Je sais que le monde ne tourne pas rond. Je ne vis pas dans ma bulle, surtout quand je vois ces particules blanches restées collées aux vitres de l'Institut, qui pourraient laisser croire qu'il s'agit de la neige.
J'entends ce qu'il passe ici et ailleurs, ce qu'il arrive quand tu es noir, pauvre, femme, homosexuel,enfant, musulman, chrétien ou juif.
Je vois que certaines mamans à l'école n'ont plus toutes leurs dents, et que leurs enfants ont déjà gâté les leurs, les "petites" avant de voir les "vraies" rongées par la noirceur. Je vois ces chaussures éventrées. Je sens aussi. Alors je donne et appelle mon petit Blond au partage, à la tolérance, à l'amitié.
Pourtant parfois je défaille. Je me sens submersible.
Un enfant a perdu subitement sa Maman juste avant Noël. Il habite en face de ma rue. Je l'ai entendu hier pleurer dans un cri de douleur "Et mon Papa il s'occupe de nous tout seul; Je veux Maman."
Je ne suis pas armée. J'ai ce cri en tête, autant que j'ai celui de mes Blonds sortis de mon ventre. C'est très lourd dans mon coeur. Il y a des chagrins qui ne sont pas des évidences.
Je ne sais pas pourquoi je viens poser ces mots ici. Mais j'ai peut-être un peu dans l'espoir d'alléger un peu ce poids que l'humanité me fait porter parfois, me rendant impuissante et par la même aussi (un peu) responsable.