Djinn, T7 : Pipiktu

Par Belzaran


Titre : Djinn, T7 : Pipiktu
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinatrice : Ana Mirallès
Parution : Octobre 2007


« Pipiktu » est le septième tome de « Djinn ». Sa parution chez Dargaud date d’il y a environ cinq ans. Comme les albums précédents, Jean Dufaux s’occupe du scénario et Ana Miralles des dessins. Cet opus est le troisième du cycle africain de la série. Ce dernier succès au cycle ottoman qui se composait des quatre premiers ouvrages. Ce sont les conseils de mon frère associés à la présence de Dufaux sur la couverture qui m’avait guidé vers cette célèbre saga du neuvième art.
Malédictions, révoltes et vengeances.
L’histoire générale est construite autour du personnage de Jade et de sa petite-fille Kim. Cette dernière est à la poursuite du passé de sa grand-mère, ancienne favorite du harem d’un sultan. Ses aventures l’ont déjà mené sur les traces d’un trésor et la voici donc en Afrique en train de retrouver les traces de son aïeule. Dans le premier opus du cycle, toute la narration se construisait autour de Jade. Le deuxième faisait apparaitre Kim dans ces nouvelles contrées. Dans « Pipiktu », la lumière s’attarde une nouvelle fois sur Jade, qui prend ici les traits d’une déesse capable de guérir du mal… Cet album s’adresse à un public plutôt adulte. Le propos n’est pas léger. La trame est relativement dense et certaines scènes ne s’adressent pas à un public trop jeune. La part de fantastique que possède l’intrigue tourne autour de thématiques noires. Les malédictions, les révoltes et les vengeances sont au centre de la narration. L’histoire est dense, mêle bon nombre de personnages et ne ménage aucun réel temps mort à la lecture. Cet album est dans la lignée des deux précédents. Alors que le cycle ottoman m’avait un petit peu déçu par son rythme lent, l’africain est lui plus intense. En tant que lecteur, on se sent davantage impliqué dans les événements. Cet aspect se traduit par l’atmosphère envoutante qui accompagne notre découverte de chaque page. Beaucoup de scènes génèrent chez nous du malaise, de la tristesse, de la souffrance ou encore parfois du soulagement. Tous ses sentiments sont développés de telle manière qu’on a l’impression d’être dans les pas de certains personnages lorsqu’ils s’aventurent dans cette forêt obscure et inhospitalière. Je trouve d’ailleurs que les scènes nocturnes sont particulièrement réussies. Elles nous font quitter notre simple statut de lecteur pour nous plonger profondément dans cet univers hostile. En ce sens, la qualité du travail d’Ana Mirallès est à signaler. Pour ceux qui ont lu mes critiques sur les précédents albums de la série, vous savez déjà que je suis loin d’être tombé sous le charme de son style que je jugeais jusqu’alors froid et relativement inexpressif. Il se révèle que ma rencontre avec cette dessinatrice est bien plus agréable dans ce cycle africain. Je trouve qu’elle arrive à créer un monde plus dense et réaliste. Cela offre une lecture plus intense. Je reste toujours assez réservé sur la manière avec laquelle elle montre les expressions de ses personnages. Je les trouve toujours moins expressifs que je le souhaiterai. Mais l’atmosphère qui les entoure suffit  à nous transmettre leurs angoisses, leurs espoirs ou leurs tristesses. En conclusion, je suis sorti très satisfait de la lecture de « Pipiktu ». Je trouve que l’album possède une histoire passionnante qui ne souffre d’aucun temps mort. L’intensité monte d’un ton encore par rapport au précédent et j’ai hâte de me plonger dans le huitième opus de la série qui s’intitule « Fièvres ». Autant je découvrais le premier cycle avec plaisir mais sans réel empressement, autant le second génère chez moi une petite impatience de connaitre la suite. C’est plutôt bon signe…