où cela faisait mal à la bonne conscience des dirigeants de l'état hébreu.