-Comment t’es venu l’idée pour
Je trouve que les blackbooks représentent quelque chose de magique, non seulement on découvre un artiste de façon plus authentique (le mur c'est le show ou le hasard et l'impulsif est bien moins présent que dans le carnet de croquis) mais en plus la qualité des tracés y est bien plus spontanée et parfois moins crispée que sur les murs qui tentent de reproduire le croquis.
-Pourquoi ton choix s’est porté sur ces 10 artistes précisément ? Quel est le point commun que tu partages avec eux?
Il s'agit principalement de 10 artistes dont j'admire particulièrement le travail, nous avons probablement en commun une passion pour le graffiti qui s'exprime de différentes façons.
Ils ont été spécialement réalisés pour ce livre? Je ne saurais le dire, chacun était assez libre de faire comme il l'entendait, il y a probablement des dessins qui sont déjà apparus sur des murs, certains ont été également produits pour le livre c'est d'ailleurs mon cas pour quelques pages, mais il n'y a pas de vraies raisons, j'aurais pu prendre uniquement des pages de livre de croquis.
-Qu’y a-t-il derrière le mur?
Nous, peut-être...
Chacun a contribué financièrement au livre, les 10 ont couvert la moitié des frais d'impression et je me suis chargée du reste avec des fonds propres et en démarchant des sponsors. Les contraintes graphiques concernaient uniquement les deux premières pages, pour les 8 suivantes il n'y avait que la recommandation de ne pas trop mettre d'infographie pour rester au plus proche de l'esprit "carnet de croquis". C'était intéressant parce que j'ai eu la surprise des choix de chacun au moment de la reddition des travaux, mais aussi un peu stressant parce que je ne maîtrisais pas l'entier du processus et étais par conséquent tributaire des impulsions graphiques des participants. Je ne trouve pas facile de s'en remettre à des gens que l'on ne connait presque pas.
Je pense qu'en Suisse on est encore très frileux au niveau du graffiti, souvent associé à tort à l'insécurité et la saleté, deux concepts que la Genève internationale cherche à tout prix à cacher à ses visiteurs fortunés. Il y a aussi un passé historique étroitement lié au graffiti en France, c'est dans ce pays que ce sont rendus beaucoup d'artistes qui ont importé le graffiti en Europe. Cela fait donc partie de la culture française. Au contraire, en Suisse, l'art ne se veut pas populaire et est souvent réservé à une élite fortunée, donc pas de place pour les graffeurs une fois de plus. Je présume qu'il y a encore une tonne d'autres raisons sociales, historiques et financières la question est en tout cas très intéressante.
Ce n'est sans doute pas le meilleur, mais c'est un moyen (notre livre est du reste archivé à la Bibliothèque nationale) et puis un beau livre ça fait plaisir à feuilleter et ça va toucher des personnes qui n'iront pas forcément errer sur les terrains de jeu urbains des artistes. En ce qui concerne le prix, il s'explique aussi par le fait que le livre n'a pas été engendré dans une optique de profit mais à l'instar de notre art en extérieur, pour montrer ce que nous savons faire.
Oui, mais cette fois-ci, on va regarder plus loin. Je peux déjà dire qu'il y aura quelques artistes du premier volume et d'autres provenant d'autres pays, certains graffeurs sont connus, d'autres moins mais tous ont en commun qu'ils font de très jolis dessins qui méritent d'être partagés.
Les 11 artistes qui ont participé à ce livre:
Wozdat
Moru
Grock
Doer
Amikal
Padkol
Zcäpe
Sevenlab
Kornflex
TCK
Slamer
Pour prendre contact avec AMIKAL: http://amikal.xyz/
L'actualité du graffiti genevois ici
Et demain est un autre jour!