A juste raison, les opposants au Traité de Lisbonne et au TCE ont fait remarquer que l'Europe doit être rejetée car elle confère à des politiques néo-libérales une
portée constitutionnelle. Quelle que soit en réalité la couleur du Parlement européen, le régime unique c'est libre échange aveugle, inflation à 2% et déficit à moins de 3%, assaisonné de réformes
structurelles. Point barre.
C'est évidemment inacceptable et c'est ce qui conduisit Pierre Mendès-France à rejeter le Traité de Rome (comme quoi pas grand chose n'a avancé dans ce désastreux projet).
Quelques commentaires chez Laurent Guerby m'incitent à aller plus loin en ce sens. Car, en réalité, c'est
toute législation européenne, constitutionnelle ou pas, qui est automatiquement "gravée dans le marbre", au sens où elle est à peu de choses prés irréversible.
Lisons-le, qui répond à un de ses lecteurs qui estimait que l'Europe n'était pas moins démocratique dans son fonctionnement que les Etats-Unis. Réponse de Laurent Guerby donc :
...la base de la démocratie c'est de changer ceux qui ont le pouvoir de définir l'orientation politique par un vote direct et périodique. Cette base n'est pas présente en Europe et c'est ce que
font remarquer les observateurs étrangers (et pas seulement USA). Les mécanismes de changement sont trop indirects au vu des pouvoirs considérables actuels de ces institutions et ce manque n'a pas
d'equivalent dans les autres pays démocratiques. De même les directives prouvées mauvaises ne sont jamais corrigée à cause du deficit d'initiative.
Une exemple que je connais bien : qui définit la politique européenne dans le domaine de la propriété intellectuelle avec presque une directive par an depuis plus d'une decennie ? Réponse : les
multinationales USA qui n'ont qu'un commissaire et une douzaine de parlementaires (commission JURI) à persuader pour imposer leurs souhaits à 500 millions de citoyens européens, facile et pas
cher.
Et surtout il aurait été totalement impossible d'imposer cela sur la durée si c'étaient les parlements nationaux qui avaient gardé leurs compétences, peut-être quelques pays auraient cédé
temporairement mais avec quelques scandales et élections tout serait revenu dans l'ordre rapidement. Dans le carcan actuel je peux voter autant que je veux, il faudra plusieurs décennies pour
inverser la vapeur.
Et le TCE / Lisbonne étendent les pouvoirs de la codécision sans aucune contrepartie démocratique (à part des hochets ridicules), ce n'est absolument pas raisonnable.
Sur les lobbies américains à Bruxelles, on peut se référer à ma note sur le livre de Florence Autret, l'Amérique à Bruxelles.
Voilà. On peut trouver l'idée européenne parfaitement louable, souhaiter une entente parfaite et absolue entre les peuples blancs qui puisent une profonde sagesse dans leurs racines chrétiennes
millénaires, sans pour autant cautionner plus longtemps cette machine à produire des textes en faveur des grands groupes.
Il n'y a donc pas qu'un traité qui grave dans le marbre certaines politiques, ce sont en réalité la plupart des décisions communautaires qui sont insérées dans un emballage marmoréen. Il faut en
finir avec l'Union européenne.