Les chercheurs ont testé chaque participant étudiant, assis à une table avec les mains orientées soit paumes vers le haut, soit les paumes vers le bas. Les participants ont regardé une série de vidéos montrant une main touchée, droite u gauche, à des emplacements variables, sur le dessus, sur la paume, au niveau de l'index, de l'annulaire, l'index ou l'anneau...Les participants devaient dire s'ils ressentaient quelque chose, et si oui où, et décrire leur sensation. Dans une deuxième expérience, les chercheurs ont testé les temps de réaction de certains participants pour exclure toute simulation. Sur les 2.351 étudiants testés,
-45 sont identifiés comme présentant une synesthésie visuo-tactile, ce qui suggère une nouvelle estimation de cette forme de synesthésie, aux alentours de 2%.
-Ces participants synesthètes décrivent en regardant les vidéos et en temps réel ce qu'ils ressentent, comme s'ils faisaient partie du film, explique l'un des chercheurs.
L'étude constate des similarités chez ces 45 synesthètes :
-par exemple, lorsque leurs mains et la main de la vidéo sont dans la même position, les participants ressentent la sensation de toucher sur la même surface et le même site que celui stimulée dans la vidéo.
-lorsque leurs mains sont dans une position différente, vs vidéo, un groupe de participants ressent une sorte de " toucher fantôme " ou effleurement sur la surface de leur main face vers le haut indépendamment du côté touché dans la vidéo.
-L'autre groupe ressent cet effleurement sur la surface stimulé dans la vidéo indépendamment de la position réelle de la main. Cependant ces sensations apparaissent plus fréquentes lorsque la position des mains des participants correspond à la position des mains de la vidéo, comme si le cerveau " matchait " " la main vidéo " à la propre main du sujet.
Le toucher est géré dans le cortex somatosensoriel, la zone qui traite les données transmises par la multitude de neurones responsables du toucher. Et la quantité d'espace de traitement occupée par les doigts dans cette zone du cerveau est presque équivalente à l'espace consacré à toute la partie du corps allant des avant-bras au milieu du torse. Les sujets atteints de synesthésie visuo-tactile cartographient les données différemment mais les scientifiques ne savent pas vraiment comment. Ils suggèrent que certaines zones du cerveau somatosensoriel seraient hyperactives chez ces sujets synesthètes au point qu'ils se sentent touchés alors que ce sont d'autres qui le sont. Prochaine étape, regarder via l'IRMf quels réseaux sont les plus actifs dans cette forme de synesthésie, Une hyperactivité somatosensorielle ? pour le plaisir de mieux comprendre la variété de l'expérience humaine et du fonctionnement de l'esprit.