La porte du ciel de Dominique Fortier {52}
Publié le 02 février 2017 par Enigma
La porte du ciel de Dominique Fortier {52}
Alors que la Guerre de Sécession fait rage, deux fillettes que tout oppose, deux destins, vont se croiser.
Au cœur de la Louisiane et de ses plantations de coton, deux fillettes grandissent ensemble. Tout les oppose. Eleanor est blanche, fille de médecin ; Eve est mulâtre, fille d'esclave. Elles sont l'ombre l'une de l'autre, soumises à un destin qu'aucune des deux n'a choisi. Dans leur vie, il y aura des murmures, des désirs interdits, des chemins de traverse. Tout près, surtout, il y aura la clameur d'une guerre où des hommes affrontent leurs frères sous deux bannières étoilées.
Louisiane, XIXe siècle, peu de temps avant la guerre de sécession (1861-1865). La porte du ciel, est tout d'abord la rencontre entre deux fillettes. D'un côté, Eleanor McCoy, aussi blanche que le lait et fille de médecin, de l'autre, Eve, brune comme le thé et fille d'esclave.
La famille McCoy va recueillir Eve, qui n'a pour seul vêtement qu'un sac de farine. En lui donnant un bain dès son arrivée, ils découvrent avec stupeur que l'enfant est d'un brun très clair, Eve est donc une mulâtresse (métisse).
Les deux fillettes vont jouer et grandir ensemble jusqu'à l'âge adulte où nous les retrouvons prisonnières des conditions sociales et raciales de l'époque. Eleanor s'est mariée jeune auprès d'un homme qu'elle n'aime pas. En quittant sa famille, elle a exigé qu'Eve l'accompagne. Cette dernière n'a pas une meilleure vie puisqu'elle est prisonnière de son statut particulier, celui d'esclave libéré mais pas pour autant l'égal d'une personne blanche.
Si vous recherchez un pur roman historique sur la guerre de sécession, il serait préférable pour vous de passer votre chemin, car ce n'est pas l'enjeu de ce livre. L'intérêt de ce roman est de dénoncer les inégalités raciales en Amérique qui existent encore bel et bien actuellement et pour cela, Dominique Fortier emploie un rythme vraiment particulier pour son roman avec une alternance de narrations et de temporalités, allant jusqu'au XXIe siècle.
Écrit d'une manière très poétique, rappelant quelque peu le conte, La porte du ciel aborde, par exemple, l'esclavage ou la montée du KKK mais également et surtout l'envie de liberté, à la fois pour les personnes de couleurs, à travers le personnage d'Eve ou encore celui de June, sa mère esclave, mais également à travers les femmes blanches et les conditions féminines de l'époque.
Un autre point important qui rend ce roman original est sa construction sous forme de patchwork. L'auteur découpe son roman en " morceaux " qu'elle laisse en suspens pour nous les présenter plus tard afin de former un assemblement final.
Le seul bémol pour moi a été le manque d'approfondissement psychologique des personnages, nous ne connaissons à aucun moment les " sentiments " de nos personnages, ce qui peut s'avérer frustrant.
J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une rencontre avec l'auteure, qui n'a malheureusement pas pu venir. À la place, nous avons fait la connaissance de Caroline Laurent, directrice littéraire du domaine français des éditions Les Escales le mercredi 11 janvier 2017. Caroline Laurent est une femme passionnante à écouter !
Lors de cette rencontre, cette jeune directrice éditoriale a pu évoquer dans une première partie sa rencontre avec Dominique Fortier et pourquoi elle a aimé ce roman. Elle a également parlé du choix de cette couverture hypnotisante, qui a beaucoup plu aux lecteurs présents lors de cette rencontre.
Enfin, elle a évoqué le métier d'éditrice et la création de la collection " domaine français " qui sortira environ 1 roman par mois, ce qui permettra une meilleure valorisation de leurs ouvrages. J'ai déjà repéré La femme qui ment d'Hervé Bel qui sera publié en octobre 2017 !
Publié dans Tagué littérature contemporaine, amérique, conditions féminines, esclavage, guerre de sécession, littérature canadienne partenariat