Cette phrase, on la dit souvent. Elle sert aussi à se «justifier». Besoin d'un exemple? «Je n'ai pas le temps d'aller au gym.», «Prendre du temps pour moi? Je n'ai pas le temps avec tout ce que j'ai à faire!», « Je n'ai pas lu un livre depuis des années, je n'ai pas le temps pour ça!», etc. Vous voyez le genre?
Au fond, quand on s'entend dire «Je n'ai pas le temps», il faut réaliser qu'en fait «Je ne prends pas le temps». Ce n'est pas la même chose. Parce que notre banque de temps (ou notre «budget temps» comme on en a déjà parlé) , même si elle est maigre maigre maigre, on a le choix de l'aménager comme on veut. Chaque fois qu'on utilise le temps comme «excuse» pour avouer ne pas faire telle ou telle chose, on a un indicateur qu'on aime cette activité et qu'on souhaiterait la faire plus souvent. Autrement, on ne dirait pas qu'on n'a pas le temps, on déclarerait simplement qu'on n'aime pas la pratiquer. Je n'ai aucun problème à dire «Je ne fais pas de jogging, je n'aime pas ça», mais je sourcille en m'entendant dire «Je n'ai pas le temps de faire du yoga». Parce que j'aime en faire, pour vrai.
Évidemment, dire «Je ne prends pas le temps de...» ne règle pas tous les problèmes d'un coup. Ce serait trop beau. Mais c'est tout de même une mini-amorce en vue d'un changement. On en profite pour examiner ce qu'on pourrait tasser pour retrouver du temps pour ce qui compte vraiment. Il est toujours mieux de ne pas escompter pouvoir avoir une semaine totalement libre (dans six mois, genre!) pour enfin se plonger dans les huit romans qui trônent sur notre table de chevet. Un simple 10 minutes par jour serait bien plus satisfaisant. On vivrait un petit plaisir au quotidien au lieu d'attendre/espérer/projeter/fantasmer sur un potentiel plus gros plaisir en différé...
Pas convaincu? Il parait que le temps passé sur les réseaux sociaux nous empêcherait de lire 200 livres par an. Fou, non? Et dire qu'on dit qu'on n'a pas le temps...