Pour une restructuration politique Vers une écologie du respect.

Publié le 05 février 2017 par Valabregue

« S’allier avec les hommes et les femmes qui tentent de rendre la terre respirable, »

Cynthia Fleury in LIbe du 17oct 2016

 

Il est question de rassembler les écologistes pragmatiques et les humanistes sceptiques au sein d’une structure profondément respectueuse de la diversité, intégrant la finitude de notre condition.

L’écologie est une façon de vivre trop essentielle pour faire l’erreur d’adopter les classiques découpages qui alimentent l’impuissance au quotidien. Il paraît ainsi utile de revisiter ce qui rassemble et ce qui divise. Donner à rêver et matière à faire. Et s’organiser

Le contexte général

  • Nous sommes face à une mutation du monde qu’on l’appelle société post industrielle ou de la connaissance ou de l’information, peu importe.
  • Chacun sait plus ou moins bien que nous assistons à un bouleversement des façons de produire, de consommer, d’organiser notre vie personnelle et familiale, d’apprendre et de faire société autrement que sous la toute puissance de l’argent, du contrôle permanent  et du mépris du caractère fragile de la terre.
  • Les problèmes rencontrés sont gigantesques : démographie non contrôlée, dérèglement climatique, acidification des océans, déforestations massives, terres menacées d’infertilité, multiplication de produits toxiques issus d’une chimie toute puissante, pollutions croissantes, dont celles dues à un CO2 non absorbé, manque d’eau pour 1 milliard de personnes, épuisement des ressources de la planète, notamment certaines ressources rares, migrations climatiques et politiques, surconcentration des richesses aux mains de minorités, fuites massives devant la fiscalité, non régulation des grosses multinationales, (comme Google ou Monsanto), chômage massif croissant, territoires abandonnés, populations maltraitées non soignées, réfugiés abandonnés, mutisme devant les pratiques de certains pays (Arabie Saoudite, US Guantanamo, Chine…)  pour raisons de réalisme diplomatique…

La situation politique franco française

  • La « gauche » au pouvoir a raté les réformes indispensables en matière territoriale, éducative, financière, emploi, démocratie participative, justice, énergies renouvelables, n’a pas réussi à inspirer des propositions au  plan européen. Le FN continue de prospérer et la droite classique s’en rapproche beaucoup.

Lignes générales d’un chemin d’espoir

  • Nous devrions avoir le courage de proposer un chemin différent que celui emprunté par les partis traditionnels, prenant en compte les lourdes dettes qu’un mode de croissance, peu soucieux de ses effets sur le long  terme, nous a laissé.
  • Nous avons à éviter l’incantatoire et le simplisme, aller au delà d’une vision qui se contenterait de droits et de règles, pour mettre en avant les états d’esprits nécessaires pour du résolutoire prenant en compte les singularités, les collectifs existants afin d’instaurer une gestion  partagés des biens communs.
  • Nous avons à minimiser les dysfonctionnements de tous ordres.
  • Nous avons à développer les capacités à s’auto réguler en traitant son propre rapport à la diversité et la finitude.
  • Nous avons à sortir de la survalorisation  des procédures techniques pour palier les problèmes rencontrés.
  • Nous avons à être à une certaine distance du  monde purement virtuel. Et reconstituer des pouvoirs locaux.
  • Nous devrions nous mettre d’accord  sur les échelles spatiales et temporelles  adéquats à nos projets.

En particulier, Il nous faudrait réduire nos peurs, combattre la suffisance, l’accusation de l’autre ainsi que la sous-estimation de nos responsabilités. Il nous faudrait aussi pouvoir parler de nos doutes, tracer un chemin qui nous rend de moins en moins prisonniers des images et de la finance.

Inventer de nouvelles formes de démocratie, articulant démocratie représentative, directe et latérale, c’est à dire ce qui vient du haut, du bas et du voisin.

Les questions ne sont plus simplement de l’ordre d’avoir le droit ou  d’être informés (ni de la censure d’ailleurs), mais comment quérir les bonnes informations nécessaires à la solution de problèmes correctement posés. Comment valoriser les meilleures solutions et se mettre en capacité de traiter les résistances à leur transférabilité (exemple de la Suède et de la taxe carbone par exemple).

Organiser la transition du « faire pour » au« faire avec », en changeant de braquet

  • Instituer  vraiment thème par thème le lien avec les citoyens. Conditionner la prolongation des carrières politiques au vote.
  • Offrir à de larges couches de la population la possibilité de s’impliquer dans la gestion de la vie en commun, à toutes les échelles. Dès maintenant commencer à faire fonctionner les choses autour de douze thèmes ci-joint et d’un calendrier partagé qui permette à des sensibilités différentes de se rencontrer physiquement. Tout en prônant de renforcer le conseil économique et social en lui donnant des missions autour des douze pôles
  • Elaborer un échelonnage des objectifs.
  • Encourager une façon de faire qui n’aurait de cesse de dégager les accords pour mieux se mettre d’accord sur les désaccords et élaborer collectivement des scénarios de substitution.
  • Travailler à la fois sur les trois plans que sont, le curatif, le préventif et le questionnement.  On pourrait imaginer, par exemple, de privilégier  de réduire ce qui contribue à la servitude volontaire,  d’opter pour cicatriser les maltraitances, les malveillances faites aux enfants,  de réduire celles faites aux parents, de proposer une vaste réforme de l’Education donnant une culture des interactions et de la responsabilité, une capacité à produire des consensus en repérant les dissensus, à extraire l’essentiel,  à prendre des initiatives, à capitaliser les réussites, à instituer des dispositifs de médiation, de remédiation et de régulations à tous les échelons

Reformuler des visées audacieuses.

Sur l’écart des revenus, sur le respect de l’intimité, sur le droit de mourir dans la dignité, sur les  grands travaux utiles,  la fin de l’évasion fiscale, l’impunité des gens qui profitent de la dette, l’arrêt des cumuls, la taxe carbone, les taxes des connexions sur Internet, le fédéralisme à inventer, pour faire en sorte que tout le monde ait une place, un toit, de la nourriture et une formation.

Voici une tentative, fruit d’échanges allant de la droite humaniste à la « gauche de la gauche ».  Voici  douze pôles,  déclinaison des phases d’un processus vivant qui  pourraient constituer la charpente d’un mouvement digne de ce nom.  Douze pôles structurés en 4 phases. L’économie n’y figure plus. Elle a trop montré ses limites dans sa tentative de tout conditionner à elle.

Ce qui permet l’existence

  1. Pôle des initiatives et réussites à promouvoir, encourageant le partage, l’équité et la responsabilité. Mettre à disposition des habitants, les «  bonnes nouvelles », les actes généreux de la planète. Permettre d’avoir un lien pour recevoir ces nouvelles sur le portable.  Vers une économie de l’attention qui réduit les charges inutiles et  promeut le durable. Réduire les tracasseries pour créer son emploi. Simplifier de code du travail. réduire l’obsolescence programmée. Afficher les coûts réels des produits. Encourager les biotechnologies de la réparation. Faire adopter principes de l’économie circulaire.
  2. Pôle de la résilience locale, encourageant les liens interculturels, le dialogue intergénérationnel, l’autonomie en  légumes, l’eau de qualité, utilisant les compétences des séniors, commençant à  détecter et réduire les maltraitances, à s’occuper d’insertion,  incitant à réparer les objets, à consommer de façon plus intelligente, à intervenir sur les insécurités, à promouvoir la connaissance de soi, à échanger sur les difficultés rencontrées, à inciter à réduire les souffrances et les dépendances…Implanter en 10 ans, une maison de la bienveillance locale par fraction de 5000 habitants, et mieux utiliser les lieux publics.
  3. Pôle de l’information et de démocratie citoyenne  sur 4 niveaux d’espace (local, régional, national-Européen, mondial et trois temporels du court, moyen, long terme grâce à une identité numérique garantie, par l’intermédiaire d’un média public spécifique dédié à cela. Limiter à une fois, la réélection  par paire H/F des élus. Prévoir le reclassement en fonctionnaire de la catégorie A, si difficulté à retrouver du travail.

Ce qui la rend tranquille.

  1. Pôle  du logement, des territoires et des transports publics, chargé de  réduire drastiquement les coûts inutiles et la pollution. Dé-diélisation, végétalisation des routes. Réduire et trier les déchets, minimiser les dépenses de chauffage (diminuer les impôts pour ceux qui font des efforts). Repenser les modalités  de livraison des marchandises. Encourager la location généralisée responsable, pour avoir un logement adapté aux évolutions. Financer la mise aux normes des anciens bâtiments. Dé carboniser et dépolluer les transits en centre–ville.
  2. Pôle de la santé publique incluant l’hygiène du corps, contrôlant l’agriculture, encourageant les médecines qui vont au delà des symptômes.  Mettre en place une véritable agence publique pour les usagers, financée par l’industrie pharmaceutique. Expertise indépendante des médicaments, vendus à l’unité. Incitation à la mutualisation des baisses de prix. Réorienter la médecine de ville vers les actions de prévention et de santé publique (en rendant obligatoire de participer aux opérations collectives d’hygiène et de santé publique). Supprimer les consultations privées dans les hôpitaux.
  3. Pôle chargé des questions de  sureté, incluant la sécurité, l’armée, les renseignements, la police, les éducateurs de rue. Affichant des objectifs clairs, évalué périodiquement.

Ce qui la remet en question.

  1. Pôle de la justice et de la justesse  chargé de simplifier les lois et les procédures de réparation, de réformer le droit du travail en fonction de l’évolution des activités dans la société qui s’édifie, de "Dé judiciarisant" un certain nombre de contentieux, de créer un contrat simplifié unique de travail  donnant  des garanties évolutives avec la durée passée sous contrat, de  rendre possible le partage entre plusieurs employeurs et de tout faire pour une véritable représentativité des salariés.
  2. Pôle des mutations à entreprendre pour faire face aux  défis climatiques,  énergétiques, écologiques, aux dictats de la finance etc…Programme massif de réduction des consommations d’énergie et de stimulation de l’économie non carbonée. Remettre à niveau des systèmes de fixation du coût du carbone et extension du périmètre des permis d’émission, à l’industrie aéronautique, aux transports terrestres, au secteur de la construction. Vers la production de sa propre énergie !
  • Pôle du  futur chargé des investissements à long terme et  de faire des économies d’échelle. Interdiction de l’obsolescence programmée Instituer un impôt à la source, progressif fusionné avec la C.S.G, une TVA écolo proportionnelle aux nuisances et un rééquilibrage des impôts locaux. 

Ce qui permet d’affronter l’incertitude.

  1. Les règles liées à l'Europe, à la mondialité, en charge des relations internationales. Chargé de rendre accessible les décrets, facilitant les échanges. Mettre la connaissance des critères de la diversité au cœur de la République (rapport au groupe, à la langue, au féminin, au collectif, au sacré, à la civilité, à l’autre, à la fraternité, au geste, à l’odeur, au temps,..).
  2. Pôle de la formation, de la culture  et des modalités du vivre ensemble. Eduquer à penser, ressentir et faire. Transmettre confiance, sens critique, goût du risque et art d’affronter l’imprévu. Autour d’un contenu partagé minimum, équilibré sur ce qui relève  du passé, du présent et du futur. Pour de futurs adultes capables d’assumer leur existence, de s’occuper  de leur santé et des générations futures, de travailler en réseaux, de faire la cuisine, de bricoler, d’improviser, et d’inventer dans un pays respectant toutes les croyances et faisant respecter un espace public neutre.  Instituer comme fondamentale la connaissance de ses talents et faiblesses pour mieux accueillir la différence des autres, et tout ce qui  réduit agacement et victimisation. Redonner du pouvoir aux équipes ayant des projets. Mettre à la portée de toutEs  un éventail des formes d’art à travers le temps et l’espace. Reconsidérer les jours fériés pour tenir compte de la mixité culturelle.
  3. 3.   Pôle de l’utilité publique et des biens communs. Revenir à des régies publiques de l’eau, l’électricité (facilitant la construction de réseaux alternatifs de distribution gérés par des groupes de citoyens), finances, santé, pharmacie humaine et animale, phytosanitaire, éducation, assurances contre  les risques de la vie, réseaux d’informations. Faire fonctionner les modalités de la gouvernance des biens communs à partir des personnes.

Vers un meilleur état d’esprit et une organisation interne satisfaisante

Nous pourrions ainsi

  • Utiliser les anciens au sein  d’un conseil des sages à définir.
  • Nous doter d’un dispositif d’évaluation  de ce qui ne va pas, associé à des propositions de transformations, qui ne puissent pas être contrecarrées par la première personne venue.
  • Instituer une réelle formation à la bienveillance constructive, cesser de nous empailler pour des questions d’alliances, nous doter de moyens de  trancher les désaccords.
  • Proposer un calendrier élaboré, sur une mandature législative, permettant de rencontrer 2 fois par an les forces préoccupées d’écologie de faire participer les personnes s’investissant occasionnellement.
  • Instituer des votes réguliers sur internet, ouverts à la société civile,
  • Reconstituer des groupes locaux centrés autour des prototypes des maisons de la Transmission bienveillante, chargés de promouvoir la résilience locale.
  • Créer un site des « bonnes » pratiques au plan mondial, organisé suivant les douze thèmes ci-joints qui pourraient être les axes de commissions interdépendantes et d’un futur gouvernement.
  • Instaurer des modes d’échanges trimestriels entre toutes les sensibilités, actant les accords, évaluant le poids des désaccords, élaborant les questions pour pouvoir trancher le plus démocratiquement possible avec un minimum de contestations, car on y aura mis le temps.
  • Sélectionner les futurs représentants désignés plus qu’autoproclamés sur sites spécifiques. Parité H/F et diversité. A priori un seul mandat par personne, avec reconversion à prendre en considération de façon prioritaire, en réclamant le reclassement des élus en fonctionnaires territoriaux au minimum. Néanmoins plutôt qu’être dans des règles mécaniques qui feraient fi de l’expérience cumulée, on pourrait imaginer un renouvellement des élus soumis à des votes à préciser.
  • Supervision des pratiques politiques, par un corps d’arbitres citoyens sélectionnés à partir de recommandations des associations et qui  serait reconnu comme le conseil  d’Etat.

Pour terminer quelques propositions pour des instances dirigeantes, respectant diversité et finitude.

Une première proposition possible serait de distinguer : Homme femmes, jeunes vieux, minorités et centres d’intérêts.

Idéalement, un organe de direction devrait être composé de moitié d’hommes et de femmes d’un tiers de moins de 30 ans, d’un tiers de gens entre 30 et 60 ans et d’un tiers de plus de 60 ans. D’un tiers de gens se reconnaissant comme manuels, d’un tiers se reconnaissant comme « artistes », d’un tiers  se reconnaissant comme intellectuels.  Ce qui fait une base de 54  personnes. Pour les minorités, chacune se reconnaissant comme telle devrait avoir une doublette de représentants avec voix de blocage sur des sujets à définir collectivement.

Calendrier pluri annuel soigneusement élaboré.

Création d’une instance qui fonctionnerait selon un principe de reconnaissance et de volontariat et des modalités à bâtir collectivement avec pour mission de réguler les tensions.

Ce qui est central, c'est d'instaurer un bon  état d'esprit.