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Antennes relais, le business de la discorde

Publié le 02 février 2017 par Delanopolis
Une tribune libre sur un sujet sensible proposée par un des fidèles lecteurs du Delanopolis ... Antennes relais, le business de la discorde
S'il y a un sujet qui divise les Parisiens, c’est celui de la nocivité des antennes relais. Les scientifiques n’ont pas une position commune, mais les Parisiens ont des doutes quant à aux effets sur la santé. Comme pour le climat, il y a les climato-sceptiques, le diesel les dieselo-sceptiques, comme il y avait les amianto-sceptiques et les sang-contaminé-sceptiques.

Ceux-là on ne pourra pas les convaincre. Mais il y a tous les autres et ils sont très inquiets.

Alors la Mairie de Paris, Hidalgo en tête, ont voulu les rassurer avec une "Charte de bonne conduite et de bons engagements des opérateurs". Mais il y a la face cachée, l’argent ! Et là, c’est le dérapage incontrôlé. La Mairie fait n’importe quoi pourvu que çà serve les intérêts des opérateurs et celui de ses finances. Une discorde profonde s’est installée entre la Mairie de Paris et les Parisiens et entre les Parisiens eux-mêmes au sein des immeubles. La santé est le moindre des soucis de ces « élites » !

L’argent, c’est le coté le plus opaque du sujet. Un opérateur doit louer l’emplacement sur lequel il installe ses antennes. Il doit payer cher car personne n’en veut sauf la Mairie de Paris et les cupides. Combien rapporte une antenne ? Emmaüs Habitat a récemment renoncé à louer ses terrasses par crainte pour la santé de ses locataires. Il a annoncé une perte de 90 000€ pour 9 sites. Comme à Paris, il y a plus de 3000 antennes, faites le calcul ! Tout d’abord on ne sait pas exactement le nombre d’antennes car sur le site paris.fr, on en trouverait moins de 1200. En 2012, Hidalgo en annonçait plus de 2700 dans sa charte. Donc opacité aussi quant au nombre d’installations ! Qui en profite, la Mairie de Paris avec son immense parc immobilier et c’est écrit dans la charte. Il y a aussi les privés, çà met du beurre dans les épinards ! Dans certaines copropriétés, çà peut couvrir 1/3 des charges annuelles. Et enfin, il y a l’Etat pour les ministères et autres bâtiments.

Comment est géré ce pactole : très très mal !

Au départ, il y a une charte lénifiante établie par Hidalgo et signée par les 4 opérateurs qui s’engageraient à ne pas exposer les Parisiens à des niveaux de champ électromagnétique supérieurs à 5 ou 7V/m. A comparer avec la directive européenne de 0.6V/m et la loi française de 41 et 61V/m. Non, il n’ y a pas d’erreur de frappe, ce sont les vraies valeurs limite !

Par un dossier justificatif, les opérateurs s’engagent à démontrer qu’ils tiennent leurs engagements. C’est très précis, ils doivent estimer par simulation mathématique les champs électriques auxquels seront soumis les appartements des étages supérieurs des immeubles dans un rayon de 100m. Cà parait compliqué au profane, mais l’ANFR (Agence Nationale des Fréquences Radio) l’a étudié finement il y a plus de 15 ans. Donc, on sait faire.

Pour s’installer, les opérateurs doivent avoir une autorisation de la Mairie sous forme d’un permis de construire. Très échaudés par l’affaire du sang contaminé (années 84-85) qui a causé des soucis aux politiques, ils ont su s’adapter. La ministre de la santé avait déclaré Responsable mais pas coupable ! La leçon a été comprise, ici, même pas responsable.

Pour y arriver, on scinde l’autorisation en 2 volets. Le permis de construire ne concerne que la conformité à l’urbanisme, comprendre les formes et les couleurs. La conformité du projet radio est examinée par l’ANFR. Elle se repose sur le dossier de l’opérateur. L’opérateur délègue à un bureau d’étude. Finalement le coupable sera le bureau d’étude mais ni les politiques, ni les opérateurs et le tour est joué.

Et qu’y a-t-il dans le dossier ? Rien qui fâche. C'est-à-dire que l’on va escamoter les points durs, quitte à sous-estimer la hauteur et même la présence des immeubles, ne pas fournir les simulations demandées … Chez un opérateur, on va même faire une déclaration de ses engagements en oubliant de mentionner la charte elle-même. Ce dossier bien ficelé devrait être publié, annoncé aux riverains comme le prévoit la charte. On le fait mais en période de vacances et on viendra installer un dimanche à l’aube quand tout le monde dort. On prévoit même un camouflage de l’antenne au prétexte d’une meilleure intégration dans le paysage. Ne nous y trompons pas, les fabricants de ces structures imitant une cheminée, une fenêtre,… les présentent comme des camouflages.

Donc avec un dossier bidon qui ne démontre pas que les exigences sont respectées, l’opérateur obtient son autorisation.

Comme le Parisien est un grincheux par nature, il peut porter réclamation. Celle-ci sera examinée en commission prévue dans la charte. Qui préside ? Monsieur Barjeton, celui qui est responsable de finances de la Ville. Qui est autour de la table ? La Mairie, l’opérateur et les associations qui osent encore s’opposer. Donc rejet assuré !

Cà rappelle Bernard Blier dans une réplique d’Audiard : " Mes amis, si vous avez des revendications à formuler, vous m’adressez une note écrite, je la mets au panier et on n’en parle plus ! Vous êtes bien d’accord ?"

Au fil des recherches, on va trouver par exemple :

• des antennes installées à moins de 50cm des fenêtres dans le 12ième, des antennes pointées sur les écoles dans le 9ième et le 15ième.
• des simulations de niveau de champ qui ne sont pas fournies et qu’il va falloir remplacer par des mesures dans les appartements.

Mais une fois que l’antenne est installée, il faut une décision de Justice pour l’en déloger donc du temps pendant lequel les riverains sont surexposés.
• des antennes qui ne sont pas déclarées et qu’il est difficile à repérer à cause des dispositifs de camouflage.

Tout se passe comme si cette charte n’était qu’un outil de communication de la Mairie de Paris, une énième promesse politique qui n’engage que ceux qui la lisent mais pas ceux qui l’ont signée.

Récemment, la Cour des Comptes a épinglé les dérives du plan numérique pour la France, souhaitons qu’elle se penche sur le dossier de la téléphonie mobile de la Mairie de Paris et que ses recommandations soient suivies d’effet. La Mairie nous prépare un scandale aussi grave que le sang contaminé et l’amiante, mais elle a pris la précaution de ne pas paraître responsable.

C’est un passage en force des opérateurs soutenus par la Mairie de Paris. On peut et on doit l’affronter mais dans certains cas on peut aussi entraver le processus. Par exemple, si votre immeuble est dans le champ de l’antenne et qu’il a une terrasse, disposez une haie vive avec une structure métallique mise à la terre, cela formera un écran aux ondes. C’est dissuasif pour un prédateur car cela atténue considérablement la propagation des ondes. Il lui faudra s’installer ailleurs ou s’orienter différemment. On ne peut rien vous reprocher puisque vous végétalisez et contribuez à la diversité biologique de la Ville. C’est très tendance !


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