Lorsqu'elle était petite fille, elle s'endormait brusquement passant d'un état de veille plongée dans sa lecture à un état de sommeil profond ; son père, lorsqu'il montait se coucher s'arrêtait invariablement devant sa chambre pour éteindre sa lampe de chevet ;
Plus tard, alors qu'elle ne revenait plus dans la maison de son enfance que le temps de quelques embrassades, il continuait ce rituel comme un instant magique qui n'appartenait qu'à eux deux ; parfois elle lui faisait la grâce de se réveiller et ils riaient ensemble ;
Ensuite, les autres hommes de sa vie perpétuèrent cet usage caressant son visage d'un geste léger tout en prenant soin de ne pas s'immiscer dans ses rêves ;
cependant c'est à lui seul, le père de ses enfants, qu'elle racontait avec aisance et légèreté quand elle s'en souvenait et il savait bien que ce don lui était réservé ;
Il était arrivé un moment ou elle s'était demandé si la mort ressemblait à cet instant de " lâcher prise ", ou plus rien ne pouvait l'atteindre et où elle se retrouvait seule et comme emportée dans des profondeurs marines glissant au milieu des longues herbes douces-amères ;
Elle n'avait pu résoudre ce mystère qui occupait la plupart de l'humanité depuis déjà quelques millénaires.....
Ce qu'elle souhaitait cependant elle le savait depuis longtemps ; elle voulait reposer sous une treille de rose, près d'un banc sur un tapis d'herbe verte ; un petit banc tout simple ; peu importait la couleur du rosier d'ailleurs, c'était juste une coquetterie innée chez elle ; que tout soit esthétique, bien agencé et confortable en plus ;
Ses amis pourrait venir lui rendre visite dans un endroit cosy et lui raconter comme ils le faisaient habituellement leur quotidien, les livres lus et les dernières expositions visitées.
Elle écouterait ses enfants lui confier leurs joies et leurs peines et espérait de toutes ces forces parvenir à leur insuffler l'espoir qui faisait défaut à leurs contemporains ;
Une treille à palabre..... ces termes résumaient un peu de son existence, elle qui n'avait jamais eu la sensation de laisser une quelconque empreinte quelque part....elle qui avait vécu au milieu des vignes, des fleurs et des baobabs..... un lieu ou se retrouver et communiquer, écouter les autres sans toutefois porter de jugement de valeur.....
peut-être que cela arriverait après ?
lorsqu'elle serait là près de son rosier et de son banc de pierre....