(anthologie permanente) Farhad Showghi, un dossier de Jean-René Lassalle

Par Florence Trocmé

Je ne peux dire à quelle distance des voix s’animent, comment c’est là-bas, quel regard veut obtenir quelque chose strictement sans moi. Sur l’effet d’ensemble des arbres je ne peux rien dire, des arbres, maisons et rangées de fenêtres lentement revues en sens inverse, fugaces derrière taches de lumière et fruitiers de terrasse en vases galbés. Dans un vide de même force, derrière la ligne en zigzag du massif couleur kaki, notre voiture rouge et blanche se sépare du jour, accède à une vitesse longuement amorcée, progressant peut-être vers un lointain modéré, rajusté par la chaleur du midi et une poussière voltigeante, par un bas-côté en glissade vers la mer, aux champs de riz et buttes pierreuses perdant une route et un temps dont personne encore n’a suggéré la fin.
Source : Farhad Showghi, Die große Entfernung, Engeler 2008. Traduit de l’allemand par Jean-René Lassalle.
Ich kann nicht sagen, in welcher Entfernung sich Stimmen regen, wie es dort ist, welcher Blick etwas einholen will ganz ohne mich. Ich kann über die gemeinsame Wirkung von Bäumen nichts sagen, Bäumen, langsam zurückgedrehten Häusern und Fensterreihen, sprunghaft hinter Lichtflecken und Terrassenobst in bauchigen Schalen. In gleichstarker Leere, hinter der Zackenlinie des khakifarbenen Massivs, trennt sich vom Tag unser weißroter Wagen, findet einen Zugang zu längst angefangener Geschwindigkeit, unterwegs vielleicht zu einer mäßiger, mit beweglichem Staub und Mittagshitze nachgestellten Weite, mit meerwärts abschmierendem Strassenrand, an Reisfelder, Steinhöhen verlierend Fahrt und Zeit, über deren Ende noch niemand gesprochen hat.
Source : Farhad Showghi, Die große Entfernung, Engeler 2008.
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On joue à s’attraper, plutôt tomber au hasard, nous commençons par des peupliers blancs juste apparus, leur août rapide. Retiré l’œil de la fenêtre, veux-tu me dire, c’est plus pesant. Le soleil nous atteint jusqu’aux langues. Mais brille seulement à la fin. Insiste surtout à gauche au-dessus des arbres  : lente dévoration de groupes de nuages. Ensuite une avancée plus claire en chien qui aboie. Essayons de voir où sont les pieds. Les arbustes se nomment de manière décousue : d’abord bravement baie de zereshk, à hauteur de sol donc bout de nez – enfin un léger revirement avec épine-vinette. La lumière est autre maintenant. Les doigts dérapent, nous nous entendons parler, il arrive du lait, nous évoquons les ondes vocales, disons zereshk, sirop bid meshk, avons bientôt raison : les visages sont de retour : apportant appel d’air sur chemise et pantalon.
Source : Farhad Showghi, Die große Entfernung, Engeler 2008. Traduit de l’allemand par Jean-René Lassalle.
Wir spielen fangen, etwas planloses Fallen, beginnen mit eben erschienenen Weißpappeln, ihrem schnellen August. Nahm das Auge vom Fenster, willst du mir sagen, und wurde schwer. Die Sonne geht uns an die Zungen. Scheint aber am Ende nur. Meint eher links über den Bäumen: Langsamer Verzehr von Wolkengruppen. Gleich deutlicher ein Vorsprung als bellender Hund. Lass uns nachschauen, wo die Füsse sind. Die Sträucher heißen ganz durcheinander: Tüchtig noch Sereshk, in Bodennähe auch Nasenspitze – dann leichter Umschwung mit Sauerdorn. Das Licht ist anders geworden. Die Finger verrutschen, wir hören uns sprechen, es kommt Milch, wir meinen Mundlautwellen, sagen Sereschk, Bid meschk, bald haben wir recht: Und zurück die Gesichter: Tragen Luftzug über Hose und Hemd.
Source : Farhad Showghi, Die große Entfernung, Engeler 2008.
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Je voudrais dire que la brouette est là dans le jardin. Avec de l’eau de pluie, si elle ne s’appuie pas à gauche contre le tas de bois. Je dis que le changement de lumière me déforme les mots dans la bouche ; avec comme une observation de la langue. Et tout ce qui est vite contrecarré. Même la ressemblance de la cuve d’eau avec façon de parler et gain de temps. À l’instant j’ai levé la tête et ri vers un lointain. Si je ne veux pas laisser mon hésitation sans objet, je transporte un seau sur le gazon et ne renonce pas à mon visage entier. Qui donc pourrait ne penser qu’à un nez et une lèvre quand les nuages se déplacent ? La portée de voix arrive juste en haut de la rue. Un souffle d’apparition et redisparition, question sur la sorte de branche et le sécateur peut-être. Pas encore d’aménagement du jardin permettant de visiter. Un regard vers le ciel peut divertir. Il y a le réconfort et les fleurs grimpantes. Aussi cette chose luisante qu’est l’impossibilité. Dans le dos une circulation de voitures s’amasse et entraine une sortie de maison vers la droite avec les abeilles. Je perçois une rumeur qui veut bruire et marteler. Quelque part réparer.
Source : Farhad Showghi, dans Lyrikline.org, 2016. Traduit de l’allemand par Jean-René Lassalle. (écouter ce poème lu en allemand par l’auteur)
Ich meine, dass im Garten die Schubkarre steht. Mit Regenwasser, wenn sie nicht links am Holzstapel lehnt. Ich sage, Lichtwechsel dreht mir das Wort im Mund herum. Wie Sicht auf die Zunge. Und alles, was leicht vereitelt wird. Auch die Ähnlichkeit der Regentonne mit Redeweise und Zeitgewinn. Erst vorhin hob ich den Kopf, lachte in eine Ferne hinein. Will ich mein Zögern nicht gegenstandslos lassen, trage ich einen Eimer über den Rasen, verzichte nicht auf mein ganzes Gesicht. Wer denkt schon ständig nur an Nase und Lippe, wenn die Wolken ziehen. Die Rufweite ist gerade oben an der Straße. Ein Anflug von Auftauchen und wieder Verschwinden, Frage nach Zweigart und Schere vielleicht. Noch keine herumführende Gartengestaltung. Ein Blick in den Himmel kann unterhalten. Es gibt Zuspruch und Kletterblumen. Auch das leuchtende Ding der Unmöglichkeit. Im Rücken staut sich ein Autofahren, schiebt Hausverlassen mit Bienen nach rechts. Ich vernehme ein Rasseln, das rascheln will und feststampfen. Irgendwo reparieren.