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C'est à l'université de Paris-Sud que j'ai participé à ma première game jam, du 20 au 22 janvier 2017, date de la neuvième édition de la Global Game Jam. Cet événement international a pour but de rassembler développeurs, graphistes, game designers et autres, dans 701 sites autour du globe, dans une sorte de marathon où les récompenses sont la rencontre et le partage, où le but est de donner le meilleur de soi et de dormir le moins possible (48h pour faire un jeu, c'est un délai qui file très vite, les jamers vous le diront).
Le site de l'université Paris-Sud est supervisé par l'association APOIL (l'Association des Passionnés d'Œuvres Interactives et Ludiques), qui organise d'autres événements autour du jeu vidéo dans un bâtiment du sud de la fac. L'ambiance y est conviviale - seulement une trentaine de participants - et la plupart des gens se connaissent. On est loin de la grosse game jam qui rassemble des centaines de participants anonymes, et c'est peut-être plus accueillant pour une première expérience.
Le vendredi soir, après une vidéo de présentation de la Global Game Jam gorgée de sponsors, de conseils et d'une touche de fun (c'est vrai quoi, c'est du jeu vidéo, alors autant être détendu!) le thème est donné. En effet, chaque année, un nouveau thème vient contraindre les créateurs à redoubler d'imagination pour trouver des idées de gameplay originales sans pour autant tomber dans le hors-sujet. "Waves (vagues)" était le thème de cette édition, de quoi trouver de nombreuses idées entre les vagues marines, les vagues d'ennemis, les ondes sinusoïdales, et autres... vagues.
Le but était donc, pendant 48h (on rend les copies le dimanche à 19h), d'imaginer, conceptualiser, développer un jeu. Créer les sprites (les animations 2D) ou les assets 3D, composer là ou les musiques et la bande-son du jeu (les coups, déplacements ou autres bruits d'ambiance, bref le sound design). Programmer le code du jeu en y intégrant tous ces éléments, revoir les défauts, les bugs, le tester, revoir à nouveau, tester encore pour tenter d'arriver au résultat le plus abouti possible. Le tout en dormant de temps en temps pour ne pas tomber de fatigue avant la fin. JB, un pixel artiste, est resté éveillé 48h avant de s'accorder un somme pour créer les graphismes d'un jeu.
Au final, six jeux ont émergé de cette game jam à la fac de Paris-Sud. Un seul était complètement achevé, sans doute parce que ses créateurs s'en était tenu à une idée simple mais efficace et facilement réalisable. Du moins plus facilement réalisable que la plupart des autres. Une équipe avait tenté de créer un court "walk simulator" (à titre d'exemple, "Firewatch" entre dans cette catégorie), en 3D. Mais faute de temps, et travaillant sur un logiciel qu'ils connaissaient mal, leur produit était loin d'être fini. La fièvre de la game jam passée, peut-être n'aboutira-t-il jamais, malheureusement.
Pourtant, même si ce jeu devait ne jamais voir le jour, l'expérience que fut sa création n'en reste pas moins intense. La game jam est un événement qui sort de l'ordinaire et stimule les participants à la création. Ce n'est pas pour rien que ça s'appelle une "jam". À l'instar de la jam musicale, où les musiciens créent un morceau en improvisant, il faut pour créer un jeu en si peu de temps une bonne dose d'efficacité, de dialogue et d'ouverture aux autres (le musicien écoute ses compagnons, le développeur aussi) mais aussi un sens de l'improvisation, car l'imprévu n'est jamais impossible. Et force est de constater que plusieurs jeux que l'on peut rencontrer sur Steam et autres plateformes dédiées au jeu vidéo sont issus de game jams, avec quelques finissions ultérieures ("Titan Souls" pour ne citer que celui-ci). Mais il est aussi possible de trouver de nombreux autres jeux - gratuits - qui sont aboutis et méritent le détour. Autant de micro-expériences vidéoludiques issues de l'imagination fertile de leurs créateurs, dans des dispositions que seules les game jams savent créer.