La question peut sembler saugrenue, tant la pratique de l'exercice est une des mesures de base d'un mode de vie sain et tant les effets de la sédentarité sont néfastes pour la santé. Et pourtant...si l'on regarde précisément les effets de la pratique de l'exercice physique sur le poids corporel, alors la relation de cause à effet devient moins claire. Les chercheurs de l'Université Loyola (Chicago) se sont prêtés au jeu. Leur étude "macro-épidémiologique", présentée dans la revue PeerJ. apporte une version tout autre : non l'exercice n'est pas la clé du contrôle et de l'évolution du poids.
L'activité physique présente de nombreux avantages bien connus en matière de santé, allant de la réduction des risques de maladie cardiaque, de diabète et de cancer à l'amélioration de la santé mentale et de l'humeur. Les personnes physiquement actives ont tendance à être en meilleure santé et à vivre plus longtemps. Cependant si l'activité physique brûle des calories, elle augmente également l'appétit, et de nombreuses personnes vont compenser soit par un apport alimentaire plus important, soit par une moindre activité au cours de la journée. Si certains experts ont suggéré qu'une baisse de l'activité physique, surtout en raison du travail, est un facteur clé de l'épidémie d'obésité, cette étude de la Loyola, qui a mesuré objectivement l'activité physique de ses participants n'identifie pas de relation significative entre l'activité physique et l'évolution du poids.D'ailleurs l'analyse des données constate que ni l'activité physique ni le temps sédentaire ne sont clairement associés à l'évolution du poids corporel. En substance " l'activité physique peut ne pas protéger contre le gain de poids " , explique l'auteur principal, le Dr Lara R. Dugas, professeur de Santé publique à la Loyola Chicago Stritch School of Medicine. L'équipe a suivi des adultes âgés de 25 à 40 ans dans 5 pays, 874 hommes et 1.048 femmes : les États-Unis, le Ghana, l'Afrique du Sud, la Jamaïque et les Seychelles. Pour une mesure plus objective de l'activité, les participants ont été équipés d'accéléromètres pendant une semaine. Les chercheurs ont pris en compte le poids des participants, leur taille et leur graisse corporelle à 3 reprise, au début de l'étude, à 1 puis à 2 ans.
-A l'inclusion, les participants au Ghana avaient le poids moyen le plus faible (63 kilos pour les hommes et les femmes), les Américains le plus élevé (90 kilos pour les femmes, 92 pour les hommes).
-Les Ghanéens étaient aussi plus en forme que les Américains.
-76% des participants ghanéens respectaient les recommandations de pratique de l'exercice physique, vs seulement 44% des hommes américains et 20% des femmes américaines.
- Étonnamment, le gain de poids total dans chaque pays est plus élevé chez les participants qui respectent les directives d'activité physique (MPVA : Moderate to Vigorous Physical Activity). Par exemple, les hommes américains qui ont respecté les directives ont pris 450 g par an, les hommes américains qui n'ont pas respecté les recommandations ont perdu 200 g.
Les chercheurs n'identifient pas de relation significative entre le temps de sédentarité déclaré lors de la première visite de l'étude et le gain ou la perte de poids. Les seuls facteurs significativement associés au gain de poids sont le poids à la visite initiale, l'âge et le sexe.Peer J. January 19, 2017 Accelerometer-measured physical activity is not associated with two-year weight change in African-origin adults from five diverse populations
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