L’entreprise derrière Snapchat a transmis au gendarme boursier américain le formulaire nécessaire pour officialiser son entrée sur Wall Street.
Comme les rumeurs le laissaient entendre, ce sera à la Bourse de New York que Snap deviendra publique, suivant ainsi la tendance d’autres entreprises du secteur technologique, dont Alibaba et Twitter, de délaisser le NASDAQ au profit du NYSE.
Sous le symbole SNAP, la société s’est fixé pour objectif dans un premier temps de lever jusqu’à 3 milliards de dollars US pour atteindre une valorisation boursière située aux alentours de 20 à 25 milliards. À titre comparatif, Facebook s’est introduit sur le NASDAQ en 2012 avec une levée de 16 milliards pour une valorisation de 81 milliards; l’entrée en bourse de Twitter en 2013 était appuyée par 1,6 milliard d’investissements pour une cible de 11 milliards.
Avec un bassin d’utilisateurs actifs de 158 millions pour Snapchat, l’entrée en bourse de Snap arrive à un moment à la fois intéressant et inquiétant pour celle qui s’est récemment repositionnée comme une entreprise spécialisée en caméras.
Snapchat pourrait courtiser les influenceurs et célébrités selon une stratégie similaire à Instagram, Twitter et YouTube.
Mais tout n’est pas parfait au pays du fantôme sur fond jaune. En effet, Snap a peut-être enregistré des revenus qui sont passés de 58,7 millions de dollars US en 2015 à 404,5 millions en 2016, mais également d’importantes pertes qui ont augmenté de 372,9 millions en 2015 à 514,6 millions l’an dernier.
On ne peut pas accuser Snap de se cacher la tête dans le sable, comme le souligne The Verge. «Nous avons subi des pertes d’exploitation dans le passé, prévoyons encourir des pertes d’exploitation à l’avenir, et peut-être ne jamais atteindre ou maintenir la rentabilité», explique l’entreprise dans son document. Alors, ça vous donne le goût d’investir?
Difficile d’imaginer Snap parvenir a attirer facilement des investisseurs avec de pareilles déclarations. Il lui faudra alors miser sur sa forte croissance de revenus – qui pourrait atteindre le milliard dès l’an prochain selon la firme eMarketer – et le niveau d’engagement de ses utilisateurs – qui en moyenne consultent l’application 18 fois par jour pour une période de 25 à 30 minutes. On soupçonne d’ailleurs que Snap courtisera les influenceurs et célébrités pour les attirer sur Snapchat selon une stratégie similaire à Instagram, Twitter et YouTube.
Qui plus est, comme bien des entreprises du secteur technologique, Snap adoptera une structure d’actions de classe double en réservant le contrôle de son entreprise qu’à une poignée d’investisseurs parmi ses cadres. «Nos deux cofondateurs ont le contrôle de toutes les décisions des actionnaires puisqu’ils possèdent une majorité substantielle de nos actions avec droit de vote», ajoute Snap. Cette majorité, partagée entre Evan Spiegel (président-directeur général) et Bobby Murphy (directeur technique), est fixée à 88,6%.
Enfin, Spiegel aura également droit à un bonus de 3% d’actions une fois que l’entreprise aura terminé son introduction en bourse, selon Recode. Les parts du PDG passeraient ainsi de 22 à 25%, et si Snap parvient à atteindre une évaluation de 25 milliards de dollars US, Spiegel se retrouverait ainsi avec une participation d’une valeur de 6,25 milliards.