Pour une Europe Fédérale

Publié le 03 février 2017 par Mauss

Comment se fait-il que pratiquement tous les partis politiques ne donnent à l'avenir européen qu'une portion congrue ? Répondre que la cause de la chose est simplement l'évolution lourdement administrative de Bruxelles et ce besoin incessant de "normer" toutes choses, c'est un peu court.

Certes, la structure même des prises de décision avec cette règle stupide de l'unanimité est l'outil majeur de cette déviance par rapport aux idéaux des Hommes de la CECA et du Marché Commun.

Dans le contexte actuel de ce qu'on nomme la mondialisation, il devient particulièrement urgent de remettre tout à plat et le nouveau gouvernement de Washington avec sa nouvelle copine briton nous met sur un plateau d'argent tous les motifs pour réagir en force, célérité et surtout l'enthousiasme sans lequel les populations ne pourront adhérer.

Regardons un peu les faits !

Plusieurs générations européennes, grâce au plan ERASMUS, ont pu parcourir les universités espagnoles, françaises, allemandes, italiennes, anglaises et découvrir ainsi d'autres modes de vie, d'autres façons de penser, d'agir, de réfléchir mais sans jamais perdre de vue le socle historique de vingt siècles d'histoire et de culture.

Ces générations n'ont pas vraiment d'état d'âme nationaliste cherchant refuge auprès des partis populistes et se sentent toujours européennes en visitant Berlin, Florence, Barcelone, Amsterdam, Bruxelles, Strasbourg et autres grandes cités de notre continent.

Certes, l'Albion de Wellington a réussi à imposer sa langue native alors même que la France de Talleyrand avait réussi à dicter sa loi à Vienne. Mais bon : on ne va pas en faire un fromage et lucidement, on va mettre cette harmonie linguistique dans le compte Pertes & Profits.

Il faut revenir au concept de départ des 6. Inscrire les institutions sociales, économiques, culturelles des pays fondateurs sur un socle béton à partir duquel, naturellement, bien des spécificités nationales pourront continuer à agrémenter cette diversité fabuleuse qu'est notre Europe des 6. Il y a suffisamment de vues communes, de façons d'opérer et de gérer la société pour que cette nouvelle approche du futur puisse trouver une réalité évidente.

Naturellement, les autres pays constituant actuellement l'Union Européenne pourront rester associés dans un concept de libre-échange avec toujours une possibilité d'aller plus loin vers l'intégration des 6 dont ils devront accepter les règles et institutions.

Qu'on l'accepte ou pas, c'est en Europe que se sont construites les notions fondamentales de liberté et d'égalité. Nulle part ailleurs sur cette planète, on ne trouve de concepts de vie en société plus aboutis. Cela en chagrine plus d'un, c'est évident, mais ce n'est surtout pas une raison pour qu'on se flagelle et se sente coupable de tous les malheurs du monde.

Il est évident pour tous que cette construction européenne des Schumann, Adenauer, de Gaulle, de Gasperi et autres Monnet a un lourd passif de guerres de religion ou nationalistes. Mais justement, cela devrait tellement servir d'exemples à ne pas suivre dans tant de régions du monde où ce type de combat perdure. L'exemplarité ne fonctionne pas : de savants historiens-sociologues sauront nous dire doctement pourquoi.

Comment accepter le fait que nos politiques ne ressentent point ce besoin de réelle rupture avec des systèmes qui sont à bout de souffle ? Pourquoi croient-ils que les populations ne comprendraient pas cette nécessité de tout remettre à plat ?

Restons lucides : il est évident que l'idée d'une véritable Europe Fédérale, à limiter aux 6 du départ, est bien loin de tous les programmes insipides qu'on nous présente. Il faudra des décennies pour qu'enfin émergent quelques pointures qui sauront tenir le discours à marteler, à influer un nouvel esprit d'en-avant pour susciter enfin, en masse, ce besoin ardent de dépasser les petites frontières façonnées par l'Histoire pour enfin se mettre au diapason des entités asiatiques, américaines et autres.

Devenir le musée du monde, c'est mourir à petit feu, c'est avoir choisi la peau de chagrin, c'est réduire l'européen à une dimension mineure, si loin des grands noms qui ont osé : de Galilée à Descartes, de Charlemagne à Charles-Quint, de Molière à Goethe, d'Einstein à Machiavel, de Manet à Raphaël, de Bach à Ravel.

A tous les anciens d'Erasmus de remuer un peu ce magma insipide de nos politiques et de montrer à quel point cette notion de frontières nationales se doit de rentrer dans les livres d'histoire mais ne peut plus être la base de l'évolution telle que le monde la dessine actuellement.

ET LE VIN DANS TOUT ÇA ?

Voilà bien un domaine économique où tant de choses à faire sont possibles ! A commencer par une réelle liberté de circulation des vins, lourdement bloquée de nos jours par une paperasserie inutile, vexatoire, douanière d'un autre temps.

Mais bon, c'est là un sujet qui demandera un billet à part tant il y a de procédures à modifier en la matière !